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statuts présents et futurs de l'Université; de porter honneur et respect à l'Archevêque de Reims, au recteur et au doyen de la Faculté; de maintenir la paix et la concorde, de ne pas trahir les secrets de l'Université, de faire connaître exactement ses nom et prénoms, de dire s'il était en possession de quelque bénéfice ecclésiastique, s'il était d'origine noble, et enfin à quel diocèse il appartenait (1).

Le candidat - scholasticus abordait le principium ou première leçon c'était, dans la carrière à parcourir, le point de départ qui servirait à déterminer l'ancienneté de son titre et de ses droits.

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Dans une seconde épreuve, il avait à répondre sur la tentative. C'était à proprement parler la thèse de baccalauréat, portant sur un sujet dogmatique, avec soutenance et dispute. S'il en sortait vainqueur, il était proclamé bachelier, bacellarius ou baccalaureus sententiarum, parce que son examen avait dû porter spécialement sur les sentences de Pierre Lombard. Il devait alors se présenter devant la Faculté réunie et faire serment d'être fidèle à ses Statuts, de rendre honneur, obéissance et respect au Doyen et aux Docteurs, et porter à son tour un témoignage toujours sincère sur l'aptitude des candidats dont il se ferait l'adversaire dans les disputes théologiques. (Stat. 3-9.)

L'examen de Licence devenait beaucoup plus grave. La théologie positive et scholastique, l'histoire de l'Église et les saintes Écritures, en constituaient la matière. L'épreuve s'échelonnait sur une période de deux ans, allant du 1er janvier au 31 décembre de l'année suivante. Pendant cette période, les bacheliers

(1) Voir à l'Appendice A le texte de ce serment.

avaient à préparer trois actes, deux grands et un petit, - dont le dernier devait précéder la sainte Catherine (25 novembre), tous subis avec le même apparat.

Dans le premier des grands actes, appelé la Patricienne « Actus Patriciana », parce qu'il se tenait devant le Prieur de Saint-Patrice, le candidat devait traiter une question de théologie spéculative; dans le second, qualifié de Grande ordinaire « Actus Majoris Ordinariæ »>, il soutenait une thèse pratique sur la loi divine et positive. Enfin, le dernier acte, appelé Petite ordinaire « Actus Minoris Ordinariæ », portait sur une question de controverse. Toutefois, il était facultatif au candidat, avec l'assentiment de la Faculté, de remplacer cette épreuve par une thèse aulique « Thesis aulica », soutenue dans la grande salle de l'Archevêché « in Aulà », ici-même, sans doute, sous la présidence d'un nouveau docteur qui payait ainsi, au lendemain de son admission, sa dette de bienvenue.

Dans sa première année, l'aspirant ne pouvait subir que l'un des deux grands actes; il choisissait à son gré la Patricienne ou la Grande ordinaire.

Les disputes patriciennes s'accomplissaient sous les auspices du Prieur de Saint-Patrice, chaque année, pendant une période de quinze jours consécutifs, s'ouvrant le jeudi d'après la fète des saints apôtres Pierre et Paul (1).

La prière et les exercices pieux s'interposaient entre ces actes: tous les candidats devaient assister aux

(1) L'acte se terminait par un discours du Prieur de SaintPatrice c'était l'éloge obligé de la théologie et la mise en relief de l'utilité de cette science.

messes, prières publiques et séances, et s'y présenter revêtus de la cape. Les festins en ville étaient sévèrement prohibés; toutefois, une joie paisible n'était point interdite, et le jour de l'épreuve de la Putricienne, l'examiné devait offrir au Prieur un modeste banquet auquel prenaient part le répondant, deux bacheliers - sans doute les opposants et de plus les appariteurs de la Faculté. (Stat. 10 à 23.)

Lorsque les épreuves avaient pris fin, une Assemblée plus solennelle se préparait sous le nom de Paranymphe.

On y invitait le chapitre de Notre-Dame, le présidial, et d'autres corps constitués. Le chancelier convoquait en séance plénière tous les docteurs de la Faculté de Théologie par l'intermédiaire de l'orateur désigné pour la circonstance sous le nom de Paranymphe. Dans une boite de scrutin, fermant à trois clefs, on recueillait tous les suffrages des docteurs qui avaient été présents à deux actes au moins de l'examen de Licence. Le dépouillement du scrutin se faisait avec une scrupuleuse loyauté, et le candidat, s'il méritait d'être admis, était proclamé Licenci", « Licentiatus, » c'est-à-dire qu'il acquérait la licence ou le droit d'enseignement.

