Il est guindé sans cesse; et dans tous ses propos ACASTE.. Dieu me damne, voilà son portrait véritable.. CLITANDREà Célimène. Pour bien peindre les gens vous êtes admirable. ALCESTE. Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour, Vous n'en épargnez point, et chacun a son tour; Cependant aucun d'eux à vos yeux ne se montre, Qu'on ne vous voie, en hâte, aller à sa rencontre, Lui présenter la main, et, d'un baiserflatteur, Appuyer les sermens d'être son serviteur. CLITANDRE. Pourquoi s'en prendre à nous! Si ce qu'on dit vous blesse, Il faut que le reproche à madame s'adresse. ALCESTE.. Non, morbleu, c'est à vous; et vos ris complaisan prendre Des vices où l'on voit les humains se répandre... PHILINTE. Mais pourquoi, pour ces gens, un intérêt si grand, Vous, qui condamneriez ce qu'en eux on reprend? CÉLIMENE. Et ne faut-il pas bien que monsieur contredise? charmes, Qu'il prend contre lui-même assez souvent les. armes; Et ses vrais sentimens sont combattus par lui, Aussitôt qu'il les voit dans la bouche d'autrui. ALCESTE. Les rieurs sont pour vous, madame, c'est tout dires Et vous pouvez pousser contre moi la satyre. PHILINTE. Mais il est véritable aussi que votre esprit ALCESTE. C'est que jamais, morbleu, les hommes n'ont raison, Que le chagrin contre eux est toujours de saison, Et que je vois qu'ils sont, sur toutes les affaires, Loueurs impertinens, on censeurs téméraires.. Mais... CÉLIMÈNE. ALCESTE. Non, madame, non, quand j'en devrois mourir, Vous avez des plaisirs que je ne puis souffrir; CLITANDRE. Pour moi, je ne sais pas, mais j'avouerai tout haus Que j'ai cru jusqu'ici madame sans défaut. ACASTE. De graces et d'attraits je vois qu'elle est pourvue, Mais les défauts qu'elle a ne frappent point ma vue. ALCESTE. Ils frappent tous la mienne; et, loin de m'en ca cher, Elle sait que j'ai soin de les lui reprocher. Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on b flatte; A ne rien pardonner le pur amour éclate; Enfin, s'il faut qu'à vouss'en rapportent les cœurs, ÉLIANTE. L'amour, pour l'ordinaire, est peu fait à ces lois, 1 La fourbea de l'esprit, la sotte est toute bonne; ALCESTE. Et moi, je soutiens, moi... CÉLIMÈNE. 1 Brisons-là ce discours, Et dans la galerie allons faire deux tours; Quoi! vous vous en allez, messieurs? CLITANDRE et ACASTE Non pas, madame. ALCESTE. La peur de leur départ occupe fort votre ame. Sortez quand vous voudrez, messieurs; mais j'avertis Que je ne sors qu'après que vous serez sortis. ACASTE. A moins de voir madame en ètre importunée, Rien ne m'appelle ailleurs de toute la journée. CLITANBRE. Moi, pourvu que je puisse être au petit couché, Je n'ai point d'autre affaire où je sois attaché. CÉLIMENE à Alceste. C'est pour rire, je crois. ALCESTE. Non, en aucune sorte, Nous verrons si c'est moi que vous voudrez qui sorte. SCÈNE VI. ALCESTE, CÉLIMÈNE, ELIANTE, ACASTE PHILINTE, CLITANDRE, BASQUE. BASQUE à Alceste. Monsieur, un homme est là, qui voudroit vous parler Pour affaire, dit-il, qu'on ne peut reculer. ALCESTE. Dis-lui que je n'ai point d'affaires si pressées. ALÇESTE, CÉLIMÈNE, ÉLIANTE, ACASTE, PHILINTE, CLITANDRE, UN GARDE de la ment, Vous mandent de venir les trouver promptement, Monsieur. ALCESTE. Qui, moi, monsieur? IEGARDE. Vous-même. ALCESTE. Et pourquoi faire? PHILINTE à Alceste. C'est d'Oronte et de vous la ridicule affaire. Comment? CÉLIMÈNE à Philinte. PHILINTE. Oronte et lui se sont tantôt bravés |