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Sans avoir revu ma compagne
Deux fois dans la triste campagne
L'ombre a bruni le vert des bois.
Ah! que Laure vive et m'oublie!
Laure, si tu perdais la vie,
Hélas ! je la perdrais deux fois.

Penchée à travers la feuillée,
Laure entendit ce triste chant :
Joyeuse à la fois et troublée,
Elle vole vers son amant.
La brebis que tu m'as donnée,
Par quelque berger détournée,
N'est qu'en ce moment de retour.
Ah! s'écrie aussitôt Philène,
Les vents ont emporté ma peine,
Et n'ont laissé que mon amour.

Par SAINT-Péravi.

LES PLAISIRS DU RIVAGE,

imitation de Moschus.

ASSIS

ASSIS au rivage des mers,
Quand je sens l'amoureux Zéphire
Agiter doucement les airs,

Et souffler sur l'humide empire,
Je suis des yeux les voyageurs;
A leur destin je porte envie:
Le souvenir de ma patrie
S'éveille et fait couler mes pleurs.

Je tressaille au bruit de la rame
Qui frappe l'écume des flots;
J'entends retentir dans mon ame
Le chant joyeux des matelots.

Un secret desir me tourmente
De m'arracher à ces beaux lieux
Et d'aller sous de nouveaux cieux
Porter ma fortune inconstante.

Mais quand le terrible aquilon
Gronde sur l'onde bondissante;
Que dans le liquide sillon
Roule la foudre étincelante,
Alors je reporte mes yeux
Sur les forêts, sur le rivage,
Sur les vallons délicieux

Qui sont à l'abri de l'orage;
Et je m'écrie: heureux le sage
Qui rêve au fond de ces berceaux,
Et qui n'entend sous leur feuillage
Que le murmure des ruisseaux!

Par LEONARD,

LE HAMEAU.

RIEN n'est si beau
Que mon hameau:

Oh! quelle image!

Quel paysage

Fait

pour Vateau!

Mon hermitage

Est un berceau

Dont le treillage
Couvre un caveau.

Au voisinage

C'est un ormeau Dont le feuillage Prête un ombrage A mon troupeau; C'est un ruisseau

Dont l'onde

pure

Peint sa bordure

D'un vert nouveau.

Mais c'est Sylvie

Qui rend ces lieux
Dignes d'envie,
Dignes des dieux.

Là chaque place
Donne à choisir
Quelque plaisir
Qu'un autre efface.
C'est à l'entour
De ce domaine
Que je promène
Au point du jour
Ma souveraine.

Si l'aube en pleurs
A fait éclore

Moisson de fleurs,
Ma jeune Flore
A des couleurs
Qui près des leurs

Brillent encore.

Si les chaleurs
Nous font descendre

Vers ce méandre,

Dans ce moment

Un bain charmant

Voit sans mystère,

Tome XI.

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