Et fe vanta de fon ouvrage. Et des Mufes et de l'Amour. J'avais bien raifon, Madame, de dire que Berlin eft devenu Athènes : votre Alteffe royale contribue bien à la métamorphofe. C'est le temps des jours glorieux et des beaux jours. C'eft grand dommage que je n'aye pas à mon fervice ces trois cents mille hommes que je voulais pour vous enlever; mais j'aurai plus de trois cents mille rivaux fi je montre votre lettre. N'ayant donc point de troupes pour devenir votre fultan, je crois que je n'ai d'autre parti à prendre que de venir être votre esclave: ce fera la feconde place du monde. Je me flatte que fa Majefté la reine-mère ne s'offenfera pas de ma déclaration; elle y entre pour beaucoup je voudrais vivre à fes pieds. comme aux vôtres. J'avoue que je fuis trop amoureux de la vertu, du véritable efprit, des beaux: arts, de tout ce qui règne à votre cour, pour ne lui pas confacrer le refte de ma vie. Le roi fait à quel point j'ai toujours défiré de finir ma vie auprès de lui. Je lutte actuellement contre, na destinée pour venir enfin être toujours le témoin de ce que j'admire de trop loin. Croyez-moi, Madame, on ne trompe point les princeffes qu'on veut enlever; mon unique objet eft très-fincèrement d'être votre courtisan. Ꮴ LETTRE LXXX. A M. LE MARQUIS D'ARGENSON. ANITAS vanitatum, et metaphyfica vanitas. C'eft ce que j'ai toujours penfé, Monfieur; et toute métaphyfique reffemble affez à la coxigrue de Rabelais, bombinant dans le vide. Je n'ai parlé de ces fublimes billevefées que pour faire favoir les opinions de Newton; et il me paraît qu'on peut tirer quelque fruit de ce petit paffage : Que favait donc fur l'ame et fur les idées celui qui avait foumis l'infini au calcul, et qui avait découvert la nature de la lumière et la gravitation? Il favait douter. Phyfiquement parlant, Monfieur, je vous fuis bien obligé de vos bontés, et fur-tout de celle que vous avez de vouloir bien réparer, par mon petit contrat, avec un prince et avec un faint, les pertes que j'ai faites avec tant de profanes. J'ai l'honneur de courir ma cinquantième année. Etes-vous dans la cinquantième ? J'y fuis, et je n'en vaux pas mieux; En vous remerciant mille fois, Monfieur, et en vous demandant le fecret. J'ai donné à Doyen le féal, argent comptant, et billets qui valent argent comptant; mais on paye le plus tard qu'on peut; et un feffe-matthieu de fermier de M. le duc de Richelieu, nommé Duclos, qui devait felon toutes les lois divines et humaines me compter quatre mille livres le lendemain de Pâques, recule tant qu'il peut, tout contraignable qu'il eft. Voulez-vous permettre que ce Doyen faffe toujours mon contrat à bon compte? Sinon il n'y a qu'à le réduire à ce que Doyen a dans fes mains. Je mangerai le refte à mon retour trèsvolontiers faites comme il vous plaira avec votre vieux ferviteur. Je m'occupe à préfent à faire un divertiffement pour un dauphin et une dauphine que je ne divertirai point. Mais je veux faire quelque shofe de joli, de gai, de tendre, de digne du duc de Richelieu, l'ordonnateur de la fête. Cirey eft charmant, c'est un bijou: venez-y, Monfieur, tâchez d'avoir affaire à Joinville. Madame du Châtelet vous aime de tout fon cœur, vous défire autant que moi, et vous recevra comme elle recevrait Volf et Leibnitz. Vous valez mieux que tous ces gens-là. Portezvous bien. Permettez que je préfente mes refpects à M. l'avocat du roi très-chrétien. Je vous aime et vous refpecte de tout mon cœur. Votre ancien et le plus ancien ferviteur, etc. LETTRE LXXXI. AM. LE PRESIDENT HENAULT. A Cirey, premier feptembre 1744. Déeffe de la fanté, Fille de la fobriété Et mère des plaifirs du fage, Sur le foir d'un jour plein d'orage: Conduife ce mortel aimable: Il eft fi digne d'être heureux! De leurs dons les plus précieux. Les femmes l'ont pris fort fouvent Les gens en us pour un favant, Grand Dieu! je ne m'étonne pas De fes livres rongés des rats, Jamais Eglé, jamais Silvie, Jamais Life à fouper ne prie Un pédant à citations. Sans goût, fans grâce, et fans génie, Sa perfonne en tous lieux honnie. Eft réduite à fes noirs gitons. Hélas! les indigeftions Sont pour la bonne compagnie. |