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que

pofer à un autre ennemi domeftique encore plus incommode, & qu'on ne peut chaffer: car nous ne comptons pas les gens qui ayant du gout pour toutes les bêtes, n'élèvent des chats que pour s'en amufer ; l'un eft l'ufage, & l'autre l'abus; & quoique ces animaux, furtout quand ils font jeunes, aient de la gentilleffe, ils ont en même-temps une malice innée, un caractère faux, un natutel pervers, que l'âge augmente encore, & l'éducation ne fait que mafquer. De voleurs déterminés, ils deviennent feulement, lorfqu'ils font bien élevés, fouples & flatteurs comme les fripons; ils ont la même adreffe, la même fubtilité, le même goût pour faire le mal, le même penchant à la petite rapine; comme eux ils favent couvrir leur marche, diffimuler leur deffein, épier les occafions, attendre, choifir, faifir l'inftant de faire leur coup, fe dérober enfuite au châtiment, fuir & demeurer éloignés jufqu'à ce qu'on les rappelle. Ils prennent aifément des habitudes de fociété, mais jamais des mœurs ils n'ont que l'apparence de l'attachement; on le voit à leurs mouvemens obliques, à leurs yeux équivoques; ils ne regardent jamais en face la perfonne aimée; foit défiance ou fauffeté, ils prennent des détours pour en approcher, pour chercher des careffes auxquelles ils ne font fenfibles que pour le plaifir qu'elles leur font. Bien différent de cet animal fidèle dont tous les fentimens fe rapportent à la perfonne de fon maître, le chat paroît ne fentir que pour foi, n'aimer que fous condition, ne fe prêter au commerce que pour en abufer; & par cette convenance de naturel, il est moins imcompatible avec l'homme.

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qu'avec le chien dans lequel tour eft fincère.

La forme du corps & le tempérament font d'accord avec le naturel; le chat eft joli, léger, adroit, propre & voluptueux; il aime fes aifes, il cherche les meubles les plus mollets pour s'y repofer & s'ébattr: il eft aufli très-porté à l'amour, &, ce qui eft rare dans les animaux la femelle paroît être plus ardente que le male; elle l'invite, elle le cherche, elle l'appelle, elle annonce par de hauts cris la fureur de fes defirs, ou plutôt l'excès de fes befoms; & lorfque le mâle la fuit ou la dédaigne, elle le pourfuit, le mord, & le force, pour ainfi dire, à la fatisfaire, quoique les approches foient toujours accompagnées. d'une vive douleur. La chaleur dure neuf ou dix jours, & n'arrive que dans des temps marqués; c'eft ordinairement deux fois par an, au printemps & en automne, & fouvent auffi trois fois, & même quatre. Les chattes portent cinquantecinq ou cinquante-fix jours; elles

produifent pas en auffi grand nombre que les chiennes; les portées ordinaires font de quatre, de cinq ou de fix. Comme les måles font fujets à dévorer leur progéniture, les femelles fe cachent pour mettre bas; & lorfqu'elles craignent qu'on ne découvre ou qu'on n'enlève leurs petits, elles les tranfportent dans des trous & dans d'autres lieux ignorés ou inacceflibles; & après les avoir allaités pendanż quelques femaines, elles Icar apportent des fouris, de petits oifeaux, & les accoutument de bonne heure à manger de la chair: mais par une bizarrerie difficile à com prendre, ces mêmes mères, fi foigneufes & fi tendres, deviennent

quelquefois cruelles, dénaturées & dévorent auffi leurs petits qui leur étoient fi chers.

Les jeunes chats font gais, vifs, jolis, & feroient aufli très-propres à amufer les enfans, fi les coups de patte n'étoient pas à craindre; mais leur badinage, quoique toujours agréable & léger, n'eft jamais innocent, & bientôt il fe tourne en malice habituelle ; & comme ils ne peuvent exercer ces talens avec quelque avantage que fur les plus petits animaux, ils fe mettent à l'affût près d'une cage, ils épient

les oifeaux, les fouris, les rats, & deviennent d'eux-mêmes, & fans y être dreffés, plus habiles à la challe que les chiens les mieux inftruits. Leur naturel, ennemi de toute contrainte, les rend incapables d'une éducation fuivie. On raconte ncanmoins que des moines Grecs de l'île de Chypre, avoient dreffé des chats à chaffer, prendre & tuer les ferpens dont cette ile étoit infeftée; mais c'étoit plutôt par le goût général qu'ils ont pour la deftruction, que par obéiflance qu'ils chaffoient; car ils fe plaifent à épier, attaquer & détruire affez indifféremment tous les animaux foibles, comme les oifeaux, les jeunes lapins, les levraux, les rats, les fouris, les mulots, les chauve-fouris, les raupes, les crapauds, les grenouilles, les lézards & les ferpens. Ils n'ont aucune docilité, ils manquent auffi de la fineffe de l'odorar, qui dans le chien font deux qualités éminentes; aufli ne pourfuivent-ils pas les animaux qu'ils ne voient plus; ils ne les chaffent pas, mais ils les attendent, les attaquent par furprife; & après s'en être joués long-temps, ils les tuent fans aucune néceflité lors même qu'ils font le mieux nour

ris, & qu'ils n'ont aucun befoin de cette proie pour fatisfaire leur appetit.

