Quitta l'onde plus tempérée. Le diable, content de lui-même, Leur escamoter un carême, Pour se divertir en passant. Le calme rétabli sur l'onde, Mon curé, selon son serment, Pour voir comment alloit le monde, S'embarque sans retardement, S'étant bien lesté la bedaine De quatre tranches de jambon: Fait digne de réflexion; Car de la sainte quarantaine Déja la cinquieme semaine Venoit de commencer son cours. Il vient; il trouve avec surprise Que dans l'empire de l'église Pâque revenoit dans dix jours: << Dieu soit loué! prenons courage, << Dit-il enfonçant son castor; « Grace au Seigneur notre voyage << Se trouve fait à temps encor « Pour pouvoir, dans mon hermitage, << Fêter Pâque selon l'usage ». Content il rentre sur son bord, Après avoir fait ses emplettes Et d'almanachs et de lunettes. il arrive à bon port Il part, Dans ses solitaires retraites. Le lendemain, jour des rameaux, La date de notre carême: <«< Mais, poursuit-il, j'ai mon systême, << Mes freres, nous n'y perdrons rien, « Et nous le rattraperons bien: « D'abord, avant notre abstinence, « Pour garder l'usage ancien, « Et bien remplir toute observance, « Le mardi-gras sera mardi; « Le jour des cendres, mercredi; << Suivront trois jours de pénitence, <<< Dans toute l'isle on jeûnera; << Et dimanche, unis à l'église, << Sans plus craindre aucune méprise, « Nous chanterons l'Alleluia. » LE LUTRIN VIVANT. A M. L'ABBÉ DE SEGONZAC. DE mes écrits aimable confident, Je m'en souviens, lorsqu'un sort plus charmant Aux champs heureux dont Tours est l'ornement, Je te promis qu'au temple de mémoire Dont je t'appris la naissance et la gloire. |