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STANCES.

Les stances avec grâce apprirent à tomber,

a dit Boileau. C'est à Malherbe qu'il attribue cet heureux changement.

Les stances font ordinairement partie d'une ode. Le nom de strophes a été également appliqué à cette division; mais les stances forment aussi un genre séparé, qui tient de l'ode pindarique, de l'ode philoso phique et de l'ode anacréontique : elles se distinguent par la délicatesse des idées, la justesse des expressions; les images en sont douces et naturelles; elles présentent souvent ou une pensée morale rendue avec grâce et précision, ou le rapprochement de quelques idées opposées, dont le contraste fait naître une réflexion, ou éveille un sentiment.

La période poétique doit être soigneusement observée dans les stances les rimes croisées ou redoublées avec art, les chûtes bien ménagées y donnent beaucoup de rondeur et d'harmonie.

Le sujet des stances est presque toujours gracieux. Quand la morale s'y présente, ce n'est que sous des dehors aimables, et dépouillée de sa sécheresse et de son austérité. La gaité n'est point exclue des stances; tous les rhythmes lui conviennent; mais le vers de huit syllabes est celui qui parait lui être le plus propre.

On ne peut donner de poétique à ce sujet; les meilleurs avis sont ceux de l'oreille et du goût.

LES PLAISIRS DE LA SOLITUDE.

TIRCIS, il fant penser à faire la retraite;

La course de nos jours est plus qu'à demy faite:
L'âge insensiblement nous conduit à la mort.
Nous avons assez veu sur la mer de ce monde
Errer au gré des flots nostre nef vagabonde;
Il est tems de jouir des délices du port.

Le bien de la fortune est un bien perissable;
Quand on bastit sur elle on bastit sur le sable:
Plus on est eslevé, plus on court de dangers:
Les grands pins sont en butte aux coups de la tempeste,
Et la rage des vents brise plustost le feste
Des maisons de nos rois que les toits des bergers.

O bien-heureux celuy qui peut de sa mémoire
Effacer pour jamais ce vain espoir de gloire,
Dont l'inutile soing traverse nos plaisirs,
Et qui, loing retiré de la foule importune,
Vivant dans sa maison content de sa fortune,
A selon son pouvoir mesuré ses desirs!

Tome XI.

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