Images de page
PDF
ePub

peut, sous aucun prétexte, porter l'instrument tranchant sur une partie quelconque. Dans l'autre au contraire, le corps du délit est mis tout entier à sa disposition. » (Devergie.) Levée du corps. - L'inspection générale extérieure du cadavre est de la plus grande importance, et Casper insiste tout particulièrement sur ce point. L'expert doit examiner le cadavre froidement, scientifiquement, sans idée préconçue et sans prendre en considération les péripéties du crime. Casper recommande encore de mettre le plus grand ordre dans la description. L'ordre qu'il conseille de suivre est à peu près celui indiqué par Tourdes, et comprend :

1° L'inspection des localités, qui peut fournir de précieux renseignements. On notera donc la disposition de l'appartement, la situation des meubles, l'état dans lequel ils se trouvent, les empreintes laissées sur le sol, les traces de lutte, la place des instruments ou des armes qui auraient pu servir à la perpétration du crime.

20 L'examen des vêtements, qui peut servir à déterminer l'identité de l'individu : suivant qu'ils sont intacts ou souillés, déchirés, on peut conclure s'il y a eu lutte ou mort instantanée.

3o L'examen des signes d'identité, qui se fera sur le corps nu, d'après les indications que nous avons données précédemment (voir p. 32). Souvent cette recherche est inutile; on devra cependant noter la constitution, la taille, l'embonpoint et la conformation de l'individu; chez la femme, l'état de l'abdomen, des mamelles, le lait, etc.

La putréfaction gazeuse déforme souvent le corps et surtout le visage, au point de rendre l'individu absolument méconnaissable. Tourdes, dans ce cas, employait des immersions répétées de la tête dans de l'alcool additionné d'alun et de nitrate de potasse. Hoffmann, partant de ce fait que la couleur verte de la putréfaction est soluble dans l'eau, a proposé le procédé suivant la tête est ouverte comme à l'ordinaire, le cerveau enlevé, et l'on fait quelques incisions profondes dans les régions pariétales et occipitales; puis on la met dans l'eau de fontaine froide et courante; au bout de vingt-quatre heures, la couleur verte a complètement ou presque complètement disparu, et la tuméfaction emphysémateuse est beaucoup moindre. On replace la calotte osseuse et on fixe

les téguments par-dessus; la tête est alors plongée dans une dissolution alcoolique concentrée de sublimé, dans laquelle après douze à vingt heures se perd le reste de la coloration verte et de l'emphysème; la face reprend ses formes naturelles; seulement la peau a une teinte gris blanc due à l'action du sublimé.

4o L'état extérieur du cadavre, son attitude, l'expression de l'ensemble du corps et du visage, qui peut indiquer dans quelle circonstance la mort est survenue, si l'individu dormait, s'il y a eu lutte ou s'il cherchait à fuir.

Les particularités que présente le cadavre seront décrites successivement les yeux, leur grandeur ou leur petitesse et la coloration de l'iris, leur position régulière ou leur strabisme; la conformation des paupières; le nez, la bouche et les lèvres; les dents, noter s'il y en a de cariées, de déviées ou d'absentes, etc.; les cheveux, leur coloration, leur longueur, etc.; les oreilles, la conformation du lobe du pavillon, etc.; les avant-bras, les mains, les tatouages, etc.

5o La constatation des signes de la mort et les traces de putréfaction, pour déterminer la date probable de la cessation de la vie. Le médecin décrira minutieusement le météorisme, les colorations et surtout les lividités cadavériques.

6o Les traces de violence, les plaies, les contusions, les empreintes parcheminées, les régions suspectes ou cachées, le cou, les orifices des cavités, le sang qui s'écoule par les narines ou par le conduit auditif, la déchirure de la membrane du tympan, etc. L'anus devra toujours être exploré ainsi que le vagin; le médecin ne devra jamais négliger d'examiner cette région.

7o Les indices de maladie générale ou locale: éruptions, hémorrhagies, déjections diverses, hernies, etc.

« Pour toutes ces recherches, dit Tourdes, l'ordre anatomique sera suivi de haut en bas, aux faces antérieure, postérieure et latérales du cadavre. Les diverses régions seront palpées, percutées; on fera mouvoir les membres, mais sans porter l'instrument tranchant sur aucun point. »

Cet examen terminé, le médecin fait son rapport, et, s'il y a lieu, on procède à la seconde partie de l'autopsie juridique, c'est-à-dire à l'ouverture du corps.

Ouverture du corps. — En France, l'autopsie est généralement faite dans un moment inopportun, c'est-à-dire : 1° lorsque la putréfaction est déjà avancée; 20 lorsque l'autopsie du cadavre a déjà été faite par un autre médecin; 3o lorsque le cadavre a été enterré et est exhumé. Tourdes lui donne le nom d'autopsie tardive.

[ocr errors]

Suivant Casper, ces autopsies devraient être faites peu de temps après la mort, avant que la putréfaction soit assez avancée pour rendre difficile un examen approfondi; le délai de vingt-quatre heures est généralement conservé pour les autopsies médico-légales, mais il peut être abrégé quand la putréfaction marche rapidement.

L'ouverture du corps doit être faite sur la réquisition du juge d'instruction, dans les cas ordinaires; du procureur de la République ou des officiers de police judiciaire, dans les cas de flagrant délit (Legrand du Saulle). Quant à l'expert, suivant Devergie, il doit se conformer aux règles suivantes :

1o Il ne devra jamais procéder à une autopsie s'il n'a reçu mission d'un magistrat ou d'un de ses délégués.

