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Les personnes appelées, dans le cas du présent article, prêteront devant le procureur de la République le serment de faire leur rapport et de donner leur avis en honneur et conscience.

Autopsie. Embaumements.

Moulage ou opė

rations, pouvant changer en décès réel une mort qui ne serait qu'apparente.

Ordonnance du 6 septembre 1839. Art. 1er. A Paris, et dans les autres communes du ressort de la préfecture de police, il est défendu de procéder au moulage, à l'autopsie, à l'embaumement ou à la momification des cadavres, avant qu'il se soit écoulé un délai de vingt-quatre heures depuis la déclaration du décès à la mairie, et sans qu'il en ait été adressé une déclaration préalable au commissaire de police à Paris, et au maire dans les communes rurales.

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Art. 2. Cette déclaration devra indiquer que l'opération est autorisée par la famille; elle fera connaitre, en outre, l'heure du décès, ainsi que le lieu et l'heure de l'opération.

Art. 4.

Il n'est fait exception aux dispositions de la présente ordonnance que pour les cadavres des personnes dont le décès aurait élé constaté judiciairement.

Art. 6. Les dispositions de la présente ordonnance ne sont pas applicables aux opérations qui sont pratiquées dans les hôpitaux et hospices, et dans les amphithéâtres de dissection légalement établis.

Les autopsies dans les hôpitaux militaires sont réglées par l'article 39 du Règlement sur le service de santé de l'armée ainsi conçu :

a Toutes les fois que le médecin en chef le juge opportun, il exécute lui-même ou fait pratiquer sous sa direction les autopsies cadavèriques, et en fait tenir note sur un registre établi à cet effet. »

Dans les hôpitaux civils, il en est de même, à moins que la famille ne mette opposition dans les vingt-quatre heures; mais celle-ci doit être faite par les époux, frères et sœurs, oncles et tantes, neveux et nièces. Le Consistoire israélite a réclamé d'avance les cadavres des israëlites, et rend leur autopsie impossible.

Les questions relatives à la mort et au cadavre qui peuvent nécessiter l'intervention médico-légale sont l'agonie, les signes de la mort, la détermination de la date de la mort, la mort naturelle, la mort apparente, la mort accidentelle ou subite, la mort violente.

DE L'AGONIE.

Les auteurs anciens entendaient par agonie (du mot grec ayov, combat) la lutte suprême entre la vie et la mort; les écrivains modernes n'acceptent plus cette définition, parce que, comme le fait remarquer Jaccoud, « la lutte n'existe pas dans l'agonie, il n'y a plus alors qu'un organisme défaillant, dont la force vitale anéantie s'abaisse graduellement jusqu'à l'extinction complète. » Dès que l'agonie commence, la lutte est finie, la mort triomphe, la vie est vaincue et l'organisme continue à fonctionner en quelque sorte en vertu de la force acquise. Suivant l'expression de Parrot: « l'agonie, ce n'est plus le vent agitant la torche enflammée, c'est cette fumée qui enveloppe la torche incandescente encore, mais dont la flamme vient de s'éteindre. »

Cette phase terminale peut manquer dans bien des cas, par exemple dans les cas de mort subite, ou de mort par décrépitude. Lorsqu'elle existe, elle se reconnait à l'ensemble des caractères suivants : affaiblissement des facultés intellectuelles; état de subdelirium; — disparition successive des organes des sens, du goût, de l'odorat, de l'ouïe et de la vue; les yeux se couvrent d'un enduit visqueux et perdent leur éclat, les pupilles se dilatent et restent insensibles à l'action de la lumière; le toucher semble survivre aux autres sens; mais les mouvements sont plutôt automatiques que volontaires: ce sont des mouvements carphologiques ; immobilité et altération des traits; - faiblesse générale

telle que le corps s'affaisse comme une masse; respiration rare, inégale, laborieuse, accompagnée d'un râle particulier, caractéristique; perte de la voix et de la parole; - langue sèche ou couverte d'un enduit gluant; déglutition diffi

cile, les liquides passent dans le larynx; sueur froide et visqueuse recouvrant tout le corps; - pouls filiforme, misérable, disparaissant d'abord au poignet pour être à peine sensible au pli du coude; lorsqu'il a disparu en ce dernier point, on peut encore entendre pendant quelque temps les battements du cœur; enfin cessation définitive de bruits cardiaques la vie ne se manifeste plus que par des mouve

ments respiratoires qui apparaissent à de longs intervalles, jusqu'au moment où une dernière expiration vient terminer la scène. (Legrand du Saulle.)

Cet état peut durer en moyenne de 6 à 18 heures; il peut être moindre ou se prolonger davantage.

L'agonie, étant une asphyxie lente (Jaccoud), et la mort survenant presque toujours par l'appareil respiratoire, le cœur ou l'encéphale, les symptômes que nous venons de décrire s'observent presque constamment à la période d'agonie, quelle que soit la maladie qui détermine la mort (Legrand du Saulle).

Dans certains cas, il peut être nécessaire, pour une expertise judiciaire, de savoir si l'agonie a été rapide ou de longue durée. Dans le premier cas, le sang est d'une fluidité particulière, remarquable; dans le second, on observe les signes d'une asphyxie lente, c'est-à-dire l'engorgement du système veineux, avec stases sanguines et congestions multiples; de l'engorgement du poumon, des mucosités dans les bronches et des concrétions polypeuses (caillots jaunâtres et fibrineux) dans le cœur et les gros vaisseaux.

