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Cette période est une des plus pauvres en documents, et jusqu'en 1741, époque où m° Vatry démissionna, nous n'avons rien à signaler. Les finances étaient prospères, car le total des recettes est sensiblement supérieur à celui des dépenses, et c'est à peine s'il faut mentionner quelques réparations en 1737. La maison qui servait de logement aux officiers tombait en ruines; elle fut entièrement reconstruite. Sur l'avis de l'architecte, on l'agrandit et on l'améliora considérablement; aussi fut-on dans l'obligation de prendre de nouvelles dispositions pour le logement du principal. Le 4 mars 1738, après avoir entendu mo Nicolas Piat (1) et l'abbé Lemoine, docteur et « senior» de la Maison de Sorbonne, et sur les représentations de m° Vatry, l'archevèque accordait à ce dernier le rez-de-chaussée et le premier étage des nouveaux bâtiments en entier, le second étage et les mansardes restant loués au profit du Collège; mais pour éviter les inconvénients du partage, il lui en laissait l'entière jouissance, à charge de 320 1. représentant la valeur locative du second étage et des mansardes (2).

En 1741, m Vatry se démit de ses fonctions de procureur, et un autre boursier, qui deux ans après devenait à son tour principal, le remplaça dans ces fonctions. C'était Ponce-François Copette (3). Une des raisons de

(4) Maitre Nicolas Piat, vice-recteur de l'Université, avait été nommé commissaire délégué le 8 novembre 1735.

(2) En 1763, cette maison fut louée en totalité à un sieur Dubois, maitre de pension, qui payait 900 1. par an de loyer.

(3) Un seul acte nous est resté de la gestion de l'abbé Copette comme procureur du Collège; c'est une déclaration des biens du Collège faite au prévot des marchands le 29 mai 1742, par suite d'une taxe de mise sur les revenus. Le total se montait à 4,548 1. 45 s. On en trouvera le détail, Pièce justificative XXXVIII.

la détermination de m' Vatry avait été sa nomination au poste d'inspecteur du Collège Royal. Ce n'était, du reste, qu'un simple brevet, révocable à la volonté du roi qui l'avait accordé. Ces fonctions consistaient à parapher un registre restant entre les mains du concierge du Collège, sur lequel les professeurs inscrivaient leur nom avant de commencer leurs leçons, à l'audition desquelles l'inspecteur n'était tenu d'assister qu'une fois par mois. Cette nomination n'entraînait donc nullement de plein droit la vacance de la place de principal, mais tout en se soumettant entièrement à tout ce que l'archevêque pouvait exiger de lui, m Vatry, dans une conversation avec un des familiers du cardinal, avait laissé entendre qu'il lui était impossible de conserver la place de procureur, et qu'il faudrait dès maintenant faire choix d'un bon administrateur. C'est alors qu'on songea à l'abbé Copette. Déjà distingué par l'archevêque qui l'avait envoyé à Paris, puis nommé professeur de rhétorique à l'Université de Reims, m° Vatry et plusieurs autres avaient pu être témoins de ses qualités et aptitudes; aussi personne plus que lui ne paraissait capable de remplir cette fonction, et même de succéder plus tard dans celle de principal. Il avait du reste été formé et guidé par m° Vatry, dont il serait le digne continuateur. La situation du Collège devenait assez précaire, les maisons dont il tirait revenus exigeaient de grosses réparations; il fallait un homme habile, sous peine de voir la ruine arriver insensiblement (1). L'économie et la réduction des dépenses paraissaient être le seul remède à apporter. Sur huit boursiers il en restait quatre, auxquels il est vrai, depuis quelques

(1) Pièce justificative XXXVI.

