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curité et contribuer à l'amélioration définitive de la condition des provinces grecques de l'empire ottoman. >>

Le 4 février, Lord Derby apprend par lord Lyons, que M. Waddington, vu l'urgence, a adressé par le ministre de France à Athènes, des représentations sévères au gouvernement grec au sujet de son agression contre la Turquie, et l'a pressé de faire repasser les frontières à ses troupes.

Le 5 février, Lord Derby adresse à M. Wyndham l'instruction d'avoir à se joindre à son collègue français pour les représentations à faire au gouvernement hellénique; il l'autorise en même temps à renouveler l'assurance donnée le 2 juillet 1877, à savoir: que l'Angleterre emploiera toute son influence pour procurer aux populations grecques dans les provinces turques les mêmes avantages qui pourraient être accordés à la population chrétienne d'une autre race.

Le même jour, M. Wyndham transmet à Lord Derby une note que M. Delyanni venait d'adresser aux chefs de mission à Athènes, contenant copie d'un télégramme aux représentants de la Grèce à l'extérieur; dans ce télégramme il est dit que si les grandes puissances veulent garantir la sécurité des habitants des provinces grecques de la Turquie et la protection de leurs droits, le gouvernement royal est tout disposé à donner l'ordre à ses troupes de se retirer.

Le 7 février, le gouvernement grec explique le sens et la portée de cette condition dans un télégramme à ses représentants à l'étranger; Lord Derby reçoit par M. Gennadius communication de cette dépêche; elle est conçue en ces ter

mes :

« Athènes, le 7 février 1878,

Comptant, en pleine confiance, sur la promesse des grandes puissances, qu'elles ne manqueront pas d'agir efficacement auprès de la S. Porte afin de sauvegarder, dès ce moment, la vie, l'honneur et les biens des populations helléniques de la Turquie se trouvant sans cesse sous la menace de pareils désastres, comptant aussi sur leur promesse de faire. en sorte que les aspirations nationales et les intérêts de ces mêmes populations deviennent l'objet des délibérations du congrès prochain, fermement convaincu que les puissances, dans leur esprit d'équité et d'impartialité, regarderont comme un juste complément, et comme une réalisation naturelle de leur promesse concernant les aspirations nationales des Hel

lènes de Turquie, la représentation spéciale de ces aspirations dans le sein du congrès représentation d'autant plus juste, que les vœux des populations en question et les conditions vitales de leur existence seraient, sans cela, exposées non seulement à être préjudiciée au profit des intérêts des autres populations de la Turquie, mais aussi bien à être contestées par le gouvernement ottoman, sans avoir un défenseur naturel, le gouvernement vient de donner au commandant en chef de ses troupes l'ordre de repasser la frontière.

« Cette mesure, qui est une preuve évidente de l'empressement que le gouvernement a mis à se rendre aux conseils des grandes puissances, nous donne aussi le droit d'espérer que la réalisation de notre demande touchant la représentation des aspirations helléniques dans le congrès prochain sera avec bienveillance agréée par les grandes puissances. >>

Le 6 février aussi, M. Wyndham informe Lord Derby, qu'à une réunion des chefs de mission à la légation de France, M. Tissot a donné lecture d'un télégramme de son gouvernement, blâmant la conduite du gouvernement grec comme créant un casus belli, et lui recommandant de rappeler ses troupes; le ministre d'Italie a donné lecture d'une dépêche semblable de son gouvernement. M. Delyanni a fait savoir aux chefs de mission encore réunis chez M. Tissot, qu'ordre a été donné au général Soutzo d'arrêter la marche de ses troupes. A cette réunion, M. Sabouroff, ministre de Russie, a informé ses collègues que le gouvernement grec a demandé au gouvernement russe que ses troupes et les «< insurgés éventuels » soient compris dans l'armistice à conclure, et que le gouvernement russe a répondu que les Grecs n'étant pas belligérants n'ont pas à être compris dans l'armistice.

Le 6 février, M. Wyndham, d'ordre de Lord Derby, transmet au gouvernement grec la note ci-après :

« Tout en me donnant ordre de m'associer aux représentations faites par son Excellence le ministre de France, le gouvernement de la Reine me charge de renouveler les assurances renfermées dans la dépêche adressée à M. Stuart en date du 2 juillet dernier, par laquelle le gouvernement britannique donne l'assurance qu'il fera son possible, quand le moment sera venu de prendre en considération le règlement des questions résultant de la guerre, pour assurer à la population

grecque des provinces ottomanes, toutes les réformes et avantages administratifs qui pourront être concédés à la population chrétienne d'une race autre que la race hellénique. »

Le 7 février, les représentants de Grande-Bretagne et de France ont à faire de nouvelles observations à M. Delyanni; celui-ci se déclarant impuissant à empêcher l'action individuelle, et la formation de corps de chasseurs indépendants du général Soutzo, les deux représentants ont déclaré cette explication inadmissible.

Le 11 février, M. Wyndham apprend de M. Delyanni et informe Lord Derby que les troupes grecques ont le même jour évacué le territoire ottoman.

Le 12 février M. Wyndham et M. Tissot font une démarche auprès de M. Delyanni et pressent le Gouvernement hellénique de prendre des mesures à l'égard des bandes d'irréguliers.

A cette date, commencent, d'une part, l'insurrection véritable de la Thessalie et de l'Épire, et d'autre part, la triple action du Gouvernement anglais sur le Gouvernement grec, sur le Gouvernement ottoman et sur les insurgés pour arriver à rétablir l'ordre dans deux provinces et à prévenir tout acte d'hostilité de la part de la S. Porte contre le royaume de Grèce.

