d'une part, & quelle confolation de

l'autre.

6. Ecoutez avec attention la fentence formidable que le fouverain Juge prononcera contre les méchans. Allez maudits, au fen éternel ; qui a été preparé an Diable, & aux Anges, fes festatears. Pelez bien ces paroles dont le poids les accablera tous. Allez Ce feul mot nous marque l'abandonnement univerfel que Dieu fera de fa creature, en la chaffant de fa présence, & ne la comptant plus au nombre de celles qui lui appartiennent. Allez mandits: O mon ame, quelle malediction que celle-ci ! Elle est universelle; car elle comprend tous les maux: elle eft irrévocable; car elle comprend tous les tems, & toute l'éternité. Allez maudits au feu éternel Reprefente-toi ô

mon ame cette funefte Eternité! O Eternité des peines éternelles, que tu es effroyable!

7. Ecoutez auffi la fentence, qui décidera de l'heureux fort des bons: Vene dira le Juge; Ah ! C'eft la douce parole da falut, par laquelle noftre Sauveur nous appellera à lui, pour nous recevoir avec bonté entre fes bras. Venez, les benis de mon Pere; O aima

ble & pretieufe benediction, qui comprend univerfellement toutes les benedictions Poffedez le Royaume qui vous eft préparé dès la creation du monde : 0 Dieu quelle grace! Car ce Royaume n'aura jamais de fin.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS.

1. Laiffe-toi, mon ame, penetrer de crainte par le feul fouvenir de cette fatale journée : O Dieu ! quelle feureté y aura t-il pour toi, puifque les colomnes mêmes du Ciel trembleront de frayeur ?

2. Detefte tes pechez, il n'y a que cela qui puiffe alors re perdre. Ah! Juge-toi mainteuant toi-même pour n'être pas jugée en ce tems-là. Oüi.je veux faire comme il faut la difcuffion de toute ma conscience, m'accufer, me condamner, me juger, me corriger; afin que le Juge ne me condamne pas en ce redoutable jour. Je me confefferai done, j'accepterai les avis neceffaires, &c.

CONCLUSION.

1. Remerciez Dieu qui vous a don né le temps & les moyens de prendre vos feuretez , par l'usage de la penitence

2. Offrez-lui vostre cœur pour en faire, de dignes fruits.

3. Demandez-lui en la grace. Pater,

Ave.

CHAPITRE XV.

Méditation de l'Enfer.

PREPARATIONJ.

1. Mettez-vous en la prefence de Dien. 2. Humiliez-vous, en lui demandant fa grace. 3. Reprefentez-vous une Ville couverte de tenebres, toute ardente d'un feu de fonphre &de peix, qui exhalent une horrible vapeur, & pleine d'habitans defefperés qui ne peuvent ni en fortir, ni y mourir.

1.

CONSIDERATIONS.

L

Es damnez font dans l'abîme infernal, comme ces Citoyens infortunez dans cette affreufe Ville. Ils y fouffrent des tourmens qu'on ne peut expliquer, dans tous leurs fèns, & en tout leur corps: Car comme ils ont employé à pecher tout ce qui étoit en eux; ils endureton auffi dans tout ce qu'ils

font, les peines dûës au peché: Ainsi les yeux fouffriront pour leurs regards criminels, la vûë des démons en mille formes hideufes, & la vûë de tout l'Enfer: L'on n'entendra que pleurs,lamentations, defefpoir, blafphemes, & difcours diaboliques, ce qui fera un tourment (pecial pour punir les pechez commis par le fens de l'ouie, & il faut dire la même chose des autres fens.

2. Outre tous ces tourmens il cn y 9 a un beaucoup plus grand: c'eft la pri vation & la perte de la gloire de Dieu, qu'ils ne verront jamais. Quelque douce que fût la vie d'Abfalon dans Jerufalem, il protefta que le malheur de ne pas voir fon cher Pere depuis deux ans, lui étoit plus intolerable, que ne lui avoient été toutes les peines de fon exil. O mon Dieu! Quelle peine ferace donc, & quel regret d'être éternellement privé de vôtre vûë & de vostre a

mour.

3. Confiderez fur tout l'Eternité, laquelle toute feule rend l'Enfer infupportable. Hélas! i la chaleur d'une petite fiévre nous rend une courte nuit fort longue & ennuyeufe: que fera donc l'épouvantable nuit de l'Enfer, où l'Eternité et jointe à l'excés de

Ja douleur ? Et de cette Eternité naiffent le defefpoir éternel, des blafphêmes exeerables, & des rages infinies.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS.

Tâchez de jetter la frayeur dans vôtre ame, en lui failant cette queftion du Prophete faie. O mon ame, pourroisru vivre éternellement au milieu de ce feu dévorant, & habiter avec les ardeurs éternelles Veux-tu bien quitter ton

Dieu pour jamais ?

Confeffez que vous avez merité ces horribles châtimens ; mais combien de fois ? O defermais je veux prendre le bon parti, & marcher par une autre voye que je n'ai fait: Pourquoi me précipiter dans. cet abîme de miferes ?

Je ferai donc tel & tel effort pour éviter le peché,qui feul peut me caufer la mort éternelle..

CONCLUSION..

Remerciez, &c. offrez, &c. Priez,&c..

Pater; Ave: