eft embarraffé de l'Allégorie, -dites-luy qu'elle ne luy doit faire aucune peine, & que par ces Torrens qui font du fracas & dont les eaux fe tariffent incontinent, il eft aifé d'enten dre ces Amans qui font d'abord de fi ardentes proteftations, & qui ne fçavent ce que c'est que d'aimer avec conftance. LE RVISSEAU AMANT, A LA PRAIRIE. J Ap fait pour vous trouver un assex. Mon aimable Prairie, enfin je viens à vous, Recevez un Ruiffeau dont le fort le plus doux Sera de voir fes eaux couler pour voftre usage. C'est dans ce feul efpoir que fans aucun repos, Depuis que j'ay quité ma Source, T'ay toûjours jufqu'icy continué ma course, Toûjours roulé mes petits flots. D'un cours précipité j'ay paffe des Prai ries Où tout autre Ruiffeau s'amufe aves plaifir; le n'ay point ferpenté dans les Routes * fleuries, Ie n'en avois pas le loifir. 2007 Tel que vous me voyez, fçachez, ne vous déplaife, (Car il eft bon de fe faire valoir ) Que plus d'une Prairie auroit efté bien aife De me donner paffage, & de me rece voir. Mais ce n'eftoit pas là mon compte, Pen fuffe un peu plus tard arrivé dans ce Lien, Et par une fuite affez prompte, Gazoüillant fierement, je leur difois adien. Il faut vous dire tout la feinte eft inutile, T'en trouvois la plupart dignes de mes refusi Les unes,entre nous, font d'accés fi facile,, Que tous Ruiffeaux y font les bien: venus.. Et my dans le grand nombre auffi-toft • je me pers; D'autres font dans des lieux un peu trop découverts, Et moy j'aime à couler à l'ombre. Feftoi bien inspiré de me garder pour vons; Vous eftes bien mon fait, je fuis affez le vostre'; Mais auffi, moy reçeu,n'en recevez point d'autre, Car je fuis un Ruiffeau jaloux. Acela pres, qui n'est pas un grand vice, Ie fçay que certaines Prairies D'un Ruiffeau comme moy ne s'accommodent pas.f Il leur faut ces Torrens qui font tant de fracas, Mais fort fouvent on voit leurs eaux taries. Mon cours en tout temps est égal, Ie fuis tranquille & doux, ne fais point de ravage; , De plus, je viens vous faire hommage D'une eau pure comme cristal. Il est telle Prairie, & peut-eftre affez belle, A qui le plus petit Ruiffeau, Suivant fa pente naturelle N'iroit jamais porter deux goutes d'eau, A moins que détourné par un chemin > nouveau, Elle n'en amenaft quelqu'un jufque chez elle. Mais pour vous, fans vous mettre en frais, Sans vous fervir d'un pareil artifice, Vous voyez des Ruiffeaux qui viennent tout exprés Vous faire ofre de leur fervice, A prefent, je l'avonë, on vous trouve agreable, Vous donnez du plaifir aux yeux; Mais avec un Ruiffeau, rien n'est plus véritable, Que vous en vandrez beaucoup mieux. De cent Fleur, qui naistront vous vous verrez ornée, Je vous enrichiray de ces nouveaux Tréfors, |