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agrandissait un peu nos frontières aux limites du 17 janvier 1792, on ajoutait les cantons de Chimay, Sarrebrück, Sarrelouis, Landau, Annecy, Chambéry. C'était près d'un million d'àmes. Ce traité n'était point précisément une humiliation; la France cessait d'être « gigantesque pour redevenir grande », et le lendemain, 31 mai, Talleyrand écrivait à la princesse de Courlande : « J'ai fini la paix avec les quatre grandes puissances; les trois accessions ne sont que des broutilles. A 4 heures, la paix a été signée. Elle est très noble, faite sur le pied de la plus grande égalité... Mes amis et vous à la tête, vous devez être contents de moi »> (1).

Talleyrand exagérait sur le point relatif à l'égalité. L'article premier secret du traité disait en effet : « La disposition à faire des territoires auxquels S. M. T. C. renonce par l'article III du traité patent, et les rapports desquels doit résulter un système d'équilibre réel et durable en Europe seront réglés au Congrès sur les bases arrêtées par les puissances alliées entre elles... » La France ne faisait point partie des puissances alliées, et c'est ainsi qu'on l'excluait d'avance des discussions de Vienne. On devait la laisser quelque temps hors de la société européenne, tant on craignait qu'elle n'y causât du trouble et de la mésintelligence.

C'était là, certainement, une atteinte à notre dignité, mais l'Europe, à qui nous avions fait tant de mal, pouvait nous le rendre avec usure. Elle s'est contentée d'une blessure d'amour-propre et a respecté notre intégrité nationale, en reconnaissant que notre existence était nécessaire à la sienne; elle ne pouvait pas rendre un hommage plus éclatant à l'influence bienfaisante de l'Equilibre.

(1) Talleyrand, Mémoires, II, 181.

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de l'Angleterre. L'ambition prussienne et le traité de Kalisch.

Grandeur d'âme de l'empereur Alexandre.

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Désintéressement

L'Equilibre et la

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Elles sont un remarquable champ d'application pour l'Equilibre européen. La Prusse veut la Saxe; la Russie, la Pologne. — L'Angleterre est prête à seconder la Prusse, mais veut sauver la Pologne. La France ne désire la perte ni de la Saxe, ni de la Pologne. L'Autriche favorise d'abord la politique prussienne. Déclaration du prince Repnin. Revirement dans la politique générale. La Saxe et la prépondérance maritime de l'Angleterre. Celle-ci pousse la Prusse sur le Rhin. Note prussienne réclamant la Note autrichienne en réponse. Note de Talleyrand.

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Saxe.

Affaire polonaise, position des puissances. Memorandum de Castlereagh. Réponse du tzar. Repartie de l'ambassadeur anglais. Transfert du roi de Saxe sur le Rhin. La France et l'alliance du 3 janvier 1815. Contre-projet autrichien sur la Saxe. Prusse y renonce. La Russie garde la Pologne. l'Angleterre.

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La

Regrets de

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Projet de déclaration finale.

Principales dispositions de l'acte du

Congrès de Vienne. L'Angleterre et les Pays-Bas. - Union de la

Belgique et de la Hollande. La Prusse voisine de la France. Reconstruction de cette monarchie.

Sa constitution.

-

La Suisse.

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Rivalité avec l'Autriche.
Confédération germanique.
Neutralité perpétuelle. La Sardaigne et Gènes. Le plénipoten-
tiaire espagnol ne signe pas l'acte final. Le concert européen.
Jugement sur le Congrès de Vienne.

Dans le délai de deux mois, disait le traité de Paris, toutes les puissances qui ont été engagées de part et d'autre dans la présente guerre enverront des plénipotentiaires à Vienne pour régler dans un Congrès général les arrangements qui doivent compléter les dispositions du présent traité » (1).

