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Le projet était de placer encore deux dalles dans les endroits où la chapelle s'élargit, la première à gauche devait contenir l'inscription suivante :

PAVIMENTUM HOC
SUMPTIBUS

FABRICE ECCLES. METROP.

DELINEAVIT FECITQUE AUG. COUTIN
DIRIGENTE D. Darcy architeCTONE
ANNO DNI 1898.

Sur la seconde, dont le dessin s'exécute en ce moment, seront représentées les armoiries de Son Éminence Mer Langénieux. Celle-ci occupera le côté droit de la chapelle.

Je me permettrai de faire encore une observation. Les membres de la commission du ministère des beauxarts n'ont pas autorisé, paraît-il, la représentation des armes du Chapitre de Reims. Elles eussent cependant été ici bien à leur place; car il eut été bon, je crois, qu'un dallage imitant les x et XIV° siècles, fût conforme en tous points aux usages du moyen âge, qui ne manquait jamais de faire figurer les armes du donateur sur ce qu'il offrait. C'est aussi cette même commission qui n'a pas autorisé l'inscription mentionnée ci-dessus, ni la signature de l'artiste (1).

En terminant ce rapport, il est bon d'indiquer le procédé qui a servi à son exécution.

La pierre employée est extraite des carrières de Grimault (Yonne); cette pierre, en raison de sa dureté,

(1) Depuis, la Commission du ministère des beaux-arts a décidé qu'on n'ajouterait rien à ce qui existe.

est extrêmement difficile à travailler. Elle se polit très bien, et ses taches ou ses veines lui donnent l'aspect du marbre. Pour éviter l'humidité, on a posé ce dallage sur une couche de béton de 0m20 d'épaisseur.

L'exécution des sujets s'est faite de la manière suivante: Les dessins furent reportés sur les pierres polies. Avec des outils spéciaux et à cause de la très grande dureté de la matière, on a percé des trous de un ou deux millimètres de largeur, suivant le trait à graver, en leur donnant une profondeur de 6 à 8 millimètres. Ces trous, espacés d'un demi-millimètre, suivaient toutes les lignes. du dessin. Cette perforation achevée, on enlevait les petites cloisons qui séparaient les trous, il ne restait plus alors qu'à couper la pierre jusqu'aux contours du dessin, cette opération demande infiniment de précautions afin d'éviter les cassures. Cette gravure, faite à angle droit, est profonde d'un demi centimètre à l'endroit le plus creux de la ciselure. On perça encore des trous qui permirent ainsi d'accrocher le plomb en remplissage.

Cette préparation achevée, le métal fut introduit dans la pierre, et au moyen de coups de marteaux on le fit entrer jusqu'à ce qu'il ait rempli complétement les parties creuses. Le plomb laissé en saillie après ce matage fut coupé, et le polissage spécial commença; c'est alors qu'apparut le dessin, dont la netteté est absolument irréprochable, comme on peut s'en assurer. La pose, qui est le couronnement de ce splendide travail, a demandé de très grands soins d'ajustage. Pour l'exécution de cette œuvre, dont la durée a dépassé deux années, il fallut y apporter des précautions extraordinaires, jointes à un soin minutieux.

Le succès du travail et de la pose ont réussi au delà de toute espérance.

CONCLUSION DU RAPPORT.

D'après ce qui précède, vous avez pu, Messieurs, juger du mérite des compositions de M. Auguste Coutin et en apprécier toute la valeur. Les modèles des costumes, des meubles et des accessoires existent tous dans les cathédrales de Reims et de Paris. M. Coutin, qui, depuis longtemps déjà est un des sculpteurs habitués de Notre-Dame, en connaît et apprécie tous les magnifiques détails. Aussi, la perfection du dessin et l'exactitude de ce qu'il représente ne laissent rien à désirer. C'est une œuvre, en ce qui concerne notre artiste, qui aurait mérité les plus grands éloges à un habile tailleur d'images du moyen âge. Ce dallage, comme je l'ai fait remarquer au cours de mon rapport, mérite d'être loué dans toutes ses parties; la beauté des lignes, l'expression des figures, où la joie, la tristesse, l'étonnement, etc., y sont rendus avec une grande justesse, en les joignant à la réussite parfaite de l'exécution ainsi qu'à sa solidité, sont des qualités assurément dignes de la plus haute récompense que l'Académie tient en réserve pour les travaux les plus remarquables et hors ligne qui lui sont présentés.

Je ne fais pas le moindre doute, Messieurs, que mon humble avis soit partagé par vous tous, et qu'ensemble, nous votions une médaille d'or à M. Auguste Coutin, de Reims.

Reims, 24 juin 1898.

LES CHAMPIGNONS DE L'ARGONNE

Par M. Pierre COLLET, Membre correspondant.

Rapport par M. J. LAURENT, Membre titulaire.

MESDAMES, MESSIEURS,

Si l'Académie de Reims a été constituée pour contribuer au développement des sciences comme à celui des arts et des belles-lettres, il faut avouer que les travaux scientifiques n'occupent plus aujourd'hui qu'une place très secondaire dans ses Mémoires. Il semble que la richesse de nos archives et la splendeur de nos monuments aient détourné, au profit de l'histoire locale, l'activité de notre Compagnie, et cette orientation des recherches retentit jusque dans nos concours. Tandis que poètes et historiens se disputent à l'envi nos suffrages, il est bien rare qu'un mémoire scientifique de quelque valeur soit soumis à notre examen.

Est-ce à dire que l'activité des hommes de science, si remarquable en Champagne de 1840 à 1860 avec des botanistes comme de Belly, Saubinet, Levent, et leur maître à tous, le comte de Lambertye; avec des géologues comme Rondot et Buvignier, des agronomes comme Ruinart de Brimont; avec des chimistes comme Maumené, pour ne citer que des savants de cette période; est-ce à dire que cette activité se soit considérablement ralentie? Il serait peut-être plus juste de reconnaître que le mouvement scientifique, qui convergeait autrefois vers les Académies de province, s'est

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