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n'avait pas été rendu compte préalablement dans les conférences des huit puissances (1).

Ce refus marque une étape dans le système du concert européen qui, depuis Châtillon, se dessine en traits de plus en plus marqués. Nous retrouverons bientôt ce système. D'autres transactions sont intervenues à Vienne, relatives aux duchés à laisser en souveraineté à l'impératrice Marie-Louise, à la déposition de Murat, à la reconstitution du royaume des Deux-Siciles, aux indemnités dues à la Bavière;... mais ces questions, importantes pour l'amour-propre d'une puissance, n'altéraient pas l'ensemble de la balance des forces et n'eurent point d'influence décisive sur leur répartition.

Le Congrès fut obligé de laisser incomplets certains travaux qu'il avait entrepris ; et quelques personnes parlèrent d'ajourner au temps où ces travaux pourraient être achevés la signature de l'acte général; Talleyrand s'y opposa de toutes ses forces (2).

Il estimait qu'en faisant sanctionner les promesses et les principes nouveaux, qu'on avait fait serment de garder dans les prochaines relations internationales, il mettrait un frein aux avidités et aux injustices qui déjà se manifestaient au milieu des troubles, des bouleversements de la seconde campagne de France. Ce fut le premier hommage rendu à l'œuvre de 1815. Les critiques étaient plus nombreuses. Les uns pensaient qu'on avait trop fait; d'autres pas assez. Gentz a porté le jugement le plus sarcastique. Quand il tenait la plume officielle, il écrivait de grandes phrases sur la « reconstruction de l'ordre social »,

(1) Le roi d'Espagne accéda pleinement aux actes du Congrès de Vienne par une déclaration expresse du 7 mai 1817.

(2) Rapport au Roi de Gand à Paris. Mém., III, 193, 201.

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la « régénération du système politique de l'Europe » (1); dans sa correspondance officieuse, le confident de Metternich se montre plus sceptique, et envisage tristement l'avenir la paix est peu probable, on a créé des revirements arbitraires dans les possessions des États, on a sacrifié les faibles aux puissants, « les Quatre » n'étaient au fond d'accord que lorsqu'il s'agissait de donner la loi aux autres » (2). Et Gentz pensait en somme que ce n'était qu'un arrangement provisoire; cependant il reconnaissait que certains détails pénibles étant maintenant surmontés, et le terrain aplani, rien n'empêcherait désormais les cabinets de travailler en grand.

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ministre des Pays-Bas, de la Prusse, de l'Autriche.

la Russie. Sa modération.

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Belle politique de l'Angleterre.

Ultimatum des Alliés. - Réponse des plénipotentiaires français. — Nouvelles exigences des coalisés. Transaction du 20 novembre.

II. La Sainte-Alliance.

La Sainte-Alliance et le traité de Chaumont. Le concert européen. Appréciation de Gentz. -Les Congrès Aix-la-Chapelle. la

France dans le concert européen.

L'intervention.

(1) V. Memoires de Metternich, II, 474.

(2) Dépêche du 26 juin à l'hospodar, 1, 153, 156.

III. La Question d'Orient.

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La Turquie et le Congrès de Vienne. - L'insurrection grecque de 1821. Incertitude des puissances. D'abord hostiles, elles soutiennent ensuite les revendications helléniques. Raisons de cette politique. L'Egypte. L'intervention du concert européen, -L'intégrité de l'empire ottoman. La France protège l'Egypte et sort du concert européen.

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IV. – La révolution belge 1830.

Séparation de la Hollande et de la Belgique.

Londres.

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Conférence de

Les puissances reconnaissent l'indépendance de la Belgique. Elles intéressent l'Europe à la garde de ce pays en proclamant et en garantissant sa neutralité perpétuelle.

