leur que de goût, plus de mouvement que de charme : on y remarque quelques heureuses imitations de Virgile, mais en général de l'embarras et de la prolixité. Quelques auteurs modernes se sont exercés dans l'Héroïde, mais presqu'aucun nes'y est exclusivement consacré, ce qui prouve la difficulté d'un genre où il faut sans cesse lutter contre l'ingratitude du sujet. Il faut pourtant savoir gré à ceux qui ont eu assez de ressources dans l'imagination et dans le style pour trouver dans l'Héroïde le secret de plaire et de toucher. (Héloise , dans sa cellule du Paraclet, est censéa occupée à lire une lettre d'Abeilard; elle y répond.) Da Ans ces lieux habités par la simple innocence, me trompais; j'aime, je brûle encore. à mes yeux si connus, Je les baise cent fois, cent fois je les ai lus: Helas! je De sa bouche amoureuse Héloïse les préssê... Prisons où la vertu, volontaire victime, veux, Au moment où j'ai lu ces tristes caractères, fifacer. Tantôt je crois te voir, de myrte couronné, par l'autre oubliés ! détestant et pleurant leur victoire, 14 Ils fouleront aux pieds et l'amour et la gloire! Partage mes regrets... je gémirai des tiens. L'écho suit les amans malheureux et fidelles. Le sort, nos ennemis ne peuvent nous ravir e; Le plaisir douloureux de pleurer, de gémir; Nos larmes sont à nous... Nous pouvons les répandre. pour toi...pour toi seul que couleront mes larmes ; Aux pleurs des malheureux Dieu trouve-t-il des charmes? Ecris-moi, je le veux:ce commerce enchanteur, Tome XI. 2 Cet art de converser sans se voir, ni s'entendre, par la chaleur d'une lettre éloquente: Le sentiment s'y peint sous les doigts d'une amante; Son cæur s'y développe; elle peut sans rougir Y mettre tout le feu d’un amoureux desir. Hélas! notre union fut légitime et pure; On nous en fit un crime, et le ciel en murmure! A ton cæur vertueux quand mon cæur fut lié, Quand tu m'offris l'amour sous le nom d'amitié, Tes yeux brûlaient alors d'une douce lumière; Mon ame dans ton sein se perdit toute entière: Je te croyais un Dieu, je te vis sans effroi; Je cherchais une erreur qui me trompât pour toi. Ah! qu'il t'en coûtait peu pour charmer Héloïse! Tu parlais... à ta voix tu me voyais soumise; Tu me peignais l'Amour bienfaisant, enchanteur... La persuasion se glissait dans mon cour: Hélas ! elle y coulait de ta bouche éloquente; Tes lèvres la portaient sur celle d'une amante. Je t'aimai... je connus, je suivis le plaisir; Je n'eus plus de mon Dieu qu’un faible souvenir. Je t'ai tout immolé, devoir, honneur, sagesse: J'adorais Abeilard, et, dans ma douce ivresse, Le reste de la terre était perdu pour moi; Mon univers, mon Dieu, je trouvais tout en toi. |