que nous avions tant refolu d'éviter : Ah! Relevons-nous & fortons en pour jamais; implorons la mifericorde de Dieu, efperons qu'elle nous foutiendra à l'avenir, & rentrons dans la voye'de l'humilité Courage, Dieu nous aidera, nous ferons quelque chofe de bon. C'est donc, fur la fuavité de cette douce correction, que je voudrois établir folidement la refolution de ne plus faire la même faute, prenant d'ailleurs les moyens convenables à cette intention, & principalement l'avis de mon Dires tear. Cependant fi quelqu'un ne trouve pas fon cœur affez fenfible à cette douce reprimande; il faut y employer des reproches plus vifs & une reprehenfion plus dure & plus forte, pour le penetrer d'une profonde confufion de foi-même : Pourvû qu'aprés l'avoir traité avec aigreur, l'on tâche de le foulager par une fainte & fuave confiance en Dieu à l'imitation de ce grand Penitent, qui seniant fon ame affligée, la confoloit en cette maniere: Pourquoi es tu trifte, ô mon ame & pourquoi me trouble-tu ? Efpere en Dien, car je le benirai encore: vous êtes ê mon Dien, le falut qui paroit toûjours certain mes yeux: Vous êtes mon Dieu. વે , Relevez-vous donc de vos chûtes, avec une grande fuavité de cœur Vous humiliant beaucoup devant Dieu, par l'aveu de vôtre mifere; mais fans vous étonner de vostre faute: Car quel fujet Y a-t-il de s'étonner que l'infirmité foit infirme, & la foiblesse foible, & la misere miferable; Déteftez néanmoins de toutes vos forces l'injure que vous avez faite à la divine Majefté; & puis avec une grande & courageufe confiance en fa mifericorde rentrez dans les voyes de la vertu que vous aviez quittées. CHAPITRE X. Qu'il faut s'appliquer aux affaires avec beaucoup de foin, mais fans inquietude ni empreffement. Ilya bien de es L y a bien de la difference entre le foin des affaires, & l'inquietude, entre la diligence & l'empreffement. Les Anges procurent noftre falut avec autant de foin & de diligence qu'ils peuvent, parce que cela convient à leur charité, & n'eft pas incompatible avec la tranquillité & la paix de leur bien heureux état: Mais comme l'empreflement & l'inquietude feroient entierement contraires à leur felicité, ils n'en ont jamais pour nôtre falut, quelque grand que foit leur zéle. Prenez donc, Philotée le foin des affaires que Dieu vous met entre les mains; car Dieu qui vous les a confiées, veut que vous y apportiez toute la diligence néceffaire: Mais n'en prenez jamais, s'il eft poffible, la chaleur & l'inquietude; car toute forte d'empreffement trouble la raison, & nous empêche de bien faire la chofe même, pour laquelle nous nous empreffons. Quand nôtre Seigneur reprit fainte Marthe, il lui dit: Marthe Marthe vous vous inquiéte,& vous vous trouble pour beaucoup de chofes, Philothée, prenez bien garde à cela: fi elle n'eût eu qu'un foin raifonnable, elle ne fe fût pas troublée : : Mais parce qu'elle s'inquiétoit beaucoup, elle fe troubla, & c'eft dequoi Nôtre Seigneur la blâma Les fleuves qui roulent doucement & également leurs eaux à travers les campagnes, portent de grands bateaux & de riches marchandifes ; & les pluyes. douces & moderées donnent la fecondiféà la Terre: Au lieu que les torrens & les Rivieres rapides qui a grands flots Les Mouches ne nous importunent que par leur multitude, & non pas par leur effort: Et les grandes affaires ne nous troublent pas tant', que le nombre des petites. Prenez donc les affaires avec une douce tranquilité d'efprit comme elles viendront, & appliquezvous y felon l'ordre qu'elles fe prefentent: Gar fi vous voulez faire tout en même 1 même-tems & dans la confufion, vous ferez de grands efforts d'efprit qui vous confumeront ; & vous n'en verrez pas ordinairement d'autres effets, que l'accablement fous lequel vous fuccombe rez. En toutes vos affaires, appuyez-vous uniquement fous la divine Providence, qui feul les peut faire reüffir Agiffez cependant de votre côté avec une raifonnable application de vôtre prudence, pour y travailler fous fa conduite: Aprés cela, croyez que fi vous avez une vraye confiance en Dieu, le fuccez en fera toujours heureux pour vous; foit qu'il paroiffe bon ou mauvais, au jugement de voftre prudence. Dans le maniement & dans l'acquifition du bien, imitez les petits enfans, qui fe tenant d'une main à leur Pere, fe divertiffent à cueillir de l'autre quel. ques fruits, ou quelques fleurs : Je veux dire qu'il faut vous y conferver dans une continuelle dépendance de la. protection de voftre Pere celefte, confiderant bien qu'il vous y tient par la main,comme parle l'Ecriture; pour vous conduire heureufement ; & tournant les yeux de tems en tems vers lui, pour obferver fi vos occupations lui L |