La caufe phyfique la plus immédiate de ce penchant qu'ils ont à épier & furprendre les autres animaux, vient de l'avantage que leur donne la formation particulière de leurs yeux. La pupille dans l'homme comme dans la plupart des animaux, eft capable d'un certain degré de contraction & de dilatation; elle s'élargit un peu lorfque la lumière manque, & fe rétrécit lorfqu'elle devient trop vive. Dans l'ail du chat & des oifeaux de nuit, cette contraction & cette dilatation font fi confidérables, que la pupille, qui dans l'obfcurité eft ronde & large, devient au grand jour longue & étroite comme une ligne, & dèslors ces animaux voient mieux la nuit que le jour, comme on le remarque dans les chouettes, les hibouts, &c. car la forme de la pupille eft toujours ronde dès qu'elle n'eft pas contrainte. Il y a donc contraction continuelle dans l'ail du chat pendant le jour, & ce n'eft, pour ainfi dire, que par effort qu'il voit à une grande lumière; au lieu que dans le crépufcule, la pupille reprenant fon état naturel, il voit parfaitement, & profite de cet avantage pour reconnoître, attaquer & furprendre les autres ani

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un lieu dont ils voudroient s'éloi

gner;

d'ailleurs la plupart font à demi fauvages, ne connoiffent pas leurs maîtres, ne fréquentent que les greniers & les toits, & quelquefois la cuifine & l'office, lorfque la faim les preffe. Quoiqu'on en élève plus que de chiens, comme on les rencontre rarement, ils ne font pas fenfation pour le nombre; aufli prennent-ils moins d'attachement pour les perfonnes que pour les maiTons: lorfqu'on les tranfporte à des distances allez confidérables, comme à une lieue ou deux, ils reviennent d'eux-mêmes à leur grenier; & c'eft apparemment, parce qu'ils

en connoiffent toutes les retraites à fouris, toutes les iffues, tous les pallages, & que la peine du voyage eft moindre que celle qu'il faudroit prendre pour acquérir les mêmes facilités dans un nouveau pays. Ils craignent l'eau, le froid & les mauvaifes odeurs; ils aiment à fe tenir au foleil, ils cherchent à fe gîter dans les lieux les plus chauds, derrière les cheminées ou dans les

fours; ils aiment aufli les parfums, & fe laillent volontiers prendre & careffer par les perfonnes qui en portent : l'odeur de cette plante que appelle l'herbe aux chats, les remue fi fortement & fi délicieufement, qu'ils en paroiffent tranfportés de plaifir. On eft obligé, pour conferver cette plante dans les jardins, de l'entourer d'un treillage fermé; les chats la fentent de loin, accourent pour s'y frotter, paffent & repaffent fi fouvent par deffus qu'ils la détruifent en peu de temps.

A quinze ou dix-huit mois, ces animaux ont pris tout leur accroiffement; il font aui en état d'engendrer avant l'âge d'un an, & peuvent s'accoupler pendant toute leur

&

vie, qui ne s'étend guères au-del de neuf ou dix ans; ils font cependant très-durs, très vivaces ont plus de nerfs & de reffort que d'autres animaux qui vivent plus long-temps.

Les chats ne peuvent mâcher que lentement & difficilement; leurs dents font fi courtes & fi mal pofées, qu'elles ne leur fervent qu'à déchirer, & non pas à broyer les alimens; auffi cherchent-ils de préférence les viandes les plus tendres; ils aiment le poiffon & le mangent cuit ou crud; ils boivent fréquemment; leur fommeil eft léger, & ils dorment moins qu'ils ne font femblant de dormir; ils marchent légèrement, prefque toujours en filence & fans faire aucun bruit ; ils fe cachent & s'éloignent pour rendre leurs excrémens, & les recouvrent de terre; comme ils font propres, & que leur robe eft tou jours sèche & luftrée, leur poil s'électrife aifément, & l'on voit fortit des étincelles dans l'obfcurité lorfqu'on le frotte avec la main; leurs yeux brillent aufli dans les ténébres peu près comme les diamans, qui réfléchiffent au-dehors pendant la nuit la lumière dont ils fe font, pour ainfi dire, imbibés pendant le jour.

