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Trois ans après, la paix d'Utrecht (11 avril 1713), confirmée par le traité de Rastadt (6 mars 1714), dépossédait l'électeur de Bavière et attribuait à l'Autriche les Pays-Bas espagnols.

On sait le rôle effacé de la politique extérieure de la France pendant la minorité de Louis XV et la régence du duc d'Orléans.

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Ce ne fut qu'en 1726, lors de l'arrivée aux affaires du cardinal Fleury, dont le long ministère (1726-1743) ferait l'envie des ministres éphémères de nos jours, que cette politique reprit un peu d'activité. Elle conserva toutefois, au début, un caractère tout pacifique. « Il (Fleury) laissa tranquillement la France réparer ses pertes et s'enrichir par un commerce immense, sans faire aucune innovation, traitant la France comme un corps puissant et robuste qui se rétablit de lui-même.» (VOLTAIRE).

Déjà, par le traité de Séville (9 novembre 1729), Fleury avait su conjurer une guerre générale en détachant l'Espagne de l'Empereur; mais, le 10 mars 1731, la succession de Parme s'ouvrait par la mort du dernier duc Farnèse. L'empereur Charles VI, après avoir tenté de leurrer la France par l'offre du Luxembourg (1), se retourna vers l'Angleterre et l'Espagne et en obtint la réalisation de son vœu le plus cher, la fameuse Pragmatique (1731), c'est-à-dire le droit de sa fille MarieThérèse à tout son héritage. Charles VI n'ayant pas de fils, la maison d'Autriche devait s'éteindre avec lui, dernier descendant måle de Charles Quint.

En 1733, la guerre de la succession de Pologne oblige Fleury à sortir de sa réserve. Il soutient la candidature de Stanislas Leczinski, beau-père du roi Louis XV; il envoie deux armées, l'une sur le Rhin, commandée par Berwick (prise de Kehl, 1734), et l'autre en Italie, commandée par Villars. Mais la paix de Vienne (1738) met Auguste de Saxe sur le trône de Pologne et donne à Stanislas Leczinski, comme fiche de consolation, les duchés de Lorraine et Bar.

(1) LAVISSE et RAMBAUD. Histoire générale du IV° siècle à nos jours, tome VII (1715-1788), page 98.

La rivalité de la France et de l'Angleterre, se disputant les colonies d'outre-mer, celle de l'Autriche et de la Prusse, amènent la fameuse guerre de Sept-Ans (1756-1763). Au début de cette guerre et en échange du concours qu'elle demandait à la France pour l'aider à reconquérir la Silésie, Marie-Thérèse lui offrait Mons et consentait à ce que la place de Luxembourg füt démantelée.

On sait les résultats de la guerre de Sept-Ans. Un des plus marquants fut le renom de grande puissance militaire acquis par la Prusse, grâce au grand Frédéric. « Les Hohenzollern, aux mains prenantes, ne cesseront pas d'agrandir leur domaine. La guerre de Sept-Ans a été le point de départ de l'unité allemande. » (LAVISSE et RAMBAUD, tome VII, page 257).

Tous ces mouvements de troupes, tous ces combats se passaient bien près du Luxembourg. Mais, par une heureuse fortune, ils ne le touchaient pas directement.

Cependant la France sentait si bien quel magnifique appoint aurait apporté à ses armes la possession de la forteresse, qu'elle suivait, avec une attention constante, année par année pour ainsi dire, tous les travaux qui s'y faisaient, toutes les modifications que les Autrichiens apportaient dans les anciens plans de ses fortifications.

Aussi trouvons-nous, dans les archives que nous avons dépouillées, de nombreuses traces de ces préoccupations.

Voici, en effet, quelques titres des principaux mémoires et plans dressés par des officiers français pendant la période de 1728 à 1794.

1728 à 1730. Général DE BAUFFE. Plans des nouveaux projets de fortifications que les Impériaux sont occupés de faire. 1739.-MAMIEL. Mémoires sur les ouvrages ajoutés à Luxem bourg en 1729. - Plan de Luxembourg relatif à la reconnaissance de cette place.

1729. CORMONTAIGNE. Note sur la reconnaissance ordonnée par Monsieur d'Asfeld en 1729.

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1729. MAMIEL. Plan du grand front de Luxembourg, avec les sept redoutes et les contremines auxquelles on travaille.

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1736. Général DE BAUFFE. Lettre au comte de Patin, viceprésident de la Chambre souveraine de Malines, du 25 avril 1736, sur les fortifications. Mémoires sur l'état présent de Luxembourg.

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taque. 1747.

Mémoire pour servir à prendre Luxembourg

QUERLONDE fils.
BÉLIDOR.

