L'art du dix-huitième siècle, par E. et J. de Goncourt, Volume 1

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Page 13 - Des marchandes de fleurs passent doucement qui fleurissent à la ronde les corsets et les bouquets de cheveux noués au haut de la tête. Rien de bruyant que des jeux d'enfants aux grands yeux noirs, sautant au pied des couples comme des oiseaux ; petits génies que le poète jette au seuil de ce rêve et de cet enchantement. Ne rien faire qu'écouter son cœur, et laisser parler son esprit, et laisser venir les rafraîchissements, et laisser marcher le soleil, et laisser le monde aller, et laisser...
Page 207 - Il en va , ce me semble , des églogues comme des habits que l'on prend dans des ballets pour représenter des paysans. Ils sont d'étoffes beaucoup plus belles que ceux des paysans véritables ; ils sont même ornés de rubans et de points , et on les taille seulement en habits de paysans.
Page 163 - Messieurs, messieurs, de la douceur. Entre tous les tableaux qui sont ici, cherchez le plus mauvais ; et sachez que deux mille malheureux ont brisé entre leurs dents le pinceau, de désespoir de faire jamais aussi mal.
Page 26 - ... les ciels, les autres faisoient les têtes, ceux-ci les draperies, ceux-là posoient les blancs; enfin le tableau se trouvoit fini quand il pouvoit parvenir entre les mains du dernier. Watteau ne fut alors occupé qu'à ces ouvrages médiocres; il fut cependant distingué des autres, parce qu'il se trouva propre à tout et en même temps d'expédition ; il répétoit souvent les mêmes sujets; il avoit surtout le talent de rendre si bien son...
Page 94 - C'est à peine s'il se donnera le travail de composer son tableau : il y jettera la vérité toute simple, ce qu'il aura sous les yeux, sous la main. Un gobelet d'argent et quelques fruits autour, rien que cela, c'est un admirable tableau de lui. Le brillant, l'éclair du gobelet n'est fait que par quelques touches de blanc égratignées de pâte sèche ; dans les ombres, il ya de tous les tons, de toutes les colorations, des filées d'un bleu presque violet, des coulées de rouge qui sont le reflet...
Page 344 - Il n'ya dans la nature, ni par conséquent dans l'art, aucun être oisif. Mais tout être a dû souffrir plus ou moins de la fatigue de son état; il en porte une empreinte plus ou moins marquée. Le premier point est de bien saisir cette empreinte, en sorte que s'il s'agit de...
Page 165 - ... la nature vivante^ et tout à coup le travail de toutes les années précédentes semble se réduire à rien : on ne fut pas plus emprunté la première fois qu'on prit le crayon. Jl faut apprendre à l'œil à regarder la nature; et combien ne l'ont jamais vue et ne la verront jamais!
Page 305 - Tour détache les boucles de ses escarpins, ses jarretières, son col, ôte sa perruque, l'accroche à une girandole, tire de sa poche un petit bonnet de taffetas et le met sur sa tête. Dans ce déshabillé pittoresque...
Page 210 - ... d'un mot créé expressément pour Boucher : le fouillis. Et pour donner plus de pêle-mêle encore à ses paysages, pour y mettre plus de vie, une confusion et une animation plus étourdissantes, il jettera dans ses ciels des volées d'oiseaux; à terre, il fera battre les poules, aboyer les chiens, courir les enfants dans les cours où le pied glisse sur le grain ; par les chemins, il lancera dans la poussière les marches d'animaux, les caravanes de Castiglione, les sorties de l'arche, l'émeute...
Page 12 - Mais à quoi bon tirer son imagination du spectacle du monde, quand on peut inventer un monde et un poème? Poème unique et ravissant du loisir qui se balance, des entretiens et des chants du bel âge, de l'amusement pastoral et du passe-temps assis! Poème de paix et de tranquillité, où le jeu de l'escarpolette même se meurt, la corde traînant sur le sable... Thélème partout! Et partout Tempé!

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