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de Louis XI., rapporté par Naudé (1) montre qu'ils y avaient pour la valeur de 2425 Escus d'or, en livres. Ausfi avaient-ils déjà élevé le plus beau monument de l'imprimerie naisfante, le Pfeaus tier de 1457, dont la première page est imprimée en trois couleurs, bleu, rouge, et pourpre (2). Tout le Livre est orné d'un grand nombre d'arabesques de diverfes nuances, qui flattaient agréablement la vue et attiraient cette forte d'acheteurs, dont l'ignorance pouvait au moins s'amufer à contempler une variété de couleurs. Depuis près de quatre fiècles on est parvenu à donner aux caractères ne forme plus élégante, (et quelquefois peutêtre moins favorable à l'oeil,) mais par fes autres accesfoires ce Pfeautier est et fera toujours reconnu comme un chef-d'oeuvre.

Non contens d'en avoir donné trois éditions ils esfayèrent de rivalifer avec Guttemberg, célèbre par l'énorme édition du Cath licon. Par modestie, ou par dérifion, ils intitulèrent Opusculum deux

énor

(1) Ce Diplôme daté du XXI Avr. 1475, est dans les Additions à l'histoire de Louis XI, contenart plufieurs recherches curienfes fur diverses matières par Ga b, Naudé, dans les Supplèm. aux Mém de Commines, T. 3. p. 101 et Marchand, Hift. de l'imp. p. 93 T. 2.

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(2) Le fac fimile de cette page fe trouve dans le fuperbe Catalogue de Spencer cité plus haut, T. I. P. 107.

énormes volumes in folio de la Bible vulgate en 1462. Leur fociété exista jusqu'en 1467. Fust s'étant rendu à Paris y mourut; Schoeffer et fon fils continuèrent leurs productions. Le premier publia plus de 40 ouvrages, fuivant la liste qu'en donne Lambinet (1).

Les villes Germaniques exploitèrent avidement cette nouvelle mine, qui récélait des tréfors pour des génies inventifs et prudens. On á des éditions de Bamberg, en 1461 (2), d'Augsbourg 1466 (3), et Senfenschmidt, à Neuremberg en 1474 (4). Le correcteur de ce dernier André Frisner (5) devint, en 1479 Profesfeur en théologie, à Leipzig. Il y transporta une presfe, la première de cette ville, et légua fon atelier aux Dominicains. Les termes de fon Testament dignes d'être cités, comme une fingularité, feront une diverfion à l'aridité de nos détails actuels.

(1) T. I. p. 234.

(2) Noyez notice d'un livre imprimé à Bamberg par Camus, 1799, 4to.

(3) Biblia Latina, J. Bemler.

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(4) J. R. Gruninger, imprimeur à Strasbourg 1484 1527. a commis plufieurs erreurs, qui pourraient tromper les Bibliographes: il existe de lui un livre Allemand von dem Chirurgicus, portant la date de 1397 au lieu de 1497, voyez Biogr. Univerf., T. 18. P. 556.

(5) Textus Biblicus cum glosfà ordinarid, 6 vol. in fol. réimprimé cinq fois, dans l'espace de 30 ans.

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tucls. Item, je légue et donne mon coffre de fer, mes presfes, mes inftrumens et mes autres utenciles et meubles d'imprimerie avec vingt florins pour plier Dieu pour mon âme, et pour procurer aux religieux, le jour qu'ils feront la cérémonie de mes obféques, un meilleur diné qu'ils n'ont coûtume d'avoir dans le refectoire du prieur (1).

En 1479 il y avait déjà au moins dix imprimeurs à Cologne (2). En général, le long de Rhin, i exiftait durant le XV fiècle plufieurs typographes remarquables. La caufe de ce phénomène doit être cherchée dans la munificencé dé plufieurs Mécènes puisfans qui cultivèrent et encouragèrent dans cette contrée tous les genres de littérature. Philippe IV, Electeur Palatin et Jean Dalberg, évêque de Worms, fondèrent la première Academie connue

en

(1) A. Peignot, dans la Biographie Univerfelle citée plus haut, au mot Frisner.

