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A ce qu'il a d'enchantemens.

Vous y verrez des bois et des prairies
Contester sur leurs agrémens
Avec l'or et les pierreries;

Vous n'entendrez que des concerts charmans;
De cent beautez vous y serez servie,
Qui vous adoreront sans vous porter envie,
Et brigueront à tous momens,

D'une ame soûmise et ravie,
L'honneur de vos commandemens.
PSICHÉ.

Mes volontez suivent les vostres,
Je n'en sçaurois plus avoir d'autres;
Mais votre oracle enfin vient de me séparer
De deux sœurs et du roy mon pere,
Que mon trépas imaginaire

Réduit tous trois à me pleurer.

Pour dissiper l'erreur dont leur ame accablée
De mortels déplaisirs se voit pour moy comblée,
Souffrez que mes sœurs soient témoins
Et de ma gloire et de vos soins.
Prétez-leur comme à moy les ailes du Zephire,
Qui leur puissent de vostre empire

Ainsi qu'à moy faciliter l'accés ;
Faites-leur voir en quel lieu je respire,
Faites-leur de ma perte admirer le succés.

Vous

L'AMOUR.

ne me donnez pas, Psiché, toute vostre ame Ce tendre souvenir d'un pere et de deux sœurs Me vole une part des douceurs

Que je veux toutes pour ma flâme.

N'ayez d'yeux que pour moy, qui n'en ay que pour vous;

Molière. VII.

25

Ne songez qu'à m'aimer, ne songez qu'à me plaire;
Et, quand de tels soucis osent vous en distraire...
PSICHÉ

Des tendresses du sang peut-on estre jaloux?
L'AMOUR.

Je le suis, ma Psiché, de toute la nature :
Les rayons du soleil vous baisent trop souvent,
Vos cheveux souffrent trop les caresses du vent:
Dés qu'il les flate, j'en murmure;

L'air mesme que vous respirez

Avec trop de plaisir passe par vostre bouche,
Vostre habit de trop prés vous touche,
Et, si-tost que vous soûpirez,

Je ne sçay quoy, qui m'effarouche,

Craint parmy vos soûpirs des soupirs égarez.
Mais vous voulez vos sœurs allez, partez, Zephire;
Psiché le veut, je ne l'en puis dédire.

(Le Zephire s'envole.)

Quand vous leur ferez voir ce bienheureux séjour,
De ses trésors faites-leur cent largesses,
Prodiguez-leur caresses sur caresses,

Et du sang, s'il se peut, épuisez les tendresses,
Pour vous rendre toute à l'Amour.

Je n'y mesleray point d'importune présence,
Mais ne leur faites pas de si longs entretiens :
Vous ne sçauriez pour eux avoir de complaisance
Que vous ne dérobiez aux miens.

PSICHÉ.

Vostre amour me fait une grace
Dont je n'abuseray jamais.

L'AMOUR.

Allons voir cependant ces jardins, ce palais,

I vous ne verrez rien que vostre éclat n'efface. vous, petits Amours, et vous, jeunes Zephirs, i pour ames n'avez que de tendres soupirs, ontrez tous à l'envy ce qu'à voir ma princesse Vous avez senty d'allégresse.

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TROISIESME INTERMEDE

Il se fait une entrée de ballet de quatre Amours et quatre Zephires, interrompuë deux fois par un dialogue chanté par un Amour et un Zephire.

LE ZEPHIRE.

Aimable jeunesse,
Suivez la tendresse,

Joignez aux beaux jours
La douceur des amours.
C'est pour vous surprendre
Qu'on vous fait entendre
Qu'il faut éviter leurs soûpirs
Et craindre leurs desirs :
Laissez-vous apprendre
Quels sont leurs plaisirs.

(Ils chantent ensemble.)
Chacun est obligé d'aimer

A son tour,

Et plus on a dequoy charmer,

Plus on doit à l'amour.

LE ZEPHIRE seul.

Un cœur jeune et tendre
Est fait pour se rendre,
Il n'a point à prendre
De fâcheux détour.

LES DEUX ensemble.

Chacun est obligé d'aimer

A son tour,

Et plus on a dequoy charmer,
Plus on doit à l'amour.

L'AMOUR Seul.

Pourquoy se défendre?
Que sert-il d'attendre ?
Quand on perd un jour,
On le perd sans retour.
LES DEUX ensemble.

Chacun est obligé d'aimer

A son tour,

Et, plus on a dequoy charmer,
Plus on doit à l'amour.

SECOND COUPLET

LE ZEPHIRE.

L'amour a des charmes,
Rendons-luy les armes,
Ses soins et ses pleurs
Ne sont pas sans douceurs.
Un cœur, pour le suivre,

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