fon d'Aaron, la roiauté dans la fuite des defcendans de David, la gloire de fon nom dans la ville de Jérufalem. Cependant nous voions toutes ces ordonnances abolies, & toutes ces promeffes fans effet. C'eft ce changement qui nous avertit qu'il faut chercher leur perpétuelle durée, non dans les figu res qui ne font plus, mais dans les vérités figurées qui fubfifteront toûjours. Plufieurs croiroient peut-être remplir fuffifamment l'étenduë de ces expreffions, en leur donnant une durée d'un grand nombre d'années, ou même de plufieurs fiecles. Mais outre que ce feroit une étrange éxagération, & bien indigne de l'efprit de vérité, d'appeller éternel, ce qui n'eft en effet qu'un inftant, & qu'un point, en comparaifon de l'éternité qui eft fans bornes : les mêmes expreffions paroiffant fouvent emploiées pour marquer le court Pf. 20. v. si Ibid. v. 7. efpace de quelques années,nous - leur p Le Pfalmifte déclare que Dieu a accordé au roi une durée de jours qui s'étendra dans tous les fiecles; qu'il le rendra l'objet des bénédictions éternelles ; P.60.0.7. qu'il ajoûtera années fur années, & qu'elles pafferont dans la fucceffion de tous les âges. ib.v.s.& 8. Il affure qu'il demeurera éter nellement dans le tabernacle du Seigneur; qu'il fubfiftera tóûjours en fa préfence. Il promer de chanter éternellement des hymnes à la gloire de fon nom, & de faire paffer ses actions de Pf. 29.v. 15. graces dans tous les fiecles. Ibid. v. 9. Aucune interprétation judaïque ne peut obfcurcir ces paroles. On ne peut limiter une expreffion fi é enduë, à un petit nombre d'années qui reftoient à vivre à David; & l'on ne peut lui accorder après la mort tem, porelle un inftant de vie, fans être obligé de reconnoître qu'il En voulant borner ces expreffions, on s'expofe, fans y penfer, à ruiner les dogmes les plus importans de la religion; & à accufer de faux, fans le vouloir, l'Efprit même de vérité. Un célébre interprete, en expliquant cette promeffe faite à Jérufalem, dans le Pfeaume 47. Dieu l'affermira pour l'éterni- Pf. 47. v. 9. té: Deus fundavit eam in aternum, ajoûte: fpes fefellit eos: leur efpérance les a trompés. Et il rapporte l'éxemple de Ma→ naffès, & des autres rois de Juda menés captifs à Babylone, pour montrer que la parole du prophete n'a point été accomplie,& qu'ainfi elle ne doit point être prife dans toute la rigueur de la lettre. Après quoi il continue: Hoc igitur, DEUS FIR MABIT EAM IN ÆTERNUM, non tamquam certa pradictio fumi debet: fed ex fola fpe dic tum, aut tamquam votum. Ainfi, felon cet auteur, ce que le prophete dit en termes fi forts & fi précis, eft une fauffe prédiction, fi c'eft une prédic tion: ou une vaine espérance, fi c'eft fimplement une espé rance. Mais quelles promeffes ne rendra-t-on pas vaines, fi celle-ci l'eft: L'Eglife en a-t-elle de plus claires? Et n'eft-ce pas fur celles qui font faites à Jérufalem, que celles de l'Eglife font fondées ? Comprend-t-on le tort qu'on fait aux Ecritures en les in terpretant ainfi ? Que font les prophetes, s'ils parlent par un efprit humain? Sur quoi s'ap puiera-t-on, s'il faut fe défier de leurs paroles? Et comment foûtiendront-ils notre espérance, fi la leur eft vaine? Mais Jérufalem a été prise plus d'une fois. Qui en doute? Elle a même été brûlée & rafée fous Nabuchodonofor, & fous Tite. Mais les promeffes éternelles font-elles faites à des murailles Eft-ce Jérufalem terreftre qui en eft l'objet ? Eft ce par rapport aux figures, & non par rapport ce qui en eft la vérité, qu'il faut entendre les prophetes? La prédiction du Meffie, jointe à celle de Salomon, dépend-elle de Salomon? La prédiction du regne éternel de JESUS-CHRIST, jointe à celle du regne des defcendans de David, dépend-elle de fes defcendans ? à N'est-ce pas pour rendre l'Eglife évidente, & pour empê cher qu'on ne la confonde avec Jérufalem terreftre, que celleci eft détruite ? L'objet des meffes eft-il péri, parce qu'elles ne font plus équivoques? ae pro |