20 Toutes les ouvertures judiciaires doivent être faites en présence d'un magistrat ou de l'un de ses délégués. Cette condition n'est plus aujourd'hui obligatoire.

3o Il doit, avant toute chose, prêter serment entre les mains du magistrat de procéder à ses recherches, et de faire son rapport en honneur et conscience.

Le choix du médecin est laissé en général au magistrat, qui peut prendre le médecin traitant; en Prusse, on permet seulement à ce dernier d'assister à l'ouverture du cadavre; en Autriche, sa présence n'est même pas admise.

Manuel opératoire. - En Allemagne, l'expert est obligé sous peine d'être puni, de se conformer à des instructions très précises qui le dirigent dans tous les points de l'opération. La législation allemande s'occupe même très longuement de tous les détails de l'autopsie. En France, on laisse toute latitude au médecin compétent, mais il est obligé moralement de s'astreindre à certaines règles, et de faire l'autopsie méthodiquement et avec ménagement, de manière à permettre, s'il y a lieu, une contre expertise,

Cette autopsie devra toujours être complète, c'est-à-dire, comprendre l'ouverture et l'examen des trois grandes cavités, la tête, le thorax et l'abdomen.

On choisira autant que possible pour cette opération un local spacieux, aéré, bien éclairé, et on se munira des instruments et des objets dont on peut avoir besoin substances désinfectantes (chlorure de chaux, permanganate de potasse, acide phénique), vases pour recueillir les viscères, scalpels, couteaux, érignes, sondes, aiguilles, stylets, scie, marteau, etc. Ces précautions sont particulièrement utiles, lorsqu'on est obligé de pratiquer l'autopsie dans un local improvisé, car on trouve généralement tous les instruments dans les lieux spécialement affectés aux autopsies judiciaires.

Le corps une fois placé sur la table de dissection, on doit, en général, commencer par ouvrir la cavité où l'on suppose devoir trouver la cause de la mort ainsi la poitrine dans les cas d'asphyxie, l'abdomen dans les cas d'empoisonnement, ou la région qui est le siège d'une blessure grave. Hors ces cas où il y a des raisons particulières pour examiner telle région avant telle autre, on suivra l'ordre suivant, que recommande Tourdes, et l'on examinera successivement le crâne, la face, la bouche et le pharynx, le cou, le thorax, l'abdomen, les parties génitales, le rachis, la partie postérieure du tronc et l'anus, enfin les membres supérieurs et inférieurs. On jette d'abord un coup d'œil d'ensemble sur les organes dans leurs rapports naturels, puis on les examine chacun en particulier; on note leur couleur, leur consistance, leur volume, en un mot tous les signes extérieurs; on ouvre ensuite les organes creux, pour noter l'état de leur surface interne et de leur contenu; enfin on incise les organes parenchymateux pour se rendre compte de l'état de leurs différentes parties.

Crâne. Après avoir coupé les cheveux, on peut faire une incision circulaire et enlever la calotte ainsi limitée; c'est le procédé employé pour l'autopsie des nouveau-nés; ou bien faire deux incisions se coupant en croix sur le sommet du crâne, l'une antéro-postérieure, s'étendant de la racine du nez à la protubérance occipitale, l'autre trans

[ocr errors]

versale, allant de la racine de l'oreille d'un côté à l'autre. On dissèque et on renverse ensuite les lambeaux, et l'on voit s'il existe des infiltrations ou un épanchement. On détache ensuite le péricrâne, et l'on cherche s'il n'existe pas de fracture ou de fêlure. Puis on procède à l'ouverture du crâne, en employant toujours la scie et non le marteau, qui peut déterminer soit des lésions de l'encéphale, soit des fractures qu'il serait difficile de distinguer des lésions produites pendant la vie. La section sera pratiquée dans la partie du crâne opposée à celle où siège une lésion quelconque. La calotte osseuse enlevée et examinée avec soin, on constatera l'état des méninges et du cerveau, sans enlever celui-ci et sans oublier l'examen des sinus veineux; puis on incise la duremère de chaque côté du sillon longitudinal supérieur jusqu'au niveau de la tente du cervelet; on fait sur chacun des fragments une incision perpendiculaire qui permet de rabattre les lambeaux, et l'on met ainsi le cerveau à nu; on coupe ensuite la grande faux du cerveau, au niveau de l'apophyse crista-galli et on la renverse en arrière.

L'encéphale mis à nu peut être examiné sur place, soit à l'aide de coupes horizontales allant de la convexité à la base, soit séparé de la boite osseuse, après avoir sectionné les nerfs qui traversent la base du cràne et la moelle épinière au-dessous du bulbe. Après l'examen détaillé de la masse encéphalique (consistance, coloration, degré de vascularisation, etc.), on notera la quantité de sang écoulé pendant l'opération, et les particularités que peut présenter la base du crâne dépouillée de la dure-mère. On se gardera surtout de confondre avec des phénomènes de congestion ou d'inflammation, l'hypostase sanguine qu'on observe vers les parties déclives des enveloppes du cerveau, et due au décubitus, à la position du cadavre (Voir pl. 22).

[ocr errors]

Face, cou, larynx et pharynx. On fait 1° une première incision verticale allant de la partie moyenne de la lèvre inférieure à la fourchette du sternum; 2o une seconde incision horizontale qui part, de chaque côté, de l'extrémité inférieure de la première, longe le bord supérieur de la clavicule et se termine à l'extrémité externe de cet os; -3° une troisième incision qui va de la commissure

« PrécédentContinuer »