CÉLIE, à Lélie, après avoir parlé bas ensemble. Ah! dieux! s'il est ainsi, qu'est-ce donc que j'ai fait? Je dois de mon courroux appréhender l'effet. Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris, pour ma vengeance, Le malheureux secours de mon obéissance, Et, depuis un moment, mon cœur vient d'accepter Un hymen que toujours j'eus lieu de rebuter. J'ai promis à mon père; et ce qui me désole.... LELIE. Il me tiendra parole. SCÈNE XXIII. GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE. LELIE. Monsieur, vous me voyez en ces lieux de retour, LELIE. Quoi! monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir? Ma fille en suit les lois. CÉLIE. Mon devoir m'intéresse, Mon père, à dégager vers lui votre promesse. GORGIBUS. Est-ce répondre en fille à mes commandements? SCÈNE XXIV. VILLEBREQUIN, GORGIBUS, CÉLIE, LELIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE. GORGIBUS. Qui vous amène ici, seigneur Villebrequin? VILLEBREQUIN. Un secret important que j'ai su ce matin, Qui rompt absolument ma parole donnée. GORGIBUS. Brisons là. Si, sans votre congé, Je ne vous puis celer que ma fille Célie Dès long-temps par moi-même est promise à Lélic; VILLEBREQUIN. Un tel choix me plaît fort. LÉLIE. Et cette juste envie D'un bonheur éternel va couronner ma vie... A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi! DON GARCIE, prince de Navarre, amant ÉLISE, confidente de done Elvire. de done Elvire. DONE ELVIRE, princesse de Léon. DON ALPHONSE, prince de Léon, cru prince de Castille,sous le nom de don Sylve. DONE IGNÈS, comtesse, amante de don Sylve, aimée par Mauregat. DON ALVAR, confident de don Garcie, amant d'Élise. DON LOPE, autre confident de don Garcie, amant d'Élise. DON PEDRE, écuyer d'Ignès. La scène est dans Astorgue, ville d'Espagne, dans le royaume de Léon. DONE ELVIRE. Non, ce n'est point un choix, qui, pour ces deux amants, Sut régler de mon cœur les secrets sentiments; Et le prince n'a point, dans tout ce qu'il peut être, Ce qui fit préférer l'amour qu'il fait paroître. Don Sylve, comme lui, fit briller à mes yeux Toutes les qualités d'un héros glorieux; Même éclat de vertus, joint à même naissance, Me parloit en tous deux pour cette préférence; Et je serois encore à nommer le vainqueur, Si le mérite seul prenoit droit sur un cœur: Mais ces chaînes du ciel qui tombent sur nos ames, Décidèrent en moi le destin de leurs flammes; Et toute mon estime, égale entre les deux, Laissa vers don Garcie entraîner tous mes vœux. ELISE. Cet amour que pour lui votre astre vous inspire, N'a sur vos actions pris que bien peu d'empire, Puisque nos yeux, madame, ont pu long-temps douter Qui de ces deux amants vous vouliez mieux traiter. DONE ELVIRE. De ces nobles rivaux l'amoureuse poursuite, A de fâcheux combats, Élise, m'a réduite. Et vouloit réparer, par ce foible avantage, Ce qu'au fond de mon cœur je lui faisois d'outrage. Son secret révélé vous est une matière A donner à vos vœux liberté tout entière; Et vous pouvez, sans crainte, à cet amant confus, DONE ELVIRE. Il est vrai que j'ai lieu de chérir la nouvelle Qui m'apprit que don Sylve étoit un infidèle, |