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mesure, à admettre que c'est à l'état de silicate que la silice a dû traverser les nœuds, et principalement à l'état de silicate de potasse? Dans quelles parties de la plante la silice vient-elle ensuite s'accumuler de préférence ? Dans les feuilles, dans les enveloppes du grain et dans la partie supérieure de la tige, c'est-à-dire dans les parties qui sont le plus directement exposées aux influences atmosphériques. Or, on sait que les silicates solubles, exposés à l'air, en absorbent peu à peu l'acide carbonique; leurs bases şe transforment en carbonates, et la silice se sépare à l'état gélatineux d'abord, puis elle se dessèche ensuite. C'est précisément ce qui doit arriver dans les feuilles et dans les autres parties de la plante exposées à l'air, comme les enveloppes du grain et la partie supérieure des tiges.

Si cette accumulation devient plus considérable dans les parties découvertes que dans les autres, c'est qu'une transpiration plus abondante y fait un appel plus énergique de principes solubles et en particulier de substances minérales, et que cet appel, dans certaines parties plus anciennement développées, dans les feuilles basses, par exemple, est moins contrebalancé par la force vitale qui va bientôt s'y éteindre.

Ce qui semble venir à l'appui de cette explication, c'est que les parties les plus siliceuses de la plante sont précisément celles qui, comme les feuilles et les balles, présentent le plus de prise à l'action de l'air, à raison de leur faible épaisseur, ou qui, comme la partie supérieure de la tige, sont plus à découvert et plus aérées. Quand ces mêmes parties sont encore enveloppées dans les feuilles et protégées contre cette

action directe de l'air, elles sont beaucoup moins siliceuses (observ. du 3 juin); nous voyons le même fait se reproduire le 11 mai sur les feuilles internes non encore déroulées (3" feuilles).

L'épiderme, surtout dans les parties qui sont directement en contact avec l'air, est toujours très-riche en silice.

Cette fixation extérieure de la silice par décomposition aurait encore pour effet, en rendant libre la potasse, de permettre à celle-ci de contracter de nouvelles combinaisons solubles, et par conséquent facilement transportables où le besoin organique s'en fait sentir.

Les conséquences de la verse sont un peu différentes, suivant que la tige est plus ou moins inclinée et qu'elle a subi, en s'infléchissant, une courbure plus ou moins brusque, de nature à gêner la circulation de la sève.

Les conséquences de la verse varient encore, toutes choses égales d'ailleurs, suivant l'époque à laquelle elle a eu lieu, suivant le développement qu'avait alors acquis la plante.

Lorsque la verse est incomplète, qu'elle ne consiste qu'en une inclinaison de 45 à 60 degrés, n'entraînant pas le pliage brusque du pied de la tige, elle n'offre guère d'autre inconvénient que celui de rendre le fauchage de la récolte un peu plus difficile; souvent même la plante se relève en partie. Mais lorsque la plante est brusquement pliée à angle vif, jusque dans la position horizontale, et qu'elle est couchée sur le sol, il en résulte inévitablement, pour la paille, une coloration brune provenant d'une altération sensible,

surtout si la terre est humide. Cette paille est alors considérablement dépréciée. Il arrive encore souvent alors que les mauvaises herbes, et surtout le convolvulus des champs, s'y attachent énergiquement et maintiennent les tiges couchées comme feutrées, ce qui augmente encore les difficultés de la récolte. Un blé versé dans ces conditions, surtout si la verse a eu lieu sous l'influence d'un tourbillon orageux, ce qui arrive souvent, ne peut être coupé avec la faulx garnie, encore moins avec la moissonneuse; la faucille seule, ou mieux encore la sape flamande, peut en avoir raison.

Un autre inconvénient que présente le blé versé, au point de vue de son logement, c'est qu'il tient beaucoup plus de place au tas que le blé droit.

Le grain fourni par une pareille récolte laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la qualité; il est d'autant plus défectueux, toutes choses égales d'ailleurs, que la verse a eu lieu plus tôt. On comprend aisément, d'une manière générale, que l'épi d'une tige de blé brusquement coudée à son pied ne puisse plus recevoir que très-difficilement, par la racine, les éléments que le sol peut et doit lui fournir; mais on peut se demander comment le grain peut arriver à sa maturité et avoir assez souvent une qualité passable, quand la verse a eu lieu une buitaine de jours après la floraison.

Pour nous rendre compte de ce dernier fait, il est indispensable de nous reporter à l'étude de la composition de la tige à diverses époques de sa vie; c'est ce que nous allons faire sommairement. J'ai trouvé, dans diverses séries de recherches sur le développe

ment du blé aux principales époques de sa végétation (1), des résultats que je vais essayer de résumer brièvement. Pour rendre les résultats plus comparables, je les ai tous rapportés au poids de la plante supposée complétement privée d'humidité.

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La plante, à la première de ces trois époques, n'avait encore atteint que la moitié du poids réel (en

(1) Voyez, pour plus de détails, mes Études théoriques et pratiques d'agronomie et de physiologie végétale, t. III.

matière sèche bien entendu) auquel elle devait parvenir; mais au 22 juin, c'est-à-dire plus d'un mois avant sa maturité, elle possédait, en bloc, la presque totalité des principes qu'on y devait retrouver au moment de la récolte; seulement, ces principes n'étaient pas distribués ni élaborés de la même manière.

Si, au lieu de ne considérer que le poids brut, nous comparons, à ces mêmes époques, la répartition et la quantité des substances qui jouent un rôle considérable dans la vie de la plante, l'azote, l'acide phosphorique et la potasse, par exemple, voici ce qu'on trouve, d'après les mêmes recherches, toujours pour un hectare :

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