Le Congrès fut d'abord renvoyé au 1 octobre. On trouve dans un acte semi-officiel du temps, le plan général des travaux de cette grande assemblée. Ce document reconnaît qu'il ne faut pas la modeler sur celles qui l'ont précédée, qu'elle est plus solennelle et d'une compétence plus étendue; puis il énumère les principales affaires qui devaient occuper les délibérations. C'était :

« Le rétablissement général ou partiel de la Pologne, comme Etat indépendant;

Le sort du Roy de Saxe, et de quelques autres États allemands;

<<< La Constitution fédérative des États de l'Allemagne; « Le sort et les limites de la Belgique;

« Le sort des divers États de l'Italie;

(4) Art. XXXII du tr. patent, op. cit. p. 170. Il en résultait que tout ce qui n'était pas implicitement énoncé au tr. de Paris, n'était pas, à la rigueur, de la compétence du Congrès de Vienne.

«Les prétentions de l'Espagne aux duchés de Parme et de Plaisance;

«La restitution d'Olivenza demandée par le Portugal; L'organisation de la Suisse ;

«L'abolition de la Traite des nègres;

«Et peut-être des mesures à prendre contre la piraterie des États barbaresques» (1).

Il est bien certain que nous nous occuperons seulement de ce qui pouvait être une manifestation de l'Équilibre. Déjà on a pu juger par les actes qui ont préparé le Congrès de Vienne, par le traité de Paris surtout, qui en est comme la préface, quel rôle considérable devait jouer notre doctrine dans cet aréopage européen. Théoriquement, elle devait présider ses travaux et voir son nom inscrit au frontispice de tous les protocoles. Nous devons examiner si la réalité a été telle qu'on l'espérait, et dans ce cas, si les combinaisons créées ont assuré la tranquillité de l'Europe.

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L'Angleterre, l'Autriche, la Prusse, la Russie, les Quatre, comme on les appela, furent le premier noyau du concert européen.

Au Congrès de Châtillon, ces Etats s'étaient donné le mandat de parler au nom de l'Europe, et ils entendaient bien garder ce droit à Vienne. Ils comprenaient que pour mettre de l'ordre sur le continent; il ne fallait pas laisser chaque puissance maîtresse de le disposer à sa guise, sinon on risquait fort de retourner à l'anarchie. Par le premier article secret du traité de Paris, celui que Talleyrand

(1) Angeberg, op. cit., p. 363, 364.

feignait de ne point connaître, elles avaient exclu la France de leurs conférences intimes. Nous représentions trop pour elles, à ce moment, le désordre et le bouleversement, pour qu'on pût nous admettre à discuter des mesures contre la désorganisation générale. C'était introduire l'ennemi dans la citadelle même qu'on bâtissait et qu'on fortifiait contre lui.

Notre exclusion pourtant n'était pas absolue.

On devait nous soumettre, quand on serait d'accord, le plan de reconstruction de l'Europe. Nous pouvions l'approuver ou non; mais dans le cas de la négative, nos observations et nos protestations devaient nécessairement rester sans influence puisqu'elles se heurteraient à une volonté inébranlable. L'Espagne, la Suède, le Portugal avaient souscrit aux mêmes conditions.

Dès leur arrivée à Vienne, les plénipotentiaires des Quatre précisèrent ces arrangements : « La disposition sur les provinces conquises appartient par sa nature même aux puissances dont les efforts en ont fait la conquête... C'est pourquoi il est de la dernière importance de n'entrer en conférence avec les plénipotentiaires français que lorsque cet objet sera entièrement terminé (1). »

Une pareille situation ne pouvait convenir au représentant de Louis XVIII, le prince de Talleyrand, qui mit une habileté merveilleuse à faire écouter la voix de la France. Toutefois il s'en fallut de peu en somme qu'après avoir payé les violons, nous n'assistions pas à la danse. Nous entrâmes dans le concert des puissances, au mois de janvier 1815; mais auparavant des échanges nombreux de notes entre les cabinets représentés à Vienne, avaient

(1) Protocole séparé de la conférence du 22 septembre 1814. p. 250.

cit..

Op.

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