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qu'aux coups de bàton, de corde, de fouet, de fourche, d'épines, de pelle, de pincette, on peut rencontrer les contusions de toute espèce d'instruments vulnérants. On voit encore des enfants jetés à terre, tirés en tous sens, pincés, déchirés. Mais ce n'est pas seulement à l'aide de ces moyens directs en quelque sorte que les enfants sont maltraités. Ils sont soumis à des privations de tous genres: défaut de soins, alimentation insuffisante ou grossière, séquestration dans des lieux obscurs, dans d'étroits cachots, manque d'exercice, exposition au froid; enfin les tortures poussées à l'extrême consistent en brûlures répétées à l'aide de fers rougis, de charbons ardents, de liquides corrosifs, mutilations, écrasement des doigts, arrachement des cheveux et des oreilles, étouffement par l'introduction violente d'une trop grande quantité d'aliments; enfin, souillures de toute sorte qui vont jusqu'à l'ingestion forcée des excréments. >>

Les traces que laissent ces mauvais traitements son également multiples; ce sont des ecchymoses, des meurtrissures, des excoriations disséminées sur la surface du corps, mais siégeant surtout au visage, sur les membres, et ayant la forme significative des doigts, des ongles, des clous de souliers ou des talons de botte; des meurtrissures rougeâtres provenant de pincements; des vergetures linéaires produites par des coups de verge, de baguette, de lanière ou de corde; des plaies de tête; des fractures; des oreilles déchirées, arrachées; des brûlures à différents degrés produites par des corps chauffés au rouge ou des liquides corrosifs; - des empreintes plus ou moins profondes dues au contact prolongé de liens, ou des déformations persistantes, dues à la position forcée des membres des victimes enfermées dans un caveau étroit, une niche ou une boite.

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Les enfants soumis à ces tortures ont une physionomie caractéristique: « ils sont généralement påles, d'une maigreur extrême, parfois squelettique, offrant tous les caractères d'une décrépitude précoce. Ils présentent quelquefois de la bouffissure, de l'œdème en certaines parties. Les traits de leur visage respirent la tristesse; ils sont timides et

craintifs, souvent hébétés et l'œil éteint, plus souvent au contraire d'une intelligence håtive qui ne s'exprime que par le feu sombre du regard. »

Les individus accusés de mauvais traitements à l'égard des enfants (maitres d'apprentissage ou parents), ne manquent jamais d'attribuer les contusions que l'on constate sur le corps à des chutes, que l'enfant aurait faites en jouant, ou à des chocs accidentels. Le médecin expert doit se tenir en garde contre ces excuses habituelles, et bien établir dans ses conclusions que les lésions observées sont bien en réalité le résultat de mauvais traitements.

BLESSURES PAR IMPRUDENCE ET HOMICIDE INVOLONTAIRE.

Nous avons vu précédemment les articles du Code pénal qui ont trait à cette question (voir p. 312).

Tardieu les divise en onze catégories :

1o Les blessures et homicides survenus dans les manœuvres ou dans les convois des chemins de fer;

2o Les accidents causés par des voitures;

3o Les lésions produites par les éboulements de terrain ou de construction;

4o Les blessures résultant d'une chute faite d'un lieu élevé, soit dans l'exercice d'une profession spéciale, soit dans toute autre circonstance;

5o Les blessures déterminées par le choc d'un corps lourd ;

6o Les désordres produits par les machines industrielles, moteurs mécaniques, etc.;

7° Les brûlures résultant, soit d'une imprudence dans le travail de certaines fabriques, soit du contact accidentel d'une substance corrosive;

8o Les blessures par coup de feu;

9o Les blessures par incendie, explosion de gaz, de vapeur ou de matières explosibles;

10° Les coups produits par des projectiles imprudemment la ncés ou des chocs accidentels divers;

11° Enfin, les blessures que peuvent faire les animaux domestiques, cheveaux, chiens, bétail mal gardé.

D'une manière générale, les blessures produites par ces diverses causes ne diffèrent pas, en tant que lésions traumatiques, de celles du même genre qui peuvent survenir dans toute autre circonstance; mais, au point de vue médico-légal, elles donnent lieu à certaines considérations intéressantes. Dans l'appréciation médico-légale des blessures par imprudence, l'expert aura à tenir compte des conditions individuelles dans lesquelles est survenu l'accident, à savoir : 1o l'âge, surtout chez les enfants, lorsqu'il s'agit d'établir jusqu'à quel point l'avenir de l'enfant peut être compromis par suite de l'accident dont il a été victime; 2o le sexe, certains états physiologiques, comme la menstruation, la lactation, la grossesse, peuvent être influencés d'une façon plus ou moins sérieuse par un accident, une blessure quelconque; 3o la constitution; 4o l'état de maladie antérieur, qui peut être aggravé par l'accident ou influencer plus ou moins directement la marche des lésions accidentelles; certains états diathésiques, l'alcoolisme et le diabète, causes puissantes de déchéance organique, qui peuvent donner un caractère de gravité exceptionnelle à des blessures légères en elles-mêmes (Gallard); il en est de même des infirmités antérieures, qu'il ne faut pas confondre avec les traces laissées par l'accident lui-même, par exemple, dans le cas de fracture d'une jambe qui a été déjà brisée autrefois, où il s'agit d'établir si la claudication ou la difformité est due au premier ou au second accident; 5o la profession, l'expert aura à déterminer si la blessure permettra au blessé de continuer sa profession, s'il ne sera pas forcé de l'abandonner pour en prendre une moins lucrative, si même il sera dans l'impossibilité de se livrer à aucun travail manuel. L'indemnité à payer devra évidemment varier suivant l'une ou l'autre de ces probabilités.