Puis, au jour fixé par le chancelier, les candidats reçus à la Licence se réunissaient en corps pour recevoir de lui la bénédiction apostolique et le degré de Licence dont il était donné lecture à haute voix par le premier appariteur de la Faculté. Le premier classé, en son propre nom et au nom des autres, prononçait un discours de remerciement. (Stat. 24-31.)

Le dernier grade, celui du Doctorat, ne comportait plus qu'une épreuve, l'acte des Vespéries « Actus Vesperiarum », ainsi nommé parce qu'il s'accomplissait dans la

soirée. Les thèses de Vespéries comportaient six points ayant trait à l'Écriture sainte, à l'histoire ecclésiastique et à la théologie morale. Deux docteurs déjà en exercice y argumentaient contre le candidat. Celui-ci, dans le même acte, avait dù préalablement répondre sur l'Expectative « Expectativa ». C'est-à-dire que pendant deux heures d'attente, il lui avait fallu discourir et répondre aux attaques de deux bacheliers de second ordre, ayant par conséquent affronté les premières épreuves de licence.

Les séances de promotion au doctorat se tenaient de quinze en quinze jours, et les candidats y étaient examinés dans l'ordre de leur licence. Admis par le jury, les docteurs ne jouissaient de leurs droits qu'après avoir prêté serment, en assemblée régulière, devant le doyen de la Faculté. (Stat. 32-34.)

Ridiculisée par Molière dans la comédie du Malade imaginaire, la réception des docteurs de toutes Facultés n'en était pas moins un acte solennel et plein d'enseignements. La Faculté de Théologie de Reims, fidèle aux usages de Paris, donnait à cette cérémonie un cachet de grandeur. Revêtu de la fourrure des docteurs, précédé des massiers de l'Université et suivi du cortège des bacheliers et des licenciés, le récipiendaire se rendait à la grande salle de Saint-Patrice, et prenait place à un fauteuil. Entouré des docteurs, le doyen de Théologie faisait un discours auquel le nouvel élu devait luimême répondre. Puis à genoux, celui-ci prononçait en latin une formule solennelle qui énonçait tous ses engagements. (1)

(1) Voir à l'Appendice A la formule de serment des doc

teurs.

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Le doyen plaçait alors sur la tête du nouveau docteur un bonnet carré, insigne de sa dignité. Et comme pour prendre immédiatement possession de ses nouveaux droits, celui-ci allait présider une thèse aulique soutenue par un étudiant de la Faculté.

Dès lors, il était en possession de tous ses privilèges; il avait sa place dans les comices de la Faculté, aux assemblées solennelles, dans les processions et aux messes de l'Université.

Il y devait porter le bonnet carré, la toge et l'épomide de fourrure; les réguliers, toutefois, ne pouvaient porter que le premier de ces insignes, et chacun siégeait dans son ordre de réception.

Les Statuts de Mercier n'oublient pas de rappeler aux docteurs en Théologie qu'ils doivent exceller par l'intégrité de leurs mœurs, la probité de leur vie et l'édification de leurs exemples (Stat. 35-37). Ils rappellent que les chaires de professeurs de Théologie seront données aux plus dignes et tracent enfin les fonctions du Syndic et du Secrétaire de la Faculté.

Nous y voyons enfin des clauses et conditions qui devaient partager en deux catégories les docteurs en Théologie de l'Université de Reims dont le nombre, d'ailleurs, n'était point limité.

Les uns, appelés régents, en résidence nécessaire à Reims, et appelés à prêter à la Faculté un concours actif, jouissaient de tous les droits et privilèges attachés à leur titre, mais à la condition expresse d'être exacts aux assemblées et à leurs fonctions universitaires, sans qu'il leur fut interdit cependant d'y adjoindre d'autres ministères, tels que les fonctions de chanoines et de curés. Dans l'intérieur de la Faculté, ils devaient examiner les candidats, présider aux thèses, donner leurs suffrages,

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