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valeur lorsqu'il s'agira d'un cas de défloration, qui s'accompagne toujours de trop d'efforts pour laisser supposer que l'auteur de l'attentat était endormi.

21° L'accusé présente-t-il quelques signes physiques qui puissent le faire reconnaitre ? L'expert devra soumettre l'inculpé à un examen complet pour rechercher les signes ou les indices (taches, cicatrices, etc.) qui auraient été signalés par la victime, surtout lorsqu'il s'agit de petites filles qui ne peuvent les avoir inventés.

22o L'inculpé présente-t-il une conformation physique qui s'oppose à des rapports sexuels? — C'est une excuse souvent alléguée par les accusés prétendant avoir des infirmités (hernies volumineuses, hypospadias, maladies vénériennes anciennes, etc.) qui, selon eux, s'opposent au rapprochement sexuel. Même quand ces dispositions anormales existeraient et seraient assez sérieuses pour créer une impuissance absolue comme chez les vieillards octogénaires, elles n'auraient aucune valeur au point de vue des accusations d'attentats à la pudeur.

23° L'état mental de l'accusé ne peut-il pas expliquer les attentats dont il s'est rendu coupable? Certains états pathologiques, comme la démence sénile, la fureur érotique, le satyriasis, l'épilepsie, l'idiotie, l'imbécillité, certaines formes de folie avec perversion de l'instinct sexuel, peuvent devenir la cause d'attentats aux mœurs; aussi l'expert ne devra-t-il jamais oublier d'examiner l'état mental de l'inculpé. Tardieu rapporte très longuement à ce sujet l'histoire du sergent Bertrand, de ce fou qui déterrait les cadavres pour les violer, histoire qui montre jusqu'où peut aller la psychopathie sexuelle.

24° Quelle est la nature des taches trouvées sur les vêtements de la victime et de l'inculpé? La détermination de ces taches, d'une grande importance dans les cas d'attentats à la pudeur et de viol, ne présente pas en général de difficultés sérieuses: les taches qu'on a plus souvent à examiner sont des taches de sang, de matière mucosopurulente ou de sperme. L'expert devra les décrire avec le plus grand soin, indiquer leurs caractères extérieurs, le siège, la forme, la consistance et la couleur de la région

tachée; cette description, aussi minutieuse que possible, sera complétée par l'analyse chimique et l'examen microscopique. Nous renvoyons pour les détails à la seconde partie de cet ouvrage, où notre collaborateur a traité longuement cette question.

250 L'attentat ou le viol est-il simulė? Les faits de simulation ne sont pas rares dans les grandes villes dans un but de spéculation: d'après Taylor, ils sont particulièrement fréquents en Angleterre; quelquefois ce sont les parents qui produisent des lésions sur les organes de leurs enfants, leur font la leçon et accusent ensuite l'individu dont ils veulent tirer de l'argent ou se venger (Bayard, Ollivier d'Angers, Tardieu); d'autres fois, ce sont des filles hystériques qui s'introduisent des corps étrangers dans le rectum ou les parties sexuelles pour faire croire à des violences dont elles accusent des personnes étrangères.

Dans ces circonstances, l'expert doit agir avec la plus grande circonspection, se défier des récits des parents et de l'enfant lui-même et baser ses conclusions uniquement sur les constatations directes et sur l'état des organes.

Tardieu signale enfin un genre de spéculation qui intéresse particulièrement le corps médical des femmes dénoncent, dans un but intéressé ou pour se venger, des médecins comme coupables d'attentats à la pudeur ou de viols commis sur elles dans l'exercice de leur profession. Ces accusations même fausses créent pour les médecins une situation des plus désagréables, et peuvent compromettre singulièrement leur situation dans le monde.

DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE.

Cette question, autrefois peu connue et que les auteurs hésitaient pour ainsi dire à aborder, a été étudiée très longuement par Tardieu dans son ouvrage sur les Attentats aux mœurs. Nous ne pouvons mieux faire que de résumer en quelques pages ses idées.

La pédérastie était très répandue chez les anciens, sous le nom d'amour grec, principalement chez les Romains de la

décadence; en France, à Paris surtout, elle tend à prendre des proportions inquiétantes, et on la retrouve très souvent dans les questions de viol ou d'assassinat. Aussi le baron de Saint-Didier disait-il «< que dans Paris la pédérastie est l'école à laquelle se forment les plus habiles et les plus audacieux criminels ». Son étude est donc des plus importantes au point de vue médico-légal, et nous allons entrer dans des détails circonstanciés, malgré le dégoût que peut inspirer un pareil sujet.

Au point de vue des définitions, suivant Tardieu, on entend, en médecine légale, par pédérastie l'amour des jeunes garçons, l'amour grec des anciens (dos aprotys, pueri amator); par sodomie, les actes contre nature en euxmêmes, quel que soit le sexe de l'individu qui s'y prête ou en est la victime.

Ces faits contre nature peuvent s'exercer sur des femmes, sur des enfants, ou prendre les caractères d'une véritable prostitution.