A. Blessures et homicides par imprudence dans les chemins de fer. - Les accidents de chemins de fer ne sont malheureusement que trop fréquents et souvent terribles : de 1854 à 1869 ils se sont élevés au chiffre de 50563, ainsi repartis accidents ayant occasionné la mort ou des blessures, 14564; accidents n'ayant occasionné ni mort ni blessures, 35999.

Au point de vue des faits en eux-mêmes, on doit distinguer les accidents qui se sont produits dans les manœuvres à l'intérieur des gares ou dans les ateliers, et ceux qui surviennent dans les trains en marche.

a. Accidents de manoeuvre ou de travail. Ceux qui se produisent dans les ateliers ne présentent rien de caractéristique, et rentrent dans la catégorie des accidents professionnels. Les accidents qui surviennent pendant les manœuvres qu'exige le mouvement des gares (déplacement des voitures, formation des trains, remisage, réparation des machines ou des roues, travaux sur les voies, etc.) sont dus à des causes spéciales, et la responsabilité en retombe sur les Compagnies, bien que le plus souvent ils soient imputables aux victimes elles-mêmes; en dehors des contusions, des écrasements, des fractures simples ou comminutives, des plaies contuses, de l'ablation d'un ou plusieurs doigts, on observe plus particulièrement chez les hommes d'équipe des coups de tampon, des compressions plus ou moins violentes du corps par une machine ou des wagons; ces accidents déterminent ordinairement des contusions profondes, dans lesquelles les parois thoraciques ou abdominales peuvent être absolument intactes, mais les viscères sont souvent intéressés. La douleur, très vive au moment de l'accident, peut disparaitre rapidement, mais les organes (foie, reins, rate, etc.) restent sensibles; les mouvements du tronc, la marche même sont gênés ou impossibles pendant des semaines ou des mois. Quelquefois surviennent des accid nts plus graves affaiblissement des parois abdominales avec hernies consécutives, paralysie plus ou moins complète de la vessie, du rectum ou des membres inférieurs; déchirures internes (estomac, intestins). Les chauffeurs et les mécaniciens sont exposés à des brûlures très étendues, et particulièrement dangereuses par les fuites de vapeur. Les ouvriers employés aux terrassements, aux travaux de la voie, les cantonniers, les aiguilleurs, sont souvent surpris par des machines, des trains en manœuvre ou en marche, et fournissent des cas nombreux de blessures très graves ou de mort par imprudence.

b. Accidents de marche. Ces accidents sont beau

coup plus importants, parce qu'ils atteignent en général plusieurs personnes à la fois, et ils prennent souvent les proportions de véritables catastrophes publiques.

Les accidents qui surviennent dans les trains de grande vitesse sont généralement plus graves que les autres, et entraînent de plus grands malheurs. Quant aux lésions en elles-mêmes, elles sont extrêmement variables; ce sont : des plaies contuses et des excoriations de la tête, du visage, du nez, du front, des contusions des membres inférieurs avec infiltration sanguine, entorses, épanchements articulaires, notamment aux genoux lésions dues à l'entrechoquement des voyageurs les uns contre les autres, au moment de l'arrêt brusque d'un train tamponné ou déraillé; des fractures siégeant principalement aux membres inférieurs et dues au même mécanisme; fractures multiples et comminutives du cràne, de la colonne vertébrale, du bassin ou des côtes; - des écrasements de toute espèce, dans les cas où les voitures sont brisées ou renversées les unes sur les autres; la mort subite ou rapide par la violence quelquefois des brûlures qui atteignent surtout les chauffeurs et les mécaniciens, quand la chaudière met le feu aux wagons. En dehors de ces lésions extérieures, il se produit souvent en même temps des désordres intérieurs, des troubles intellectuels plus ou moins profonds, un sentiment de terreur invincible, de la céphalalgie, des bourdonnements dans la tête, l'altération du sens de l'ouïe, quelquefois des palpitations, de l'agitation, de l'insomnie, toutes lésions qui peuvent persister plus ou moins longtemps. Les femmes disent presque toujours dans ces cas, que leurs règles se sont arrêtées depuis cette époque, à laquelle elles rapportent toute espèce d'accidents, de troubles peu faciles à constater et dont l'expert devra se défier.

du coup;

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Au point de vue des conséquences ultérieures, les lésions primitives des accidents de chemin de fer, ou la commotion violente éprouvée à cette époque, peuvent déterminer des complications graves du côté des organes internes, et suraffaitout des centres nerveux (paralysies des membres, blissement progressif physique et intellectuel, quelquefois paralysie générale).

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