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Quand on apprit à Vienne le débarquement de l'Empereur Napoléon; le comité des huit se réunit, et Metternich déclara: «que Napoléon s'était constitué ennemi du repos public » (9 mars). Le 13, une déclaration officielle livrait l'Empereur à la vindicte publique et le mettait hors la loi; puis les puissances promirent à la face de l'Europe, que le traité de Paris du 30 Mai et tout ce qui avait été réglé et stipulé à la suite de ce traité serait invariablement maintenu. Dans ce but, elles conclurent le 25 mars une alliance générale, à laquelle Talleyrand accéda le 27, au nom de Louis XVIII (1). Seules, la cour de Madrid, qu'on

(1) Talleyrand s'en excusait et disait que l'Europe se déclarant l'alliée du roi et de la nation française, toute idée de conquête sur nous n'était plus possible. » Au roi. Mém., III, 166.

refusa d'admettre aux actes subséquents comme partie principale, et la Suède, n'adhérèrent pas aux dispositions militaires, que l'Europe prenait unanimement contre nous.

En France, on répondit par des paroles d'apaisement: Napoléon écrivait aux souverains, ses frères, que « la justice assise aux portes des divers Etats suffirait seule désormais pour en garder la frontière » (1) et Caulaincourt disait. au ministre de Bavière, que la France ne devait plus être pour personne un objet d'inquiétude (2). Mais la présence seule de Bonaparte semblait impliquer le désordre, et à tout prix on voulut le renverser. Cette ingérence choqua quelques membres du Parlement anglais. Liverpool fut obligé d'expliquer aux lords que « les nations de l'Europe pouvaient dire à la France, non pas quel gouvernement elle devrait avoir, mais quel gouvernement, elle ne devait pas avoir. La distinction est claire et évidente de soi » (3). La guerre fut déclarée à la France.

Il n'y eut pas de négociations sérieuses pour la paix avant le milieu du mois de juillet. Le 12, les quatre grandes puissances ouvrirent des conférences pour fixer l'ultimatum à nous imposer; les États de second ordre furent soigneusement exclus de ces débats. On peut se demander quels étaient les sacrifices qu'il s'agissait d'exiger de nous, puisqu'on était convaincu, à Vienne, de la nécessité de respecter le traité de Paris. On n'avait pourtant pas attendu la bataille de Waterloo, pour oublier ces promesses.

Le 15 avril, on pouvait lire dans une proclamation du gouvernement général des provinces prussiennes : Ce n'est pas pour lui rendre des princes dont (la

(1) 4 avril 1815. Angeberg, p. 1017.

(2) Lettre au comte de Montgelas, op. cit., p. 4081 (16 avril 1845). (3) Séance du 23 mai. The parliamentary debats, v.

p. 450, dans Villemain, Souvenirs... II, p. 197.

France) ne veut pas que nous armons aujourd'hui... c'est pour diviser cette terre impie» (1). A la même époque, le Mercure Rhénan demandait l'extermination de « cette bande de cinq cent mille brigands... Le monde ne peut rester en paix tant qu'il existera un peuple français ». Au mois de mai, le baron Gagern déclarait que la France était la première de toutes les grandes monarchies par ses ressources intérieures, si bien « que l'Europe entière réunie contre elle était à peine un adversaire assez puissant... Si nos armes sont bénies, nous sommes autorisés à espérer un plus heureux résultat que celui de la paix de Paris » (2).

Aussi, en août, dans un mémorandum remarquable, le ministre des Pays-Bas revendiquait avec passion les garanties que la France devait donner à l'Europe : On a promis, disaitil, de compléter les dispositions du traité de Paris du 30 mai 1814 et de les garantir contre toute atteinte, or <«<le but principal de la paix de Paris, n'était certainement pas le ménagement du soi-disant honneur français... Une pacification durable, une juste répartition de forces, l'Equilibre de l'Europe, sa tranquillité, voilà quel était le but; et l'événement a prouvé sur-le-champ qu'on avait mal calculé encore, qu'il fallait toute cette réunion de forces pour dompter. (Refaisons) un système d'Equilibre » (3). Otons

(1) Debidour, Hist. diplomatique, I. 52. note.

(2) Note annexée au protocole du 13 avril 1815, Angeberg, p. 1073. (3) Op. cit., p. 1490: « La guerre de Trente Ans, poursuit Gagern. était foncièrement une guerre civile en Allemagne. Le parti protestant avait appelé la Suède et la France pour le maintien de l'Equilibre. Ces cours demandèrent à titre de satisfaction des contributions et des cessions qui n'étaient nullement l'objet primitif de la guerre. Nous demandons la même chose à bien plus juste titre et au besoin nous emploierons les mêmes expressions... »

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