années, on avait pu ajouter un cinquième, mais qui devait terminer ses études cette mème année. On envisagea le moyen de réduire toutes les bourses à deux, dont une de la fondation Gerbais, indépendante des revenus propres du Collège; mais il fallait pour cela attendre la vacance des deux autres, et les titulaires devaient en rester possesseurs jusqu'en 1743. Par cette réduction, les dépenses se verraient diminuées de 700 1. par an. Du côté des officiers il y avait projet de supprimer le principal. En cumulant les trois fonctions, il touchait comme procureur et chapelain environ 400 1., et 7 à 800 comme principal; or, la seule fonction essentielle était le soin du temporel avec l'acquit des messes; en supprimant le principalat on réduisait encore la dépense de 800 1.; en tout 1,500 1. environ; exemple suivi du reste par le Collège d'Autun. D'un autre côté, René Vatry tenait à conserver encore sa charge de principal, mais à se voir remplacer à la procure et pour les messes, ce qu'on n'aurait pu lui accorder que par reconnaissance des services qu'il avait jadis rendus au Collège. Mais tous ces projets, consignés dans un mémoire du temps, restèrent lettre morte; ils eussent d'ailleurs singulièrement compromis le prestige du Collège, quoique fort sages et pleins de bon sens (1). D'ailleurs, le choix de m Copette comme principal dut lever toutes les hésitations; il préféra lutter et se mit courageusement à l'œuvre.

Ponce-François Copette était né à Rethel en 1744, de Gilles Copette et Anne Barthélemy, sa femme. Il avait commencé ses études à Reims, et était venu à dix-huit ans à Paris pour achever son éducation au Collège de

(1) Pièce justificative XXXVII.

Reims. En 1743, il était procureur depuis deux ans, maître ès arts et bachelier en théologie; il était en licence lorsque me René Vatry, alio evocatus officiorum que varietate districtus, démissionna. L'archevêque choisit alors l'abbé Copette comme le plus apte à le remplacer, et l'installation solennelle du nouveau principal eut lieu le 4 février de cette même année. Le procès-verbal de la cérémonie nous a été conservé, et les détails en sont assez curieux pour mériter qu'on s'y arrête (1).

Le commissaire délégué réunissait les boursiers, et après leur avoir expliqué les événements divers qui avaient motivé l'élection, il ordonnait lecture des lettres de provision, puis celle des statuts de la réforme de la Faculté des Arts qui réglementaient les attributions des principaux des Collèges, et enfin s'adressait au récipiendaire :

Quæro nunc a te, magister Copette, an primariatum tibi a serenissimo principe hujus collegii provisore ac superiore collatum, accipias?

R. Accipio.

Puis:

Accede ergo ad sacramentum.

Le nouvel élu s'approche alors du bureau où le commissaire est assis et couvert, et là, debout, tète découverte et la main sur les Évangiles, il prète le

serment suivant :

Juras quod primariatum collegii Remensis fideliter exercebis ad decus et utilitatem dicti collegii tam in temporalibus quam in spiritualibus, quodque observabis et observari curabis statuta Universitatis ac præclara

(1) Pièce justificative XXXIX.

Artium Facultatis communa ab ipso rege tradita et in supremi senatus tabulis velata, tanquam statuta hujusce collegii propria in quantum statutis Universitatis non adversabuntur?

R. Juro.

Puis, en lui plaçant le bonnet sur la tête :

Et ego, nomine et auctoritate supra memorati serenissimi principis archiepiscopi ducis Remensis, cujus vices gero hac in parte, instituo te hujus collegii Remensis primarium, quam fieri potest optima forma, id est eodem jure quo tui decessores quo cæteri omnes Universitatis Parisiensis primarii instituti sunt et instituuntur ; lui mettant en mains les clefs du Collège :

Accipe has collegii claves, ut scias tibi tanquam provido patri familias commissum esse hanc domum quam auctoritate paterna regas, vigilantia tuearis, prudentia gubernes et administres ;

celles des archives:

Accipe claves chartophylacii, ut intelligas te titulorum, jurium, et possessionum hujusce collegii positum esse custodem et vindicem;

le livre des statuts :

Accipe librum statutorum, ut scias tibi sedulo invigilandum ne quid hic in bonos mores, instituta majorum, Universitatis leges rectamque hujus collegii disciplinam peccetur;

enfin en l'embrassant:

Det tibi Dominus spiritum sapientiæ et charitatis, ut quæcumque sunt vera, quæcumque justa, quæcumque sancta, si qua virtus, si qua laus discipline, cogites.

Le nouveau principal prenait ensuite place à droite du commissaire et commençait ses fonctions en entonnant le cantique Benedictus avec l'oraison commune et

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