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prend au contraire des précautions pour conserver le corps et le soumettre à l'examen médical.

L'intégrité absolue du fœtus n'a aucune valeur, au point de vue de la question d'avortement, tandis que les lésions ont au contraire une importance capitale.

Sur ce point, M. Gallard ne partage nullement l'opinion de Tardieu, et pense que l'expert doit surtout chercher à déterminer l'age approximatif du fœtus. Ce premier point établi, il devra établir un rapprochement entre les lésions constatées sur la mère et sur l'enfant, et démontrer le correlation qui peut exister entre ces lésions.

DE L'ACCOUCHEMENT

Législation. — Nous avons cité précédemment, à propos de la naissance, les articles de la loi relatifs aux déclarations de naissances et à la recherche de la maternité. Nous n'y reviendrons pas; nous citerons encore l'article 345 du Code pénal ainsi conçu :

Les coupables d'enlèvement, de recel ou de substitution d'enfant à un autre, ou de supposition d'un enfant à une femme qui ne sera pas accouchée, seront punis de la réclusion.

Les circonstances relatives à l'accouchement dans lesquelles l'intervention du médecin légiste peut être réclamée sont la constatation de la grossesse, les conditions de l'accouchement lui-même, la déclaration de la naissance, la recherche de la maternité, la responsabilité des médecins ou des sages-femmes, les attentats dont le nouveau-né peut être la victime, etc.

Il est donc important de connaître à fond les signes de l'accouchement et les circonstances dans lesquelles il s'est produit.

Signes de l'accouchement. Ces signes varient suivant que l'accouchement est récent ou ancien. L'accouchement peut avoir lieu aussi après la mort.

A. Accouchement récent. On entend par là un accouchement qui ne remonte pas au delà de dix jours (Legrand

du Saulle). Les signes qui permettront de le reconnaitre sont : l'état général, l'état local et l'examen des produits expulsés.

a. État général. Les signes fournis par l'examen général de la femme n'ont pas une valeur absolue, mais peuvent déjà donner une forte présomption en faveur d'un accouchement supposé; les principaux sont: le masque caractéristique de la grossesse, siégeant surtout au front, à la lèvre supérieure et au menton; - l'aréole des seins dont la coloration brune a également une grande signification; — la ligne brune sous-ombilicale, qui a moins de valeur, car on l'observe également en dehors de la grossesse; les vergetures situées sur les parois abdominales et à la partie antérieure et supérieure des cuisses ces vergetures, violacées pendant la grossesse et l'accouchement, prennent une coloration rosée ou lie de vin après l'accouchement et finissent par blanchir à la longue; le gonflement des seins; l'embarras de la marche; quelquefois l'œdème des membres inférieurs; - enfin l'habitus général de la femme qui est d'une pâleur extrême, faible, abattue, essoufflée et présente tous les signes d'une anémie plus ou moins profonde, résultant de la perte de sang plus ou moins abondante qui accompagne tout accouchement. Ces pertes sont surtout marquées dans les accouchements clandestins, où la femme est généralement privée de soins. b. État local. Les signes de cet ordre ont une valeur absolue et permettent d'affirmer la grossesse : « Immédiatement après l'accouchement, la vulve est béante, les grandes et les petites lèvres sont rouges et tuméfiées; les rides du vagin sont plus ou moins effacées, selon que la femme en est à sa première couche ou qu'elle a eu déjà plusieurs enfants. Si etle est primipare, la fourchette est ordinairement déchirée et sanguinolente; l'orifice utérin, mou et dilaté, permet d'introduire un ou plusieurs doigts, presque dans l'intérieur de l'organe, dont les lèvres sont allongées, gonflées et souvent fendillées. » (Briand et Chaudé.) Dans la région hypogastrique, on sent une tumeur arrondie, mobile, du volume du poing, située un peu à droite au-dessous de l'ombilic; la compression de cette tumeur provoque des douleurs vives, enfin la ligne blanche est élargie et amincie; la peau du

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ventre est souple, molle et comme plissée. L'écoulemen: qui avait accompagné l'expulsion du fœtus s'arrête immediatement après, pour recommencer au bout de quelques heures (Briand et Chaudé); ce sont les lochies qui s'etablissent définitivement du deuxième au troisième jour. — [] ne parait pas exister de différence entre le sang des règles et le sang provenant d'un accouchement ou d'un avortement. Suivant Lecanu, dans l'état actuel de la science, il n'y a aucun moyen d'en faire la distinction. D'après Pajot, le sang des lochies présenterait au microscope une quantité plus ou moins considérable de globules purulents.

La présence du lait dans les seins a une grande importance au point de vue du diagnostic, mais non une valeur absolue parce qu'on en a trouvé en dehors de l'accouchement, chez des enfants nouveau-nés, des vierges et même des hommes (Casper). — Inversement, l'absence du lait ne pronve rieu contre la possibilité d'un accouchement.

La présence de l'hymen prouve qu'il n'y a pas eu accouchement d'un enfant à partir du 5 ou 6o mois; son absence ne prouve absolument rien (Casper).

L'écoulement lochial diminue ou s'arrête complètement du troisième au quatrième jour, au moment où apparaît la fièvre de lait. A cette époque, les seins, mous et volumineux, laissent écouler par la pression du mamelon un lait jaunâtre séreux, d'une saveur peu agréable, le colostrum. — Cette fièvre de lait, caractérisée par la sécheresse et la chaleur de la peau, de la céphalalgie, sans frisson, est généralement plus intense chez les femmes qui n'allaitent pas. Elle dure ordinairement six, huit, dix, douze ou vingt-quatre heures.

