Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, temps. Il sait, quand il lui plaît, faire éclater sa gloire; Et son peuple est toujours présent à sa mémoire. ABNER. Mais où sont ces honneurs à David tant promis, JOAD. Aux promesses du ciel pourquoi renoncez-vous? ABNER. Ceroi, fils de David, où le chercherons-nous? JOAD. Hé bien! que feriez-vous ? ABNER. O jour heureux pour moi! De quelle ardeur j'irois reconnoître mon roi! Doutez-vous qu'à ses pieds nos tribus empressées.. Mais pourquoi me flatter de ces vaines pensées? Déplorable héritier de ces rois triomphans, Par les traits de Jéhu je vis percer le père; JOAD. Je ne m'explique point; mais quand l'astre du jour Aura sur l'horizon fait le tiers de son tour, Lorsque la troisième heure aux prières rappelle, Retrouvez-vous au temple avec ce même zèle. Dieu pourra vous montrer, par d'importans bienfaits, Que sa parole est stable, et ne trompe jamais. Allez: pour ce grand jour il faut que je m'apprête, Et du temple déjà l'aube blanchit le faite. ABNER. Quel sera ce bienfait que je ne comprends pas? SCÈNE II. JOAD, JOSABET. JOAD. Les temps sont accomplis, princesse: il faut parler; Et votre heureux larcin ne se peut plus celer. Montrons ce jeune roi que vos mains ont sauvé, Avant que son destin s'explique par ma voix, Je vais l'offrir au Dieu par qui règnent les rois: Aussitôt assemblant nos lévites, nos prêtres, Je leur déclarerai l'héritier de leurs maîtres. JOSAВЕТ. Sait-il déjà son nom et son noble destin? JOAD. 1 Il ne répond encor qu'au nom d'Éliacin, JOSABET. Hélas! de quel péril je l'avois su tirer! JOAD. Quoi! déjà votre foi s'affoiblit et s'étonne? JOSABET. A vos sages conseils, seigneur, je m'abandonne, De peur qu'en le voyant, quelque trouble indis cret Ne fasse avec mes pleurs échapper mon secret. Sur-tout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières, Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières. Cependant aujourd'hui puis-je vous demander Quels amis vous avez prêts à vous seconder? Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre? A-t-il près de son roi fait serment de se rendre? JOA. Abner, quoiqu'on se pût assurer sur sa foi, JOSABET. Mais à qui de Joas confiez-vous la garde? garde? De mon père sur eux les bienfaits répandus... JOAD. A l'injuste Athalie ils se sont tous vendus. JOSABET. Qui donc opposez-vous contre ses satellites? JOAD. Ne vous l'ai-je pas dit? nos prêtres, nos lévites. JOSAВЕТ. Je sais que, près de vous en secret assemblé, Parvos soins prévoyans leur nombre est redoublé; Que pleins d'amour pour vous, d'horreur pour Athalie, Un serment solennel par avance les lie brûler, Peuvent-ils de leur roi venger seuls la querelle ? Pourun si grand ouvrage est-ce assez de leur zèle? Doutez-vous qu'Athalie, au premier bruit semé Qu'un fils d'Ochozias est ici renfermé, De ses fiers étrangers assemblant les cohortes, N'environne le temple, et n'en brise les portes? Suffira-t-il contre eux de vos ministres saints, Qui, levant au Seigneur leurs innocentes mains, Ne savent que gémir et prier pour nos crimes, Et n'ont jamai Tersé que le sang des victimes? Peut-être dans leurs bras Joas percé de coups... JOAD. Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat pour nous? Dieu, qui de l'orphelin protége l'innocence, pendu, Sur cette race impie est toujours étendu? JOSABET. Et c'est sur tous ces rois sa justice sévère Que je crains pour le fils de mon malheureux frère. Qui sait si cet enfant, par leur crime entraîné, Avec eux en naissant ne fut pas condamné? Si Dieu, le séparant d'une odieuse race, En faveur de David voudra lui faire grace? Hélas! l'état horrible où le ciel me l'offrit Revient à tout mome effrayer mon esprit. De princes égorgés la chambre étoit remplie : Un poignard à la main l'implacable Athalie Au carnage animoit ses barbares soldats, Et poursuivoit le cours de ses assassinats. Joas, laissé pour mort, frappa soudain ma vue: Je me figure encor sa nourrice éperdue, Qui devant les bourreaux s'étoit jetée en vain Et, foible, le tenoit renversé sur son sein. Je le pris tout sanglant. En baignant son visage Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage; Et, soit frayeur encore, ou pour me caresser, De ses bras innocens je me sentis presser. Grand Dieu, que mon amour ne lui soit point funeste ! Du fidelle David c'est le précieux reste : lui, Conserve l'héritier de tes saintes promesses, Et ne punis que moi de toutes mes foiblesses! JOAB. Vos larmes, Josabet, n'ont rien de criminel : vœux. |