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époque déjà, les collèges n'étaient pas, comme primitivement, des lieux d'asile où de pauvres écoliers trouvaient le vivre et le couvert; mais des leçons s'y donnaient par des maîtres à demeure ou qui venaient du dehors pour y enseigner (1). - Le contrat d'acquisition mentionnait que « l'hostel et la place vuide estoient chargés des charges foncières et anciennes, tant seulement». C'est qu'en effet ils faisaient partie de la censive de l'abbaye de Sainte-Geneviève qui en avait la justice et seigneurie, et, en cette qualité, percevait tous les ans à la Saint-Remi 12 d. p. de fonds de terre pour l'hôtel, autant pour la place, et une rente de 14 sols 6 d. p. Aussi, en 1445, le procureur du comte, Michel Benoit, se dessaisit de l'hôtel en faveur de l'abbaye, à laquelle fut payée une somme de 200 1., « tant pour l'admortissement comme pour la vente (2) ».

Il ne faut s'étonner médiocrement du silence fait autour du Collège à ses débuts. La situation politique était gravement compromise, les désordres causés par les Armagnacs et les Bourguignons, pendant lesquels le Collège fut pillé, puis la guerre de Cent-Ans, ne causèrent

(1) FRANKLIN. La vie privée d'autrefois, Ecoles et Collèges. Paris, 1892, p. 30 et suiv.

(2) LE GRAND. Ouvrage cité, p. 26. J'ai relevé dans le censier de l'abbaye, conservé aux A. N. (S. 1618-1629), quelques dates pour ce paiement. En 1415, le Collège de Reims paya, en effet, 16 s. 7 d.; et de même en 1416. De 1416 à 1422, les registres manquent. En 1422, nouveau paiement; rien jusqu'en 1426. En 1427 et 1428, les écoliers du Collège sont portés sous la rubrique defaillans de paier du terme de St Remy »; de même en 1431, 1432 et 1433. Pas de registre en 1434, portés défaillans en 1435 et 1436; pas de registre jusqu'en 1446. De nouveau ils payèrent en 1446, 1447, 1448, 1449. Ces dates indiquent assez la situation plus ou moins prospère de l'établissement.

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partout que ruines et désastres. Paris fut dans une situation lamentable, et l'heure ne fut pas propice pour l'essor et la prospérité des études. La paix d'Arras, en 1435, et enfin la trève de cinq ans avec l'Angleterre ramenèrent enfin le calme en 1444; et bientôt Charles VII s'occupera de l'Université et des réformes à y introduire. - Le Collège de Reims n'était pas la seule fondation pieuse en faveur des pauvres maîtres et écoliers du diocèse. Dès le xm° siècle, m° Gautier de Launoy avait fondé un «Collège de Rethel », en leur donnant un hôtel sis rue des Poirées, et 6 1. 18 s. p. de rente. Et plus tard, au milieu du XIVe siècle, Jeanne du Chatel, femme de Raoul de Presles, fondait pour quatre écoliers du comté de Porcien quatre bourses dont elle et ses successeurs devaient avoir la collation, et auxquelles un revenu suffisant était assuré sur « certains héritages situés à Vailly (1). » Mais de tout cela nous ne savons rien ou peu de chose, nous n'avons aucun document original pour nous éclairer, ce n'est que dans des pièces très postérieures que nous en voyons la mention. Disons seulement que le Collège de Rethel

(1) Vailly, dans l'Aisne. Raoul de Presles, grand clerc, et un des conseillers de Philippe le Bel, y possédait plusieurs domaines. De concert avec Jeanne du Chatel, sa femme, il employa en œuvres pieuses une partie de sa fortune; il s'occupa aussi de l'instruction de son pays natal, en fondant à Paris le collège de Presles pour des étudiants pauvres du Laonnais et du Soissonnais. Il dut mourir vers 1330; et pendant son veuvage, sa femme continua à être la bienfaitrice du Collège; elle envoya à « l'estude » à Paris des écoliers, chanoines de l'abbaye de Saint-Jean des Vignes, et donna à cette dernière un four à Vailly. Elle mourut en 1347. Rien d'étonnant à ce qu'elle ait pensé à fournir des moyens de secours aux étudiants du Porcien, assez proche de la contrée qu'elle habitait et qu'elle comblait de bienfaits.