Cette correspondance, réunie dans un Livre Bleu spécial, embrasse trois mois, et n'entre pas dans le cadre de cette analyse, excepté pour les pièces concernant l'admission de la Grèce au prochain congrès des puissances.

Le 23 février, par une dépêche dont M. Gennadius donne lecture à Lord Derby le 4 mars, M. Delyanni continue officiellement cette campagne, que M. Tricoupi avait officieusement entreprise dans ses conversations avec M. Stuart et M. Wyndham.

Le 9 mars, Lord Derby répond au chargé d'affaires de Grèce que le Gouvernement de la Reine est d'avis que le royaume de Grèce a tout titre à être représenté au Congrès prochain.

Le même jour, Lord Derby transmet cette opinion du Gouvernement de la Reine aux Ambassadeurs de S. M. à Saint-Pétersbourg, Paris, Rome, Berlin, Vienne et Constantinople.

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LE COMMERCE AU MAROC

SOURCES. Bulletin consulaire français 1877-79. Recueil consulaire Rapport des Consuls anglais sur l'industrie, le commerce, etc., Archives allemandes du

belge, 1880.
de leur arrondissement consulaire, 1877-1880.
commerce, 1880. Informations particulières, etc.

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L'empire du Maroc occupe une des régions de l'ancien continent les plus propres aux échanges commerciaux, par la variété de ses richesses agricoles, la fertilité de son sol, ses nombreux ports et sa situation entre l'Europe et l'Afrique intérieure. Il est d'autant plus regrettable que cette belle contrée soit soumise à un régime administratif peu intelligent des intérêts des états. Ses richesses minérales restent inexplorées dans les flancs des montagnes; ses productions végétales et animales restent inférieures à ce qu'elles pourraient être dans un pays si richement doté par la nature et d'une étendue supérieure à celle de la France; sa population est clairsemée sur cette vaste surface; on l'évalue habituellement à 6 millions d'habitants. Les recensements n'existent pas dans les États musulmans; là où ils sont censés exister, ils ne peuvent inspirer qu'une confiance relative: l'évaluation à 6 millions d'habitants n'est donc qu'approximative en plus comme en moins; on sait d'ailleurs que dans les pays musulmans les habitants du sexe masculin sont seuls comptés.

Quoi qu'il en soit, on peut regretter qu'une meilleure administration ne contribue pas à développer les ressources du pays au lieu d'agir dans une direction tout opposée. Mais, même en l'état actuel des choses, le commerce avec le Maroc offre une importance qui n'est pas en proportion avec le chiffre de sa population; celle-ci n'absorbe pas pour son usage exclusif tous les produits de provenance européenne Ses caravanes, qu'elle expédie cinq ou six fois l'an dans l'Afrique intérieure, y transportent chaque fois par charges de 400 à 500 chameaux les produits européens, et en rapportent de l'or, de l'ivoire, des plumes d'autruche, de la gomme, du séné, etc.

C'est ainsi que s'explique le développement continu du commerce marocain; en 1850, il était évalué à 25 ou 30 millions pour l'importation et l'exportation réunies; aujourd'hui il dépasse 70 millions. La statistique douanière des états aussi arriérés que

l'est le Maroc n'offre pas plus de certitude que leur statistique d'état civil; mais nous empruntons ces chiffres au rapport consulaire anglais pour l'année 1877. D'ailleurs, les chiffres que les seuls rapports anglais fournissent sur la totalité du commerce marocain, sont confirmés par ceux que donnent les rapports français et autres sur le commerce d'importation et d'exportation des divers ports, ou des divers ressorts consulaires. Les uns et les autres sont confirmés par les faits de la navigation, allant en augmentant, sans diminuer même depuis la période de famine et de maladie qui a suivi la sécheresse de 1878, et dont les effets se font sentir encore.

Le nombre de navires, à vapeur et à voiles, qui fréquentent les ports marocains, les services réguliers de bateaux à vapeur à cette destination, attestent mieux que toute statistique l'importance de ce commerce, et en même temps ils ne peuvent que contribuer à l'augmenter par les facilités qu'ils offrent aux voyageurs et au transport des marchandises. Ajoutons que cette organisation de services réguliers de navigation à vapeur par des Compagnies françaises confirme également l'appréciation donnée par les consuls, et d'après laquelle le commerce français dans ces parages n'est plus guère inférieur au commerce anglais. Ce qui distingue encore l'un de l'autre, c'est que le commerce anglais est principalement un commerce d'importation, tandis que la France se livre en plus grande partie au commerce d'exportation et se solde en numéraire. Bien que cette différence ne soit plus aussi tranchée qu'elle l'était jadis, il y va de l'honneur et de l'intérêt du commerce français de ne pas s'arrêter en si beau chemin.

Nous allons indiquer sommairement, sauf à y revenir avec plus de détail, les produits étrangers qui sont de vente ordinaire et facile dans les ports du Maroc.

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SUCRE. Sur cet article, la supériorité de l'article français est reconnue non seulement par les Marocains, mais encore par ses concurrents; il se consomme par an plus d'un million de kilogrammes dont la plus grande quantité provient de Marseille. Cet avantage peut se conserver facilement, il suffit de produire la bonne qualité, bien cristallisée, et en pains de faible dimension. La forme de pain pesant 2 kil. 750 est la plus recherchée. Les consuls anglais et les consuls belges reconnaissent la difficulté ou l'impossibilité pour leurs commerçants de rivaliser avec Marseille sur cet article, que les caravanes transportent dans les provinces du Sud.

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