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defirerez d'y demeurer toûjours ; & vous aurez un grand soin de vous y établir. Mais fi vous vous aimez pour le Ciel, vous defirerez de quitter la terte du moins vous aquiefcerez aifément à la quitter, quand il plaira à Nôtre-Seigneur.

2. Reglez-vous bien cet amour de vous-même Car il n'y a que l'amour defordonné de nous-mêmes qui nous ruine. Or l'amour reglé veut que nous aimions plus l'ame que le corps; que nous ayons plus de foin d'aquerir les vertus, que toute autre chofe ; & que nous eftimions beaucoup plus la gloire éternelle, que l'honneur mondain & periffable. Un cœur reglé dit plus fouvent en foi-même: Que diront les Anges, fi je pense à telle chofe? Qu'il ne dit: Que diront les hommes ?

Quel amour avez-vous pour vôtre propre cœur?Ne vous fâchez-vous point de le fervir en fes maladies? Hélas! Vous lui, devez ce foin, quand fes paffions le tourmentent; il faut laiffer tou Les choses pour cela, & lui procurer encore les foins charitables des autres. 4. Que vous estimez vous devant Dieu ? Rien fans doute. Or vous ne

devez pas vous en croire plus humble,

que li vous jugiez qu'une mouche n'eft G rien au prix d'une montagne, ou une goutte d'eau, en comparaifon de la mer; ou une éteincelle de feu, en la prefence du Soleil Mais l'humilité confifte à ne pas vous preferer aux autres,& ne pas vouloir qu'on vous donne cette preference. Où en êtes-vous fur cela ;

5. A l'égard de vôtre langue, ne vous ventez-vous point, ou d'une maniere, ou d'une autre? Ne vous flattez- vous point en parlant de vous ?

6. Quant aux œuvres, ne prenezvous point de plaifir contraire à vôtre fanté Je veux dire, de plaisirs vains inutiles pouffés trop avant dans la nuit, &c.

CHAPITRE

VI

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Examen de l'Etat de l'ame à l'égard du Prochain.

L faut bien aimer un mari, & une femme, d'un amour doux & tranquille, ferme & continuel; & que ce foit parce que Dieu l'ordonne ainfi. J'en dis de même des enfans, des proches

parents, & des amis, felon le degré de liailon que l'on a avec eux.

Mais pour parler en general quel

eft vôtre cœur à l'endroit du Prochain? L'aimez-vous bien fincerement,& pour l'amour de Dieu ? Pour bien en juger, reprefentez vous quelques gens déplaifans, ennuyeux, & d'une mal-propreté dégoûtante. D'autant que c'eft là où fe trouve l'amour de Dieu pour le Prochain; & beaucoup plus, quand on traite bien ceux qui nous ont offenlé par leurs actions, ou par leurs paroles. Examinez fi vôtre cœur n'a rien contre eux, & s'il ne fent pas une grande repugnance à les aimer,

N'êtes-vous point facile à parler du Prochain defavantageufement, & fur tout de ceux qui ne vous aiment pas Ne nuifez vous à perfonne, ou directement, ou indirectement ? Pour peu que vous foyez raifonnable vous vous en apercevrez facilement.

CHAPITRE

VII.

Examen de l'état de l'Ame fur Jes paffions.

'Ai étendu les points de cet examen, qui ne confifte qu'à connoître le progrès qu'on a fait dans la vie fpirituelle. Car l'examen des pechez regarde la confeffion de ceux qui ne penfent point à s'y avancer. Il ne faut cependant s'ob'ferver fur un chacun de ces articles, qu'avec une douce aplication à confiderer l'état du cœur, & les fautes notables qu'on a pû commettre.

Mais pour abreger le tout, reduifons cet exercice à l'examen de nos paffions; & confiderons feulement ce que nous avons été; & comment nous nous fommes conduit far les articles fuivans.

Dans nôtre amour envers Dieu, envers le prochain,envers nous-mêmes.

En nôtre haine à l'égard de nos pechez, & ceux des autres. Car nous devons delirer leur amandement, comme le nôtre.

En nos defirs à l'égard des richeffes des plaisirs & des honneurs.

Dans la crainte des dangers de pecher, & de perdre les biens de cette vie : On craint trop l'un & trop peu l'autre.

Dans l'efperance trop établie peutêtre fur le monde, & fur les creatures trop peu fur Dieu, & fur les chofes éternelles.

Dans la trifteffe ; fi elle eft exceffive, & pour des chofes vaines & frivoles. Dans la joye; fi elle eft exceffive, & pour des chofes qui ne le merite pas.

Car

Enfin obfervons quelles affections embarrassent nôtre cœur ; quelles paffions le poffedent ; & en quoi principalement il s'eft déreglé. Par les paffions de l'ame on en reconnoît l'état. comme un joueur de Luth en pince toutes les cordes, pour tâcher d'accorder celles qu'il trouve diffonantes, ou en les tirant, ou en les lâchant: De même fi après avoir obfervé toutes nos paffions,nous les trouvons peu conformes aux defirs que nous avons de glorifier Dieu; nous pourrons les y ajufter avec la grace de Dieu, & le fecours de nôtre Pere Spirituel,

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