était à « l'ordonnance de l'abbé de Saint-Denis de Reims et du grand prieur de Saint-Remy »; mais pendant les guerres et les troubles, direction, revenus, bâtiments même, tout était tombé et abandonné: personne ne demeurait plus en « l'ostel de Rethel »; les quatre boursiers de Porcien n'avaient pas de logis, et la fondatrice n'avait aucun héritier connu. Telle était la situation en 1443. Cette même année, sur les instances et les conseils de Gérard Machet (1), son confesseur, Charles VII rendit une ordonnance datée d'Amiens, qui réunissait au Collège de Reims le Collège de Rethel, et les quatre bourses de Jeanne de Presles, avec leurs droits, rentes et revenus, en ajoutant que « la collation des bourses et institution des offices estre réservée et doresnavant appartenir à l'arcevesque de Reims... et que difficile chose seroit d'assembler à chascune fois et accorder led. abbé de Saint-Denis et le grand prieur de Saint-Remy, lesquels ont, le temps passé, laissé le college de Rhetel, rentes et revenus venir en ruine sans y donner provision (2) ». Grâce à cette sage mesure, le Collège de Rethel put retrouver, au moins pour quelque temps, un regain de vie. Il avait conservé son administration et ses officiers particuliers. En effet, en 1446, Pierre Fournier, procureur du Collège de la Marche, fit comparaître devant le prévôt de Paris Nicolas Gossemart et Thomas Jarson (3), procureurs du Collège de Rethel, pour traiter du rachat d'une rente de 10 l. 17 s., perçue chaque année par le dit Collège sur leur hôtel de la rue Sainte-Geneviève. La somme, fixée

(1) Gérard Machet fit partie du conseil du roi de 1436 à 1444. (2) Pièce justificative III.

(3) Très probablement neveu du chancelier, second fils de sa sœur Marion. (Voyez H. JADART, ouv, cité.)

à 102 fr. 12 s. p., fut remise « ès mains de me Jaques Benart, comme en mains de justice »; Gossemart protesta en vain, et ce ne fut qu'en juillet 1448 qu'elle fut délivrée définitivement à Thomas Gerson (1). Tels sont les seuls documents que nous ayons sur le Collège de Rethel; il dut partager dans la suite la fortune de celui de Reims, et nous aurons l'occasion de le citer de temps. à autre. Mais après le xv° siècle, il ne figure plus que rarement dans les pièces, et peu souvent d'une façon spéciale.

Cependant le Collège de Reims vivait; il est douteux qu'il fût très prospère, les quelques documents que nous ayons sur lui à la fin du xv° siècle nous le montrant sous un aspect peu florissant. Nous avons très heureusement un cahier de comptes (le seul de cet époque) qui nous est parvenu en bon état de conservation; aussi est-il besoin de le feuilleter et de l'interroger assez longuement (2). Comme organisation intérieure, on rencontre les officiers ordinaires des collèges. En tète, le « maistre » qui n'a pas encore à ce moment le titre de principal, et au-dessous de lui le procureur, tous deux nommés par l'Archevêque de Reims, qui dans ses lettres de collation se qualifie de « provisor et administrator (3) ». A cette époque (1467-1471), le maître nous parait jouer un rôle assez effacé. Ses fonctions consis

(1) Pièce justificative IV.

(2) Pièce justificative V.

(3) Aucune mention de chapelain. Il faut noter cependant que dès 1415, le cardinal de Pise, alors légat du Saint-Siège, avait accordé aux étudiants du Collège la faculté d'avoir un ou deux chapelains quorum collatio et institutio ad eosdem pleno jure pertinebit», détail intéressant, car plus tard, en 1454, des lettres royales réservèrent cette nomination à l'Archevêque de Reims. (Pièce justificative II.)

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taient surtout à tenir le Collège en louage, en quelque sorte, de l'archevêque, auquel il était tenu de payer une redevance fixe; à lui ensuite à trouver des pensionnaires ou locataires qui le rémunérassent suffisamment pour l'indemniser. Le procureur était principalement chargé de la gestion financière et devait tenir compte des sommes lui passant par les mains, tant en recettes qu'en dépenses. A époques fixes, sans doute, ou plutôt à certaines dates déterminées par l'archevêque, il devait « rendre ses comptes », et le prélat nommait alors deux délégués pour les examiner, les clore et les approuver.

Parcourons maintenant le compte de me Simon Caynet, maître ès arts, chanoine de Reims, étudiant en l'Université de Paris, et qui fut procureur des Collèges de Reims et de Rethel «uniz ensemble », de janvier 1467 à novembre 1471. Pendant quatre ans, de 1466 à 1470, le Collège de Rethel rapporta en location 34 1. 4 s. p. ; aucun détail malheureusement sur sa situation, son aspect extérieur, sa distribution intérieure ; à peine savons-nous, par des sommes payées pour réparations, qu'il s'y trouvait une étable, un bac pour les chevaux, et... des cheminées! c'est peu. Ajoutons aussi que tous les ans il payait à l'Hôtel de Ville une rente de 60 s. p. et 2 s. de « fons de terre ». Nous sommes mieux renseignés pour le Collège de Reims. Tout d'abord, nous avons l'assurance de constructions élevées depuis le sac de 1418, car on y distingue le « neuf corps d'ostel» du « vieil ». Un nommé Pierre Marie y fut maitre jusqu'en 1468, pendant vingt et un mois environ; à ce titre il se trouvait redevable vis à vis de l'archevêque de 60 fr. par an, que ce dernier, « eu esgard que durant icelluy temps furent disperséz les escoliers de ceste Université pour la peste », réduisit à

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