qu'aux marguilliers, qu'aux gens de la fabrique, aux bedeaux; mais on devine bien qu'il n'agit avec cette modération dans le choix des personnes que par un simple conseil de prudence. En vérité, il visc plus haut, et il atteint le but qu'il vise: il eût suffi de la volonté ferme du curé pour arrêter les désordres. Voici le début de cette pièce, où il apostrophe les marguilliers: Laïques, vautours des églises, Sans chausses, souliers ni chemises, Vilains corbeaux des cimetières, Et je veux tracer dans mes vers Dont on use dans les fabriques. Toute cette colère s'était émue à l'occasion des exigences de deux marguilliers de Saint-Paul. Un M. Menant, auditeur des Comptes, un autre marguillier, jadis maçon, avaient entrepris de régler le poids et la forme des pains bénits. Il était enjoint aux fidèles de présenter ces pains bénits à l'inspection de ces juges avant qu'on les portât à l'église. Ils devaient être bien. larges et bien épais, bien étoffés de beurre frais. Un seul pâtissier, Flechenes, pouvait les faire au gré de la fabrique; par une convention dont les marguilliers profitaient, il s'intitulait effrontément le pâtissier de la fabrique. Nous apprenons par cette satire que la dévotion des paroissiens à l'égard du pain bénit s'était bien refroidie. Jadis il était ample, chacun des gens d'Église en emportait des chanteaux dont leur famille, dont leurs voisins pouvaient largement se repaître. Aujourd'hui : Les principaux et les plus riches, Quatre pains bénits à corniches. Le marguillier qui se plaint n'y voit qu'un moyen : il faut déclarer hérétique quiconque offrira des pains si petits; il faut établir dans la fabrique des mouleurs de pains bénits. Hélas! tous les bons usages périssent, tous les revenus vont en diminuant; les droits sur les enterrements ne produisent plus autant qu'autrefois. Jadis on payait d'après l'étendue des bières; les héritiers esquivent la loi en brisant les jambes aux morts. Si l'on veut, dit-il, que nous puissions vivre, Enterrons les morts à la livre. Boileau disait de Paris: Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville; Marigny nous apprend qu'il faisait cher mourir à Paris. Pour appuyer ce qu'il avance, il nous donne la discussion des frais d'un enterrement. La somme totale monte à deux mille livres. Voici le détail de ce qu'on peut avoir pour un si gros denier: trente prêtres, enfants gris, rouges et bleus, tapisseries, grands chandeliers, belle argenterie, bea x ornements brodés, la croix de Ficubet avec la grosse sonnerie, sièges, sacristains, pain bénit, carreaux de serge et de velours, plaques façon d'argent, plat d'argent et la tasse avec la serviette de lin pour offrir le pain ct le vin, étoffe dans la nef, De profondis en musique, Requiem en faux bourdon, le chant du Pie Jesu, huit vingt billets d'enterrement. Voilà, en effet, bien de la cérémonie, voilà une belle pompe, mais deux mille écus, dit le payeur: La somme est forte J'aimerais, ma foi, presque autant Que ma femme ne fût point morte. Il s'étonne qu'on demande cent francs pour l'ouverture de la terre; il s'indigne des droits de présence du curé: Il n'y fut point, nul ne l'y vit. Il y fut présent en esprit : Sa présence spirituelle, Se paie comme corporelle. Il réclame contre ces exactions, il s'emporte contre cet infâme monopole honteux à la religion; il menace la fabrique des arrêts du Parlement; c'est au parquet qu'il veut débattre et arrêter les parties de l'Église. Peine inutile, cris superflus : il faudra bien qu'il paie ces droits; on les paiera longtemps encore après lui. |