à

Le chat fauvage produit avec le chat domeftique, & tous deux ne font par conféquent qu'une feule & même efpèce: ils n'eft pas rare de voir des chats mâles & femelles quitter les maifons dans le temps de la chaleur pour aller dans les bois chercher les chats fauvages, & revenir enfuite à leur habitation; c'eft par cette raifon que quelquesuns de nos chats domeftiques reffemblent tout-à-fait aux chats fauvages; la différence la plus réelle eft à l'intérieur, le chat domeftique

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Les Egyptiens révérèrent autrefois le chat comme une divinité : ils l'adoroient fous fa figure naturelle, ou fous celle d'un homme à tête de chat. On puniffoit féverement quiconque tuoit un de ces animaux; & s'il en mouroit un, toute la maifon à laquelle il appartenoit, fe mettoit en grand deuil, embaumoit l'animal, & l'inhumoit avec tous les honneurs de l'apothéose.

On dit, au chat, au chat, quand on veut faire fuir un chat.

On dit populairement d'une femme friande, que c'est une chatte, qu'elle eft friande comme une chatte. MUSIQUE DE CHAT, fe dit, dans le fens figuré, d'une mufique dont les voix font aigres & difcordantes.

On dit figurément & proverbialement, bailler le chat par les pattes; pour dire, préfenter une chofe par T'endroit le plus difficile.

On dit auffi proverbialement & figurément, jetter le chat aux jambes d'une perfonne; pour dire, rejetter la faute fur elle.

On dit encore proverbialement

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On dit auffi proverbialement & figurément, tirer les marons du feu avec la patte du chat; pour dire, faire faire par autrui ce qu'on a peur de faire par foi-même.

On dit encore proverbialement & figurément, à bon chat bon rat; pour dire, bien attaqué, bien défendu.

On dit toujours proverbialement & figurément, que la nuit tous chats font gris; pour dire, que la nuit on ne diftingue pas une belle perfonne d'avec une laide.

On dit encore proverbialement & figurément d'une perfonne qui en épie une autre, qu'elle la guette comme le chat fait la fouris.

On dit auffi proverbialement & figurément de gens qui s'accordent mal enfemble, qu'ils vivent comme chiens & chats.

On dit proverbialement, figurément & familièrement, qu'une fille a laiffé aller le chat au fromage; pour dire, qu'on a rénfi à la féduire.

On dit proverbialement & figurément que quelqu'un éveille le chat

qui dort; pour dire, qu'il rappelle une affaire affoupie, quil court après un danger qu'il pouvoit éviter. Croyez-moi, n'éveillez pas le chat qui dort.

On dit auffi proverbialement & figurément, acheter chat en poche; pour dire, acheter une chofe fans la voir & fans la connoître. Je ne prétends pas acheter chat en poche. PIERRE DE CHAT, fe dit, en Allemagne, d'une efpèce de pierre du genre des calcaires : elle fe trouve dans le Comté de Stolberg, & l'on s'en fert dans les forges pour purifier le fer. CHAT, fe dit, en termes de Marine, d'un gros vaiffeau du nord qui n'a ordinairement qu'un pont, & dont le fond eft rond; fes inats font petits & legers, & il navigue mal; mais il contient beaucoup d'efpace, & porte une charge confidérable. CHAT, fe dit, dans les carrières d'ardoife, de l'ardoife dure & fragile dont on ne peut faire aucun ufage dans la couverture des bâtimens. CHAT, fe dit, dans les Monnoies, de la matière qui coule d'un creufet par accident. CHAT, fe dit, en termes d'Artillerie, d'un inftrument dont on fe fert pour examiner fi les pièces de canon n'ont point de défauts. CHATS, fe dit quelquefois au pluriel des folles fleurs de certains arbres, tels que les noyers, les faules, les coudriers, &c.

Ce monofyllabe eft bref au fingulier, mais long au pluriel.

Le féminin a la première fyllabe brève, & la feconde très-brève. CHATAIGNE; fubftantif féminis. Sorte de fruit produit par le châtaignier, & dont la fubftance eft farinenfe, & l'écorce de couleur brune, tirant un peu fur le rouge..:

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Cet arbre qui, pour l'utilité, ne le céde qu'au chêne, croît naturellement dans les climats tempérés de l'Europe occidentale. On fait avec fon bois qui eft blanc & d'une dureté médiocre, plufieurs ouvrages de menuiferie très-beaux. Il eft excellent pour la charpente: on s'en fert pour la fculpture, il a toutes les qualités néceffaires pour faire des vaiffeaux propres à contenir les liqueurs; quand le chataignier a la groffeur des taillis, on en fait de bons cerceaux. Le bois du chataignier perille au feu, & rend peu de chaleur; fon charbon s'éteint promptement; & fi l'on fait ufage des cendres de ce bois pour la leffive, le linge eft taché fans remède. CHÂTAIN;

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