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tures en les détournant à des fens arbitraires; & il nous apprend par fon éxemple à les tourner comme il nous plaît, fans nous mettre en peine, non plus que lui, fi nous allons jufqu'à la vérité, ou fi nous fommes feulement éblouis par l'apparence, & par la feule confor mité des expreffions. Il ne mé rite plus d'être crû fur fa paro le, puifqu'on peut fe défier de fon éxactitude & de fon difcer nement; & qu'on peut même nier ce qu'il avance, & être mieux inftruit que lui du fens de l'Ecriture. Il rend fufpectes preuves les plus certaines par le mélange de celles qui ne concluent rien, n'avertissant ja mais de la différence qui eft en tre elles; ne donnant point de regles pour les difcerner; & fondant également fur toutes la doctrine & la morale chrê tienne. En un mot, il n'eft plus un homme infpiré, un homme divin, un homme inftruit par

les

JESUS-CHRIST même ; & fon Evangile n'eft point la parole de Dieu, s'il cite comme vrai, comme inspiré, comme divin, comme la parole de Dieu, ce qui n'eft qu'une imagination humaine, & une convenance purement extérieure, & fans aucun folide fondement dans l'Ecriture. Car il n'y a point de milieu entre ces deux propofitions Saint Paul voit le véritable fens des endroits qu'il cite; faint Paul ne le voit pas. S'il le voit, pourquoi en doutons-nous? S'il ne le voit pas, pourquoi le regardons - nous comme un homme en qui JESUS-CHRIST parle, & dont tous les difcours font éxactement vrais ?

On auroit dû fe convaincre par l'autorité du premier des apôtres , que l'Ecriture étant vraiment divine, ce n'eft point par une interprétation humaine

2. Pet. c. 1. qu'elle doit être expliquée. Vous 9.20.21. devez vous perfuader avand

toutes chofes,dit-il,que nulle prophétie de l'Ecriture ne s'explique par une interprétation particuliere. Car ce n'a point été par la volonté des hommes, que les prophéties nous ont été aneiennement apportées: mais s'a été par le mouvement du faint Efprit que les faints hommes de Dieu ont parlé. Le moien donc le plus für pour entendre les prophetes, eft de confulter les apôtres, à qui JESUS-CHRIST a révélé ce qu'il y a de plus caché dans les Ecritures, en leur communiquant le même Efprit Luc. 14. v. qui a parlé par les prophetes, 45. & en les rendant eux-mêmes plus que prophetes, auffi-bien que faint Jean.

Foan. 20.12.

Mais fi l'on confidere plu- OBJECTION. fieurs des preuves & des cita- Plufieurs des tions de l'Apôtre, elles paroif- applications fent dans les lieux d'ou il les que fait faine Paul, paroif tire, avoir un autre fens plus fent peu na fimple, plus naturel, plus lié turelles. avec ce qui précede, & ce qui fuit, & l'on a beaucoup de pei

REPONSE.

gence des vé

ritables fens

ne à les concilier avec le texte original, à l'égard duquel elles femblent étrangeres & forcées. Voilà, dit-on, ce qui nous por te à ne les regarder que comme de fimples convenances qu'il ne faut éxaminer, ni prendre à la rigueur.

Mais ceux qui parlent ainfi, 11 fuffit de font-ils prophetes? Sont-ils fçavoir que le faint Elprit apôtres ? Eft-ce à eux que la clef a donné à s. de la fcience a été confiée ? EftPaul l'intelli- ce à eux que JESUS-CHRIST a ouvert l'efprit, & a donné l'inde l'Ecriture, telligence pour entendre les Ecritures? Eft-ce fur eux qu'il a foufflé, pour leur communiquer l'Efprit Saint qui a parlé Far les prophetes? Eft-ce fur eux qu'il l'a répandu avec plénitude, au jour de la Pentecôte ? Ont-ils été envoiés aux nations, pour les inftruire du grand myftere de JESUS CHRIST caché dans tous les fiecles, & manifefté par, l'Evangile Sçaventils mieux ce que les prophetes ont penfé, que l'Elprit même

qui les a inftruits? Eft-il bien étonnant qu'ils ne découvrent pas fous la furface de la lettre, les profondeurs que la fageffe divine y a cachées, & qu'elle a révélées à fes apôtres ?

:

Au lieu de conclure témérairement que le fens attribué par faint Paul, ou par un Evangé lifte, à quelques paffages de l'ancien Teftament, n'eft pas le vrai, parce qu'il paroît moins fimple & moins naturel qu'un autre, qu'on croit être le litté ral on devroit au contraire tirer cette conféquence, que le fens qui s'offie d'abord à l'efprit, & qui paroît conforme à la lettre, n'eft ni le plus vrai, ni le plus important, puifque faint Paul en découvre un autre. plus, fublime, plus conforme aux deffeins de Dieu, plus ef fentiel à l'Ecriture, plus certai nement compris dans la révélation.

Et en effet, rien ne doit rendre un habile Théologien plus

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