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1110 Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, dans notre contrée nous considérons que la longueur ou les dimensions des lettres -pour être parfaitement visibles-doivent atteindre 20cm. Cela fait quelque chose comme 8 pouces. Ce serait donc, par conséquent, à peu près le double de ce qui est proposé par le Comité. Probablement le Comité en établissant sa prescription a eu de bonnes raisons pour le faire; mais il me semble que le but que l'on poursuit en donnant au bâtiment son nom inscrit, soit sur l'avant soit sur l'arrière, est surtout de rendre son nom visible à une certaine distance. Il y a beaucoup de circonstances où il peut être nécessaire que ce nom puisse être reconnu à distance; et c'est pourquoi vous l'avez mis au côté aussi bien qu'à l'arrière. Dans cet ordre d'idées, je persiste à croire qu'il y aurait avantage à augmenter la dimension de ces lettres, et de les faire de 20cm.

Il y a un autre point sur lequel j'entends appeler l'attention. Généralement dans la marine marchande-je ne parle pas de la marine de guerre-l'usage est de marquer le nom du bâtiment sur les embarcations et sur les bouées de sauvetage, de sorte que lorsque le bâtiment est perdu, quelques débris puissent être trouvés avec le nom qui puisse indiquer le sort malheureux du bâtiment. En le faisant nous n'empêchons pas les collisions, mais nous pouvons rendre un certain service. Lorsqu'à la suite d'un naufrage ou d'un accident de mer des hommes disparaissent à la mer, il faut un certain temps après l'évènement, si leurs cadavres n'ont pas été retrouvés et identifiés, pour que leur mort soit judiciairement prononcée et que les conséquences qui en résultent prennent cours, par exemple, leur succession. Évidemment ce besoin de constater la disparition ne concerne pas directement cette Conférence. Néanmoins, c'est un besoin que nous devons prévoir et auquel il importe de donner une certaine satisfaction. Je proposerais donc que la Conférence voulût bien admettre qu'il y a lieu d'inscrire le nom d'un bâtiment aussi bien sur ses embarcations que sur ses bouées de sauvetage.

1113 Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, je ne dirai qu'un mot sur le point qui a été développé par l'éminent délégué de la Grande-Bretagne, c'est qu'il ne saurait être question ici de tonnage. Je ne crois pas en effet qu'on doive s'arrêter à considérer cette question de tonnage, car il ne s'agit purement que de visibilité. Quel que soit le tonnage de votre bâtiment, le nom doit être inscrit de telle façon qu'on puisse le distinguer nettement. C'est pourquoi je propose 20cm, ou 8 pouces, au lieu de 4 pouces. Pour les bâtiments pêcheurs nous n'avons pas la même préoccupation parce qu'il y a en outre des caractères (lettres ou chiffres) inscrits dans la voilure de ces bâtiments et permettant de les reconnaître.

Ils ont en effet généralement un numéro sur la voile avec une lettre qui indique le port ou le quartier maritime auquel ils appartiennent, Mais votre règle s'appliquera aux cabotiers et aux navires au long Je crois que nous pourrions adopter la règle adoptée en France, c'est à dire, d'exiger des lettres de 20cm de hauteur.

cours.

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Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, voulez-vous 1113 me permettre une observation? Je ne dis pas qu'on ne pourrait pas mettre 20cm, 25cm ou 30cm si on le veut, mais mon observation porte sur ceci: c'est qu'avec 4 pouces, c'est à dire, 10cm, vos lettres sont trop petites, et vos numéros ne sont pas suffisamment visibles.

La Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, si l'honorable délégué de Hawaii voulait bien me permettre de lui dire que si c'est la seule difficulté pratique qui l'embarrasse, je suis tout disposé à lui donner la solution: les 20cm que je propose sont en usage en France. C'est le règlement qui jusqu'ici a été employé par nous, sans que nous ayons trouvé aucune difficulté à l'appliquer. Donc, je crois que la diffi. culté signalée par l'honorable délégué d'Hawaii se trouve résolue par la pratique elle-même. La considération se limite absolument sur la question de visibilité. Si vous croyez qu'avec quatre pouces la visibilité est parfaite, votez pour quatre pouces. Si vous croyez que les lettres de 4 pouces ne sont pas absolument visibles, mettez-en de 6 pouces, mettez-en de 7 pouces si vous ne voulez pas 8 pouces, mais augmentez la dimension.

Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, moi, je n'ai 1117 pas d'objection à voter pour les décimètres avec les chiffres arabes, parce que c'est la méthode que nous employons en France. Par conséquent, nos intérêts sont absolument sauvegardés et nous n'aurons aucun changement et par suite aucune dépense à faire pour nous conformer à la prescription formulée dans la proposition de l'honorable délégué du Chili. Mais si vous nous demandez de marquer nos décimètres en chiffres romains, alors je voterai contre la proposition, parce que nous serons obligés de changer notre système de numéroter. Si donc les décimètres doivent être marqués en chiffres arabes, je ne vois pas de raison pour formuler aucune objection au nom de notre délégation. Il appartient seulement à nos collègues de la Grande-Bretagne de voir comment ils s'accommoderont des chiffres arabes pour leurs tirants d'eau exprimés en pieds.

Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, j'espère que 1118 mes collègues du Comité ne m'en voudront pas si je me livre à une légère critique sur la division 6. Cette division contient, comme vous voyez dans le programme, quatre subdivisions (a, b, c, d), qui doivent être traitées séparément. D'abord il y a le système d'examen général pour les différents grades, puis ce qui concerne le pouvoir visuel et le Daltonisme; 3, les connaissances générales des méthodes employées aux stations de sauvetage, et enfin, 4, ce qui pourrait être dit en faveur des certificats uniformes pour les capitaines au long cours ou au cabotage, etc. Je ne sais pas si le Comité a été embarrassé dans sa besogne, mais je vois clairement que dans tout le chapitre il n'est question d'autre chose que de Daltonisme. Il ne voit pour les marins d'autre empêchement pour exercer leur profession que le Daltonisme, et il commence par nous dire que "tout homme ou jeune homme allant à la mer avec l'intention de devenir marin sera examiné pour le pouvoir visuel et

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1118 pour le Daltonisme; et aucun homme ne pourra servir à bord d'un navire s'il est atteint de Daltonisme."

Eh bien! a-t-on toujours la facilité de choisir sa profession, et celuilà seul est-il marin qui le désire? Certainement la plupart de ceux qui vont à la mer préféreraient probablement être banquiers, avoués, avocats ou directeurs du grande compagnie. Ils sont nés d'une famille de marins, ils sont bien faits, vigoureux et ont une bonne constitution et vont à la mer parce que la famille a une barque pour les recevoir et leur apprendre le dur métier de la vie. S'inquiète-t-on alors s'ils sont atteints du Daltonisme? Jamais, depuis que le monde existe, a-t-on pu formuler la prétention qu'un individu atteint du Daltonisme ne saurait faire un matelot. Le Daltonisme rend-il moins propre à la pêche, ou empêche-t-il de tendre une ligne, de jeter un filet ou de trancher de la morue, de harponner une baleine ou toute autre occupation du même genre?

Je voudrais bien savoir ce qui a poussé le Comité à faire cette règle. Je voudrais bien savoir pourquoi vous allez empêcher des gens de gagner leur existence, et leur dire: "Mon garçon, puisque vous ne pouvez pas distinguer un feu vert d'un feu rouge, il vous est interdit de gagner votre pain à l'aide du seul métier qu'il vous soit facile d'entreprendre."

Pour ma part, je ne saurais accepter cette théorie. En France nous avons l'Inscription Maritime, et de Dunkerque jusqu'à Nice nous avons des marins qui sont marins parce qu'ils sont nés de familles de marins, et qui ont commencé leur métier dès l'âge le plus tendre.. Ils ne peuvent pas changer leur profession, comme vous paraissez le croire, parce qu'ils sont atteints de Daltonisme. Le Comité, au lieu d'être aussi sévère sur le Daltonisme, aurait dû se montrer plus indulgent et porter sa sévérité sur l'examen des différents grades. Il aurait dû nous dire qu'il y a dans le monde des capitaines au long cours improvisés et sans brevets qui conduisent des navires sans aucune garantie, compromettant ainsi l'existence de leur propre équipage et menaçant l'existence de ceux des autres bâtiments. Je crois que les soucis du Comité auraient dû se porter avec plus de sévérité sur le paragraphe (a), qui traite de cette matière, que sur le paragraphe (c). Ils auraient pentêtre, alors, mérité davantage de l'humanité. Parce qu'on est atteint du Daltonisme on n'est pas aveugle, on n'a pas un mauvaise vue. Une personne atteinte du Daltonisme peut voir très clairement pendant le jour et aussi pendant la nuit. Et si du Daltonisme on fait un vice rédhibitoire, on pourrait tout aussi bien nous faire un reproche et nous dire que puisqu'il y a des personnes qui sont atteintes du Daltonisme, au lieu de mettre des feux rouges ou des feux verts, la Conférence eût dû trouver un éclairage qui ne prête à aucune confusion, même pour les gens atteints du Daltonisme. Mais dire qu'un homme ne peut pas aller à la mer parce qu'il est atteint du Daltonisme, c'est de frapper de caducité le paragraphe tout entier. Je crois que le Comité s'est trompé

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en recommandant une telle mesure. Les marins ne se fabriquent pas 1118 comme des soldats de plomb. On est marin parce qu'on est entraîné dans cette voie-là. Si vous pouvez assurer à ceux que vous rejetterez une existense plus heureuse, plus facile et moins pénible, certainement personne n'hésitera à adopter votre proposition; mais jusque-là laissez la dormir.

Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, je suis prêt 1122 à voter les deux premières lignes du paragraphe, mais je demande qu'on écarte les trois dernières. Évidemment c'est une bonne chose de savoir si un homme à bord est atteint du Daltonisme, mais je ne crois pas que vous puissiez, par le seul fait qu'il est atteint du Daltonisme, l'écarter de la profession maritime. Chez nous, les jeunes enfants des côtes n'ont pas souvent choix de leur profession. Ils entrent dans la marine parce que leur père et leurs parents sont des marins, et que c'est le seul moyen à leur portée de gagner leur existence. Mon honorable collègue le capitaine Sampson croit peut-être que nous admettons nos marins ordinaires dans l'Inscription Maritime avec le même soin que nous apportons à recevoir les élèves à l'école navale. A cette école on leur fait passer un examen très sévère, et on ne les reçoit pas sans leur avoir fait subir des épreuves très décisives sous le rapport de la netteté de la vue.

