ORONTE. Mais, mon petit monsieur, prenez-le un peu moins haut. ALCESTE. Ma foi, mon grand monsieur, je le prends comme il faut. PHILINTE se mettant entre deux. Hé, messieurs, c'en est trop. Laissez cela, de grace. ORONTE. Ah! j'ai tort, je l'avoue, et je quitte la place. ALCESTE. Etmoi je suis, monsieur, votre humble serviteur. SCENE III. PHILINTE, ALCESTE. , PHILINTE. Hê bien vous le voyez. Pour être trop sincère 2 Ah, parbleu! c'en est trop. Ne suivez point mes pas.. PHIJINTE. Vous vous moquez de moi, je ne vous quitte pas.. ACTE SECOND. SCENE I. ALCESTE, CÉLIMÈNE. ALCESTE.. MADAME, voulez-vous que je vous parle net? Devos façons d'agir je suis mal satisfait, Contre elles dans mon cœur trop de bile s'assemble, Et je sens qu'il faudra que nous rompions en semble. Oui, je vous tromperois de parler autrement; Tôt ou tard nous romprons indubitablement: Et je vous promettrois mille fois le contraire Que je ne serois pas en pouvoir de le faire. CÉLIMÈNE.. C'est pour me quereller donc, à ce que je voi ALCESTE. Je ne querelle point. Mais votre humeur, madame, Ouvre au premier venu trop d'accès dans votre ame, Vous avez trop d'amans qu'on voit vous obséder Et mon cœur de cela ne peut s'accommoder.. * L CÉLIMENE. Desamans que je fais me rendez-vous coupable? ALCESTE. Non, ce n'est pas, madame, un bâton qu'il faut prendre; Mais un cœur, à leurs vœux, moins facile et moins tendre. Je sais que vos appas vous suivent en tous lieux, yeux; Et sa douceur offerte à qui vous rend les arines, Mais, au moins, dites-moi, madame, par quel sort, estime? 1 Est-ce par l'ongle long qu'il porté au petit doigt, voit? Vous êtes-vous rendue, avec tout le beau monde, CÉLIMÈNE. Qu'injustement, de lui, vous prenez de l'ombrage! Ne savez-vous pas bien pourquoi je le ménage? Et que, dans mon procès, ainsi qu'il m'a promis, Il peut intéresser tout ce qu'il a d'amis ? ALCESTE. Perdez votre procès, madame, avec constance; CÉLIMÈNE. Mais, de tout l'univers vous devenez jaloux. ALCESTE. C'est que tout l'univers est bien reçu de vous.. CÉLIMENE. C'est ce qui doit rasseoir votre ame effarouchée, ALCESTE. Mais, moi, que vous blåmiez de trop de ja- lousie, Qu'ai-je de plus qu'eux tous, madame, je vous. prie?. CÉLIMÈNE. Le bonheur de savoir que vous êtes aimé. ALCESTE. Et quel lieu de le croire a mon cœur enfiammé CÉLIMENE. Je pense qu'ayant pris le soin de vous le dire, ALCESTE. Mais qui m'assurera que, dans le même instant, Vous n'en disiez, peut-être, aux autres tout autant! CÉLIME.NE. Gertes, pour un amant, la fleurette est mignone, Et rien ne sauroit plus vous tromper que vous même: Sovez content.. ALCESTE.. Morbleu, faut-il que je vous aime Ah! que si de vos mains je rattrape mon cœur, Je ne le cèle pas, je fais tout mon possible jusqu'ici, Et c'est pour mes péchés que je vous aime ainsi. CÉLIMÈNE. Ilest vrai, votre ardeur est pour moi sansseconde. ALCESTE. Oui, je puis là-dessus défier tout le monde. CÉLIMÈNE, En effet, la méthode en est toute nouvelle, ardeur, Et l'on n'a jamais vu un amant si grondeur.. ALCESTE. Mais il ne tient qu'à vous que son chagrin ne passe. A tous nos démêlés coupons chemin, de grace> Parlons à cœur ouvert, et voyons d'arrêter... |