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DALLAGE DE L'ANCIENNE CHAPELLE DE ST-REMY

DITE DE ST-JOSEPH

A LA CATHÉDRALE

DE REIMS

Rapport par M. CH. GIVELET, Membre titulaire.

La seconde cathédrale de Reims, commencée par l'archevêque Ebbon (816-851), et achevée par son successeur Hincmar (851-882), fut détruite par un incendie. en 1210. C'est au même endroit, en 1211, que l'archevêque de Reims, Albéric de Humbert, eut l'honneur de poser la première pierre de notre célèbre métropole. Les travaux du nouvel édifice furent poussés avec une telle vigueur, que les chanoines prirent possession du choeur à la fête de la Nativité de Notre-Dame, en 1241, c'est-à-dire trente ans après le commencement des tra

vaux.

Lors de la consécration des chapelles, celle du centre, la plus étendue, fut, comme dans presque toutes les cathédrales, consacrée à la Sainte Vierge, même dans les églises placées, comme à Reims, sous son invocation.

Les deux chapelles qui lui sont contiguës ont reçu pour vocable, celle de droite, le nom de notre archevêque le plus illustre entre tous, saint Remy. Celle de gauche eut pour patron saint Nicaise. Ce fut cet évêque qui, en 401, transférant le siège épiscopal de l'église Saint-Pierre Saint-Paul et tous les Apôtres, pevenue depuis Saint-Symphorien, ce fut cet évêque qui consa

cra sur l'emplacement de la métropole actuelle, qui succédait, dit-on, à un temple païen, sa cathédrale qu'il dédia à la bienheureuse Vierge Marie.

Nos deux grands pontifes ont donc toujours été vénérés près de Notre-Dame, dans les chapelles que leur emplacement a fait considérer comme étant le plus honorable de l'édifice.

La chapelle de Saint-Nicaise a dù, depuis plusieurs années, céder son vocable au Sacré-Cœur, dont on aurait pu, croyons-nous, dresser la statue derrière le tabernacle, à sa véritable place, dans la chapelle qui est consacrée sous l'invocation de Notre-Dame Immaculée (1).

C'est là que l'on conserve le Saint Sacrement. Avec cet arrangement, les reliques de saint Nicaise et celles de ses compagnons martyrs seraient restées dans leur chapelle primitive.

De l'autre côté, à gauche de la chapelle centrale, celle de saint Remy, depuis aussi longtemps que celle de saint Nicaise, recevait les hommages des fidèles. Les reliques de sainte Cilinie, mère de saint Remy, étaient déposées sur le retable de l'autel. La statue de saint. Joseph remplace donc aujourd'hui les restes vénérés de sainte Cilinie.

La figure en pierre de saint Joseph est un don du cardinal Gousset, qui l'avait fait placer sur un socle isolé devant le pilier où se trouve la séparation du sanctuaire du reste de la chapelle de Notre-Dame des Sept

(1) Les trois fenêtres de cette chapelle, ornée de vitraux peints représentent, dans celle de gauche, l'arbre généalogique de la Vierge Mère de Dieu, dans celle du centre, les principales scènes de sa vie, et dans la troisième des légendes miraculeuses racontées par Gautier de Coincy, trouvère du xe siècle.

Douleurs. Là, se voient aujourd'hui les statues en plâtre décorées de la Sainte Vierge, connue sous le nom de Notre-Dame de Lourdes, et celle de sainte Philomène. La première de ces deux statues serait mieux, il me semble, dans la chapelle de Notre-Dame Immaculée. Ce déplacement permettrait de substituer à la statue de Notre-Dame de Lourdes celle de saint Antoine de Padoue, qui se trouve dans le transept nord, près d'une porte constamment ouverte qui met les fidèles dans un courant d'air que beaucoup voudraient éviter, ainsi que le dérangement causé par le va-et-vient des visi

teurs.

C'est donc après plus de six siècles, puisque c'est depuis 1240 environ, que saint Remy et saint Nicaise étaient, à bon droit, titulaires de ces chapelles construites dans cette partie la plus respectable de l'église.

Est-ce qu'en conservant le vocable de saint Remy dans cette chapelle, on n'aurait pas pu y joindre celui de saint Joseph, et les statues des deux titulaires, posées sur des socles, auraient accompagné l'autel de chaque côté ? Alors, sur le retable, derrière le tabernacle, on aurait trouvé un endroit convenable pour y exposer les reliques de sainte Cilinie.

Aujourd'hui, la décoration de la chapelle est à peu près terminée, puisqu'il ne reste que deux fenêtres qui attendent des vitraux. En modifiant le plan primitif, l'une d'elles, la troisième, pourrait recevoir des scènes de la vie ou de la légende de saint Remy. Il y aurait encore, en l'honneur de saint Joseph, la majeure partie de la décoration de la chapelle. L'autel, son retable, la vitre centrale, en attendant une seconde, le pavé et les murs portant dans leurs décorations les lettres S. J., répétées un très grand nombre de fois. Ces initiales.

seront là pour indiquer à première vue que saint Joseph est vénéré dans cette chapelle.

Que l'autorité ecclésiastique veuille bien me pardonner les idées que je viens d'émettre; ce sont celles d'un vieux Rémois qui, loin de vouloir rejeter les dévotions nouvelles, a le désir de les voir s'ajouter aux anciennes, sans les faire oublier. Malgré ce qui précède, il ne faut cependant pas croire que saint Remy et saint Nicaise ont été expulsés de notre cathédrale. Dans les chapelles voisines des leurs, on a joint leurs noms à ceux des anciens titulaires en les peignant sur une espèce de médaillon ou cartouche placé dans le baldaquin qui surmonte l'autel. Avec S. Remigius, il y a S. Nicolaus. De l'autre côté de l'abside, S. Nicasius est avec S. Calixtus. On conviendra que c'est peu pour des saints qui sont la gloire de l'Église de Reims, d'autant plus que ces vocables, peints en petits caractères, sont placés à contre-jour devant des vitres blanches qui rendent ces inscriptions tout à fait invisibles pour ceux qui n'ont pas une excellente vue, ou qui ne savent pas d'avance où l'on a placé ces noms.

Tout ce qui précède m'a bien éloigné de mon sujet et m'a fait oublier que je ne suis chargé que de faire le rapport de la commission sur le dallage artistique de l'ancienne chapelle de Saint-Remy, aujourd'hui de Saint-Joseph.

Ce rapport m'est d'autant plus agréable à faire que je n'ai que des éloges à donner à M. Auguste Coutin, habile sculpteur rémois, en ce qui le concerne personnellement dans ce magnifique travail.

Ici, comme pour tout ce qui se fait dans la cathédrale, l'artiste est obligé de suivre très exactement les indications que lui donne l'architecte diocésain. Le choix des sujets à représenter a donc été imposé à

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