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qui t'aiment foient dans la paix.

6. L'Efprit qui anime l'Eglife chrêtienne, lui donne pour priere celle de David. Elle n'eft donc pas encore accomplie par→ faitement. Elle n'aura donc entierement fon effet, que lorf que les Pleaumes ne feront plus la priere de l'Eglife chrêtienne. Elle a donc un objet toûjours fubfiftant; & par conféquent un autre fens que celui qui fe présente le premier ; & il nous eft auffi peu permis d'en douter, que de douter ou que l'Eglife prie en vain, ou que l'Efprit qui la conduit, lui donne pour priere une ancienne formule qui n'a plus de fens.

7. Il eft de foi, que les faints patriarches & les faints prophetes, avant & après la loi, fe regardoient comme étran gers, & comme voiageurs en cette vie qu'ils tendoient par leurs defirs vers le ciel, comme vers leur patrie; & qu'ils no

G

13. &c.

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donnoient le nom de cité & de ville permanente, qu'à celle dont Dieu eft lui-même le fon

Heb. 11. v. dateur & l'architecte. Ils confeffoient qu'ils étoient étrangers voiageurs fur la terre. Car ceux qui parlent de la forte, font bien voir qu'ils cherchent leur patrie. Que s'ils avoient eu dans l'esprit celle dont ils étoient fortis, ils avoient affez de tems pour y res tourner: mais ils en defiroient une meilleure, qui est la pas trie céleste. Auffi Dieu ne rougit point d'être appellé leur Dieu, parce qu'il leur a préparé une cité. Il n'y a donc rien de plus conforme à l'efprit & aux difpofitions intérieures des prophetes, que d'appeller le ciel comme ils l'appellent, & de lui donner le nom de cité, comme ils le lui donnent.

8. Depuis le choix de Jérufalem pour être le lieu fixe du temple & du culte public, elle devint la figure de la cité cé

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lefte. Les prophetes la regar
derent fous cette idée, quand
ils s'interefferent à fes promef
fes & à fes biens. Et les apô
tres, qui font leurs interpretes,
nous ont appris à donner com-
me eux, le nom de Sion & de
Jérufalem à l'Eglife du ciel;
à regarder par conféquent la Jé-
rufalem vifible comme figure
de l'autre. La Férufalem d'en- Gal. 4, 26.
haut eft vraiment libre; &

&

c'est elle qui est notre mere,

dit faint Paul. Et ailleurs: Vous Heb.12.v. 22.
vous êtes approchés de la mon-
tagne de Sion, de la ville du
Dieu vivant, de la Jérusalem
céleste.

Il est donc manifeste qué c'est
travailler à obfcurcir l'Ecritu
re, que de la borner à la Jéru→
falem terreftre, lorfqu'il eft vi
fible qu'elle parle de celle du
ciel; & de fe contenter d'un
fens qu'on appelle littéral
quoique la lettre même le dé
mente, & dont le Juif, tour
charnel qu'il eft, ne peut fe fa-

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tisfaire. Car il fent bien que la plupart des caracteres que l'Ecriture donne à Jérufalem, font trop grands pour une ville bâ→ tie par les hommes ; & que fon véritable objet est le ciel.

IV. REGLE

lly a des endroits dont lefens prophétique eft feul l'immédiat & le littéral.

Ondes endroits dans PEcri ture, & fur tout dans les pro phetes, qui ne font point sus ceptibles d'un fens hiftorique. Pour lors vouloir leur en don ner un, c'eft ignorer ce que c'eft qu'un fens immédiat, & aller directement contre les regles qui fervent à découvrir le fens des Ecritures, & fur tout contre les deux regles précé dentes.

N a déja remarqué qu'il y

Le fens qu'on appelle immé,

diat, doit être perpétuel & fuivi. Il ne faut pas le prendre en certains points, & l'abandonner dans beaucoup d'autres. Il ne faut pas le croire poffible, quand il eft interrompu par des obftacles qu'on ne fçauroit furmonter; & il ne faut pas le donner comme fondé dans la lettre, lorfque c'est la lettre même qui le combat.

Le fens immédiat ne differe de celui dont il eft le voile, que par la grandeur & la majesté. Il eft moins profond, mais il eft vrai. Il ne remplit pas toute l'énergie du texte, mais il n'y eft pas oppofé. Il conduit à une prophétie plus augufte, mais il n'y eft pas un obftacle. Il prépare à l'intelligence des myste

res,

au lieu d'en détourner l'ef prit, ou de l'aveugler.

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Eri confultant ces regles, on reconnoîtra d'abord que Salo mon, & fon alliance avec la fille du roi d'Egypte, ne peuvent être l'objet immédiat du

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