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REVUE

DE PARIS

XXV

IMPRIMERIE DE H. FOURNIER ET CIE. RUE SAINT-BENOIT, 7.

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Hierseman

2-14-2 17800

FERNANDE.

IX.'

Avant l'intimité qui venait de se former entre Fernande et Maurice, ils avaient tous deux ignoré cette vie du cœur, qui seule donne aux passions leur force et leur durée; mais à la première révélation de cette existence ignorée jusqu'alors, Maurice avait vu fuir toutes les illusions de sa vie conjugale. Clotilde était jolie, Clotilde était même belle, plus belle que Fernande peut-être, mais de cette beauté froide qui ne s'anime jamais ni du rayon de l'enthousiasme, ni des larmes de la pitié. Le bonheur de Maurice avec Clotilde était un bonheur calme, uniforme, négatif; c'était l'absence de la douleur plutôt que la présence de la joie. Le sourire de Clotilde était charmant, mais c'était toujours le même sourire; c'était son sourire du matin, c'était son sourire du soir, c'était le sourire dont elle accompagnait le départ de Maurice et dont elle saluait son retour. Clotilde enfin semblait une de ces belles fleurs artificielles comme on en voit dans les ateliers de Batton et de Nattier, toujours fraîches, toujours jolies, mais ayant dans leur fraîcheur éternelle et dans leur beauté sans fin quelque chose d'inanimé qui dénonce l'absence de la vie.

Maurice avait épousé Clotilde à seize ans, et s'était dit à lui-même :

(1) Voyez les livraisons des 17, 24 et 31 décembre 1843.

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