Le quatrième ou le cinquième jour, à mesure que disparait la fièvre de lait, les lochies deviennent de plus en plus abondantes et exhalent une odeur fétide et nauséabonde caractéristique. D'abord purement sanguinolentes, elles deviennent séro-muqueuses et durent quinze jours à trois semaines, quelquefois plus longtemps jusqu'au retour des règles; dans certains cas même, elles persistent davantage et se confondent avec la leucorrhée.

Pendant que les lochies subissent ces transformations, l'utérus dégorgé des liquides qu'il contenait, diminue peu à

peu de volume et tend à reprendre son volume normal et sa position dans le petit bassin, derrière le pubis, ce qui arrive ordinairement vers le septième ou huitième jour; mais il ne revient réellement à son état physiologique qu'au bout de cinq, six ou huit semaines, époque à laquelle la menstruation reparait pour la première fois.

Du dixième au quarantième jour, les modifications du côté des organes génitaux ont disparu; le diagnostic de l'accouchement s'établira surtout d'après l'examen des seins. Si la femme allaite, la lactation seule et l'examen microscopique suffiront pour fixer l'expert. Si la femme a cessé d'allaiter ou a fait passer son lait, il sera toujours assez facile, dit Legrand du Saulle, bien que la plénitude des seins soit moins marquée, de rétablir la sécrétion si l'on est encore près du dixième ou du quinzième jour; on facilite ainsi l'écoulement du lait, et il ne reste plus qu'à l'examiner comme dans le cas précédent. »

Suivant Donné, on peut encore, pour la détermination de la date de l'accouchement, recourir à l'examen microscopique du lait. « Le colostrum, au lieu de contenir, comme le lait parfait, une multitude de globules sphériques, d'une grosseur variable entre 1/500 et 1/100 de millimètre, mais d'une forme régulière, se présente au microscope sous la forme d'un liquide dans lequel flottent des globules mal formés irréguliers, très disproportionnés entre eux, dont quelques uns ressemblent plutôt à de larges gouttes oléagineuses, mais dont la plupart sont très petits, comme granuleux, et forment au milieu du liquide, une sorte de poussière. » (Briand et Chaudé.) M. Donné insiste longuement sur les modifications que présente le colostrum à mesure qu'on s'éloigne de l'époque de l'accouchement, depuis le premier jour jusqu'au vingt-quatrième, époque à laquelle le lait acquiert ses éléments absolument caractéristiques. MM. Briand et Chaudé font remarquer avec raison que ces modifications successives ne peuvent avoir qu'une valeur secondaire, parce que le plus ordinairement on a affaire non à des femmes nourrices, mais à des femmes qui n'allaitent point et cherchent au contraire à faire passer leur lait. Aussi G. Tourdes, étudiant la sécrétion lactée uniquement au point de vue

médico-légal, pose-t-il les conclusions suivantes : «< 1° Le lait reste imparfait chez les femmes qui n'allaitent pas; il continue à être caractérisé par l'inégalité des globules et par la présence des corpuscules du colostrum ; — 2° la diminution et la pauvreté croissante de la sécrétion ne fournissent que de simples indices; — 3o la rareté ou l'absence de la poussière globuleuse annonce un lait plus ancien; un signe d'âge semble résulter de la présence des corpuscules du colostrum. >>

Parmi les signes de l'accouchement récent, l'expert devra surtout rechercher les modifications subies non par la vulve mais par l'orifice vaginal proprement dit. Suivant M. Budin, l'aspect de ce dernier diffère entièrement avant ou après l'accouchement : « On ne trouve plus entre les petites lèvres le cercle intact ou déchiré, formé par l'extrémité antérieure du vagin; il existe au contraire des pertes de substance. Ce qui constituait l'hymen a été détruit sur une étendue plus ou moins considérable, la vulve se continue alors à plein canal avec le vagin, et, en certains points seulement on trouve des caroncules myrtiformes qui sont les débris de l'extrémité antérieure du vagin (hymen). » Cet orifice et les restes de la membrane hymen peuvent présenter des aspects variés comme le montrent les figures 4, 5, 6 de la Planche 14.

M. Budin insiste sur ce point qu'on constate à la fois la présence des caroncules myrtiformes, la disparition partielle des bords de l'orifice vaginal, et par places la continuation directe, en plein canal, de la vulve et du vagin.

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c. Examen des produits expulsés. Lorsqu'on retrouve le fœtus, le diagnostic de l'accouchement est naturellement très simplifié, et la démonstration du fait en lui-même ne présente aucune difficulté. Dans le cas où la femme, malgré l'évidence, s'obstinerait encore à nier, l'expert doit en outre chercher à établir s'il y a eu l'intervention d'une personne étrangère. Sur ce point, voici comment s'exprime Lorain : <«< Lorsque le cordon ombilical a été régulièrement coupé à trois ou quatre centimètres de l'ombilic, et lié suivant les principes de la science, lorsque le forceps a laissé des traces sur la tête ou la face, on peut affirmer qu'une personne de l'art a présidé à l'accouchement. Lorsque l'on trouve, au

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