Projet d'attaque de Luxembourg.

Lettre et mémoire relatif à un projet d'at

D'ARRAS, maréchal de camp, commandant à Longwy. Etat des postes à occuper aux environs de Luxembourg et pour inonder le Paffendal.

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1764. - FINETTI. Atlas des bâtiments militaires de Luxembourg.

1763 à 1791. Mémoires, remarques sur la Forteresse. Plans et dessins.

1794.

MAUGIN, adj'.

Projet du siège de Luxembourg. (En marge de ce mémoire une note de la main du lieutenant-colonel Augoyat porte: « Ce projet ne vaut rien et le plan pas grand chose. »

1793. CUREL, directeur des fortifications. Lettre d'envoi d'un mémoire sur la place.

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1795. BIZOT-BRICE. Observations sur les projets pour la campagne prochaine.

1793. FAVART D'HERBIGNY.

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pour l'attaque.

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CHAPITRE IV.

La Révolution Française.

Napoléon Ier.

BLOCUS DE LA FORTERESSE PAR LES ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE (1794-1795).

Sous le règne de l'empereur François II, le 20 avril 1792, l'Assemblée législative française déclara la guerre à l'Autriche; après la bataille de Valmy, et surtout après la victoire de Jemmapes (6 novembre 1792), qui leur donna accès dans les Pays-Bas, où elles furent très bien accueillies, les troupes françaises pénétrèrent dans le pays de Luxembourg, dont les habitants étaient restés fidèles à la cause autrichienne. En 1793, Arlon tomba en leur pouvoir. La bataille de Fleurus (26 juin 1794) et la prise du fort de Rheinfels (2 novembre 1794) avaient rendu les Français entièrement maitres de la rive gauche du Rhin, à l'exception des deux places de Luxembourg et de Mayence. D'après les ordres du comité de salut public, en même temps que le général Michaud, à la tête de l'armée du Rhin, commençait l'investissement de Mayence, le général Moreau, commandant en chef de l'armée de la Moselle, s'approcha de Luxembourg et la division du général Debrun en commença le blocus le 21 novembre 1794. Indépendamment de son importance réelle, Luxembourg devenait une conquête d'autant plus précieuse pour les républicains que, depuis longtemps, cette forteresse était le grand dépôt des armées autrichiennes et le pivot de toutes leurs opérations sur cette partie de la frontière. La garnison autrichienne qui défendait Luxembourg était sous les ordres du vieux maréchal baron de Ben

der, gouverneur de la province de Luxembourg, âgé de quatre-vingt-deux ans, fameux par la conquête facile et rapide du Brabant en 1787; le commandant de la place était le feld-maréchal-lieutenant de Schroder. La garnison comprenait 11 à 12,000 hommes de toutes armes.

Le général Moreaux, enlevé par une fièvre putride, devant Luxembourg, le 22 pluviôse an III (10 février 1795), y fut remplacé à la fin du mois de mars par le général Hatry, à la tête des trois divisions de l'armée de Sambre-et-Meuse, qui vinrent prendre la place de l'armée de la Moselle. Le 11 ventose, 4,000 hommes de la garnison font une grande sortie et engagent un combat opiniàtre, mais ils sont repoussés après avoir subi des pertes considérables. En floréal, les troupes françaises resserrèrent le blocus; toutefois, elles ne purent prendre la place de vive force. Mais le manque de vivres-les magasins militaires étant presque complétement épuisés-et la privation de tout bois de chauffage, amenèrent la reddition de la ville, qui capitula le 7 juin 1795, après avoir attendu en vain, pendant sept mois, une armée de secours (1).

On trouva dans la place une artillerie considérable : 467 bouches à feu en bronze, 352 en fer et une grande quantité de fusils, pistolets, mousquetons, avec des munitions de toute

nature.

Voici dans quels termes élogieux pour les défenseurs de la place le maréchal Soult qui commandait alors une brigade de l'armée de siège- rend compte dans ses mémoires des opérations auxquelles il avait assisté (tome I, page 208) :

Cette place (Luxembourg), où toutes les combinaisons de l'art ont été épuisées pour tirer parti de son heureuse position, était regardée comme inexpugnable. Elle avait pour gouverneur un guerrier célèbre, le maréchal Bender, 12,000 hommes de garnison,

(1) Consulter pour les détails de ce second siège de Luxembourg par les Français l'intéressante monographie de MM. ZELLE et Arthur KNAFF: Die Blockade der Festung Luxemburg durch die Truppen der französischen Republik. 1794.-1795. (Publications de la Section historique de l'Institut grand-ducal. Vol. XLII.)

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