Nous avons vu précédemment (p. 93) quelle doit être la conduite du médecin légiste dans l'appréciation de l'état mental des agonisants, au point de vue des actes qu'ils peuvent accomplir, comme un mariage in extremis, un testament ou une donation.

DES SIGNES DE LA MORT

De tout temps, en présence de cas avérés de gens enterrés vivants, on a cherché quels sont les signes certains de la mort, pour éviter de nouvelles erreurs à jamais regrettables.

Malheureusement, malgré les nombreuses recherches faites sur cette importante question, il est parfois très difficile d'affirmer que la mort est absolument certaine. Disons d'abord qu'il n'existe pas un signe unique, pathognomonique, pour ainsi dire, de la mort réelle. La certitude qu'on peut en acquérir résulte de la constatation d'un ensemble de

signes qui, lorsqu'ils existent tous, donnent une très grande probabilité que l'individu est bien mort.

Suivant Ladreit de La Charrière, on peut les diviser en deux classes signes fonctionnels et signes organiques. Les premiers (abaissement de la température, arrêt de la respiration, cessation des battements du cœur, abolition de la contractilité musculaire) sont à proprement parler des signes négatifs, ils résultent de l'abolition d'une fonction, et acquièrent par leur durée une valeur de plus en plus grande, qui peut devenir une certitude. Mais tout d'abord ils doivent être rangés parmi les signes incertains. Les seconds (lividités cadavériques, rigidité, putréfaction) sont objectifs, positifs et sont dus à des modifications chimiques ou physiques qui ne peuvent pas se produire pendant la vie. Ce sont donc bien des signes certains de la mort.

Nous examinerons successivement chacun de ces signes, c'est-à-dire l'aspect général du corps, la perte de la sensibilité, l'abolition de la contractilité musculaire, le relâchement des sphincters, la rigidité cadavérique, l'état de l'œil, l'absence des mouvements respiratoires, l'arrêt de la circulation, l'abaissement de la température et la putréfaction. A. Aspect général. Le facies cadavérique n'est caractéristique que chez les individus morts à la suite d'une maladie chronique, de longue durée, comme la phthisie ou le cancer par exemple; on l'observe alors même pendant la vie; il n'existe pas chez les individus qui ont succombé à la suite d'un accident ou d'une maladie aiguë. Ce qui frappe surtout dans le facies cadavérique, c'est l'affaissement des traits, la pàleur mortelle uniformément répandue sur tout le visage, enfin l'abaissement de la mâchoire inférieure et l'ouverture des yeux et de la bouche. Casper fait remarquer que personne ne meurt la bouche et les yeux fermés.

Ajoutons enfin que quelquefois la face conserve l'expression des sentiments qui ont animé l'individu dans les derniers moments de sa vie. Cette particularité, à laquelle il ne faut pas du reste attacher une trop grande importance, peut donner quelques indications dans les cas de mort violente ou de crime.

L'attitude du corps est également caractéristique: le cada

vre est dans le décubitus dorsal, les membres à demi fléchis, retombant le long du corps, la tête courbée, la pointe du pied tournée en dehors, le pouce fléchi vers le creux de la main. Ce dernier signe, la flexion du pouce, due à une dernière contraction musculaire, suivant Josat, manque sept fois sur dix; il n'a donc qu'une valeur très secondaire.

Signalons enfin dans l'aspect général les lividités cadavériques et les vergetures que nous étudierons plus loin.

B. Perte de la sensibilité. Elle est absolue même dans les régions où, durant la vie, la sensibilité est la plus exquise, comme la plante des pieds, la face palmaire des extrémités des doigts, l'épigastre, la face antérieure et supérieure du thorax, et enfin le mamelon, qui, suivant Desgranges et Josat, est le siège de la sensibilité la plus vive. Les moyens généralement employés dans ces circonstances, les frictions, les sinapismes, les vésicatoires, l'acupuncture, les cautérisations, les ventouses, ne produisent aucune réaction dans ces diverses régions. On doit du reste prendre des précautions pour que, en cas de survie, il ne reste pas de blessures sérieuses. La cautérisation ou la brulure, soit au fer rouge, soit à l'eau bouillante ou à la cire brûlante, est un des moyens de constater la perte de la sensibilité; elle démontre en même temps la mort réelle par l'absence de la phlyctène séreuse et de l'auréole inflammatoire qu'on observe toujours sur les tissus vivants.

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C. Perte de la contractilité musculaire. Tourdes, le tissu musculaire est un des tissus qui conservent le plus longtemps ses propriétés vitales, et la disparition de la contractilité musculaire est un des signes de mort les plus certains. Elle persiste, selon Nysten et Hallé, environ sept à huit heures après la mort pour les muscles de la vie de relation, et beaucoup moins pour ceux de la vie organique. La contractilité disparait d'abord dans le ventricule gauche, puis les intestins et l'estomac (quarante-cinq minutes), la vessie, le ventricule droit du cœur (une heure), l'œsophage (une heure et demie), les muscles du tronc, les membres abdominaux, puis les membres thoraciques, enfin, particularité assez curieuse, dans l'oreillette droite du cœur, où elle persiste le plus longtemps. Tourdes considère comme signe

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