Pour nos capitaines au long cours, et pour nos pilotes on peut demander des épreuves de netteté de vue, mais on ne peut pas dire que tous les marins ordinaires seront renvoyés: "that no man or boy shall be permitted to serve on board any vessel in the capacity of seaman," etc., parce qu'il est atteint du Daltonisme. Lorsque vous nous faites l'étalage de tous les malheurs qui peuvent arriver parce que quelqu'un peut confondre une lumière rouge avec une lumière verte, je crois que vous allez trop loin quand vous faites reposer le sort d'un bâtiment sur la perfection des qualités visuelles du simple marin, alors même qu'il est de veille au bossoir. L'homme au bossoir signale seulement d'ordinaire à l'officier de quart "une lumière à l'avant!" ou "une lumière à bâbord!" ou "une lumière à tribord! Ce n'est pas votre simple marin qui dirige votre bâtiment! Jamais pareille idée n'est entrée dans l'idée des plus fiers ennemis du Daltonisme. C'est l'officier de quart, c'est le capitaine. Demandez des garanties pour les capitaines au long cours, des capitaines de cabotage, et pour les officiers de quart, et nous serons prêts à vous les accorder.

Le Captaine RICHARD (France). Monsieur le Président, je propose 1126 de diviser le paragraphe en deux parties, et de faire voter successivement sur chacune des deux parties du paragraphe. Pour ma part, je suis décidé à voter pour les deux premières lignes. Pour les trois dernières lignes, je ne puis les accepter. Notre honorable collègue des États-Unis nous a cité le fait de deux navires qui ont été abordés, mais cela n'a rien à faire avec les hommes qui ont été mis en faction, puisqu'on cite le Daltonisme du pilote.

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1126 Pour le pilote vous pouvez introduire la prescription contenue dans le paragraphe que je discute. Pour les pilotes et pour les officiers il est absolument essentiel qu'ils voient clair. Mais je le répète, il n'en est pas de même pour l'homme de veille, celui-ci n'a qu'à dire: "J'aperçois une lumière par tribord, par bâbord ou droit devant." C'est à l'officier de quart de distinguer la couleur de la lumière en vue et la règle de route à suivre. Que la Conférence se borne donc à voter les deux premières lignes du paragraphe.

1128 Le Capitaine RICHAED (France). Monsieur le Président, mon intention est mal comprise par mon honorable collègue de Hawaii. J'ai demandé de diviser l'article à voter en deux parties simplement parce que je ne puis accepter que les deux premières lignes, et que je suis décidé à voter contre les trois dernières. Je n'ai aucune objection à accepter que tout marin soit examiné pour le Daltonisme. Il est avantageux qu'on sache qui en est atteint et que le marin qui est dans ce cas ait sur son livret une annotation qui le fasse connaître. Son capitaine sachant cela en tirera le parti qu'il jugera convenable, et s'il le met de veille au bossoir, il saura d'avance que cet homme confond les couleurs. Nous ne pouvons pas donner de conseil sur le moyen dont il doit être employé. En faisant subir une épreuve de la vision aux marins, vous aurez en main un élément d'information de plus, et vous serez mieux en état de tirer de chaque homme ce dont il est capable.

1129 Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, après les considérations qui viennent d'être développées par l'éminent délégué de la Grande-Bretagne, je dois mentionner que la proposition que j'ai faite répondait au désir que j'ai de n'adopter qu'une partie du paragraphe divisé comme je l'ai demandé. Comme les remarques qui viennent d'être faites sont justes, et comme d'un autre côté je ne désire nullement prendre la Conférence par surprise, j'accepte la proposition faite par l'honorable délégué de la Grande-Bretagne.

Le Commandant MONASTERIO (Mexique). Monsieur le Président, je demande à Monsieur le Secrétaire de rectifier mon vote. Je vote pour l'affirmative.

1130 Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, j'espère maintenant présenter un amendement qui sera plus heureux que les précédents. Je voudrais bien qu'on introduisît après: "tout marin qui aura subi un examen comme officier." Je voudrais bien, dis-je, y introduire le mot: "pilote". Le pilote, en effet, et nous serons unanimes sur ce point, ne doit pas être atteint du Daltonisme.

1135 Le Capitaine RICHARD (France). Monsieur le Président, évidemment il eût été à désirer qu'on eût pu trouver des routes spéciales pour éviter les collisions. Après de longs débats et un examen attentif, le Comité a jugé que la chose est impossible; je me soumets absolument à sa décision. Mais, d'un autre côté, il y a un passage du rapport de ce Comité sur lequel je tiens absolument à appeler votre attention. C'est la première phrase de la sub-section (6), qui est relative à la sécurité des pêcheurs :

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