(2) Il y a un livre fort rare et fort curieux de Jofeph Hartzheim; Bibliotheca Colonienfis in qua vi tae et libri type vulgati et manufcripti recenfentur om. nium archidiocefeos Colonienfium indigenarum et incola. rum fcriptorum: accedunt vitae pictorum, chalcographo • rum et typographorum, Colon, 1747 folio. Une liste asfez exacte des premiers imprimeurs Allemands est rap portée par G. C. B. Busch, Handbuch der erfidunn. gen, Eifenach, 1803, T. 2. p. 2. p. 272. Ulrich Zell, imprima à Cologne en 1466, un Chryfostomus ad Pf. 50, décrit par Dibdin, Catal. Spencer, T. 3.

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en Allemagne; elle porta le nom de fociété littéraire du Rhin; prit foin de règler la langue Allemagne, et jetta les fondemens d'un vocabulaire, fous Maxi milien I. (1)

CHAPITRE III.

Origine et progrès de l'imprimerie en Italie.

Scriverius dans fon Laurecrans pour Kos ter (2) affirme que l'Italie ignora la nouvelle invention avant 1468. Il fe trompe, en 1465 (3), Conrad Swyenheim, Arnold Pannartz et Ulric Hahn, ouvriers de Mayence établirent les premiers un atelier, fous le pontificat de Paul II, dans le monastère de Soubiac, où des religieux allemands leur avaient donné l'hospitalité (4). Ils eurent un protecteur généreux en Jean André Bus

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(1) Voyez Revoluzione della Germania, di Carolo Denina (Firenze) 1804), T. 3. capo XV. p. 336. (2) p. 84 ap. Wolf, I. 1. p. 384.

(3) Il n'existe aucune édition Italienne avant 1465 En 1817, on vendit à Touloufe chez Mac Carthy un Ptolomaei Cosmographia Bononiae, 1462, (No. 3874, du Catalogue.) Cette date est] fautive. L'édition est de l'année 1482, c'est la conjecture du bibliothécaire de Lord Spencer, Dibdin, I. c. et celle de J. Bapt. Bernhard dans Aretin. Beyträge zur gefchichte und Litteratur, T. 5. p. 497.

(4) Marchand, Hift. de l'imprim. T. I. p. 54,

fi, natif de Vigevano, (1) devenu enfuite évêque d'Alèrie en Corfe. Ils débutèrent par un Lactance avec fousfcription du 30 Octobre 1465 (2). Un de leurs asfociés fut bientôt invité à choifir fon domicile à Rome. Sous le Pontificat du prédécesfeur de Paul II il aurait été imprudent de s'y établir, puisque Pie II. (mort en 1664) loin de proté ger les lettres, négligea entièrement la Bibliothèque du Vatican, ne fachant trop, difait-il, fi les collections de livres font plus utiles que nuifibles aux affaires humaines (3).

Le Cardinal de Turrecremata confia à leurs presfes fes méditations et fes Commentaires. Ses collègues l'imitèrent. La maifon d'un fameux favant du tems, Philippe de Lignamine leur fervait de retraite. On attira de nouveaux imprimeurs, tellement que depuis 1471-1475 on comptait déjà plus de vingt imprimeurs, qui s'empresfaient de publier les éditions des Pères, et étaient fecourus dans la correction par plufieurs érudits du tems.

Com

(1) Denina, Revoluz. della Germ. T. 3. p. 342, il fe trompe en indiquant pour époque, l'an 1458.

(2) Panzer, Annal., T. p. 405. Cette partie de notre apperçu est traitée avec une étendue et une exactitude qui ne laisfe rien à défirer dans la Storia della Letteratura Italiana del Girolamo Tirabofchi, Roma 1783. 4to. T. VI. p. 1. p. 141. Les dates ont été revues par Mercier de St. Leger, le continua teur de Marchand.

(3) Aeneas Sylvius, Cosmographia, c. 72.

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