A. Soderie conjugale. Les attentats de ce genre donnent arement lieu à des poursuites judiciaires; mais la doctrine actuelle, basée sur plusieurs arrêts de la Cour suprême, a consacré « le principe que le crime d'attentat à la pudeur peut exister de la part d'un mari se livrant sur sa femme à des actes contraires à la fin légitime du mariage, s'ils ont été accomplis avec violences physiques. » (Tardieu). Dans les cas où l'intervention médico-légale est nécessaire, l'expert aura à constater d'abord les traces de sévices et les traces de violences du côté de l'anus, puis les preuves que les rapports sexuels pouvaient s'exercer régulièrement; il devra conclure uniquement d'après l'examen des organes et ne pas s'en laisser imposer par les déclarations de la femme.

B. Attentats sur des enfants mineurs. Ces faits ne comprennent pas seulement les attentats commis par des hommes sur des jeunes garçons, mais des excitations à la débauche des enfants entre eux par des individus qui d'abord assouvissent sur eux leurs passions brutales (Tardieu). C. Prostitution pédéraste. Elle constitue, à côté de la prostitution féminine, une véritable prostitution qui s'étale presque publiquement dans certanes localités d'Italie, en

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Afrique et a pris à Paris, dans ces dernières années, un accroissement inquiétant. Elle est surtout destinée, dans cette dernière ville, à pratiquer en grand un genre d'escroquerie particulier dit chantage : les individus qui s'y livrent sont des voleurs d'une espèce à part qui, à l'aide des jeunes garçons leurs clercs, leurs outils, suivant l'expression convenue, attirent dans un piège les individus qui ont ces habitudes vicieuses et en tirent de l'argent en menaçant de les dénoncer à la police. Quelquefois le même voleur joue à la fois le rôle de leveur et de chanteur. « Après avoir provoqué à la débauche celui qui a eu le malheur de les aborder, ils changent tout à coup de ton, le prennent, comme ils disent, au saute-dessus, et, se donnant pour des agents de l'autorité, les menacent d'une arrestation, qu'ils consentent à grand'peine à ne pas faire si leur discrétion est largement rétribuée.» (Tardieu.)

En dehors de la question de chantage, la prostitution pédéraste s'exerce dans les mêmes conditions que la prostitution féminine, c'est-à-dire que certaines maitresses de maison ont à la fois chez elles des filles et des garçons connus sous le nom de tantes et qu'elles livrent au choix de leurs clients.

Enfin, à côté de cette prostitution masculine, se rencontrent d'autres variétés encore plus ignobles que l'expert doit connaître, et que Tardieu ne peut décrire autrement qu'en latin: « Omnes flagitiorum species apud depastás concurrunt; et variis quas nequitia genuit sectis nomen peculiare, servat abjectorum istorum hominum sermo. Qui manustupro dediti sunt, casse-poitrine appelluntur. Cognomine pompeurs de dard sive de nœud (id est turpissima penis significatio) designantur qui labia et oscula fellatricibus. blanditiis præbent. Fœdissimum tandem et singulare genus libidinosorum vivido colore exprimit appellatio renifleurs, qui in secretos locos, nimirum circa theatrorum porticos, convenientes quo complures feminæ ad micturiendum festinant, per nares urinali odore excitati, illico se invicem polluunt. >>

Tardieu, dont les observations ont porté sur 302 individus, les répartit comme il suit au point de vue de l'âge:

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Au point de vue des professions, sur 160 individus pédérastes, il a compté: 78 domestiques, 54 commis marchands, 16 militaires, 12 tailleurs, enfin 142 appartenant à des professions diverses.

Les individus de cette espèce, principalement les outils des leveurs, les tantes, prennent presque toujours des surnoms féminins la Bouchère, la Léontine, la Folle, la Fille à la mode, la Reine d'Angleterre, etc., etc.

En ce qui concerne les gens dont les goûts dépravés entretiennent, pour ainsi dire, ce genre de prostitution, Tardieu fait remarquer que cette inexplicable passion les expose souvent à des conséquences plus terribles que le chantage, et que les assassinats commis sur des pédérastes sont loin d'être rares. Quant à la cause même de cette passion absolument contre nature, elle est difficile à préciser; on peut se demander s'il n'y a là qu'une perversion morale, et si l'on n'est pas plutôt en présence d'une espèce de folie particulière étudiée par Kann sous le nom de psychopathia sexualis.

Suivant Casper, chez certains individus adonnés à la pédérastie, ce vice « est de naissance et constitue pour ainsi dire un hermaphrodisme moral; chez d'autres, au contraire, il fait invasion à un certain âge, lorsqu'ils sont blasés de toutes les voluptés naturelles. >>

Signes de la pédérastie. Suivant Tardieu, la pédérastie est caractérisée par un ensemble de signes qui permettent de la diagnostiquer presque à coup sûr. Ces signes manquent rarement ainsi, sur 273 cas, ils n'ont fait défaut que 23 fois, bien que les individus fussent des pédérastes avérés.

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