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contraire, sur le foetus certaines mutilations, des déchirures, des traces de tractions faites avec brutalité et dans des conditions indiquant l'ignorance de la pratique obstétricale, on reconnait l'existence d'une personne complice d'un accouchement clandestin. Si la tête du fœtus est volumineuse, si la bosse sanguine y est très développée et si le fœtus a une teinte cyanosée, on peut supposer que l'accouchement a été long; on est en droit de supposer qu'il a été laborieux, ou s'est opéré dans des conditions défavorables, lorsque la bosse sanguine siège sur les fesses ou les parties génitales du fœtus, etc. »

Si l'on retrouve le placenta entier ou en partie, c'est une preuve de l'accouchement; enfin on peut constater sur les linges de la femme des taches (sang, lait, liquide ammiotique, méconium, matière sébacée) dont l'examen peut donner des indications précieuses sur la réalité de l'accouchement. Nous renvoyons pour cette question à la seconde partie de cet ouvrage (Examen des taches).

La date d'un accouchement B. Accouchement ancien. ancien est difficile à préciser par la seule inspection des organes et de l'état général de la femme, lorsqu'il s'agit d'une primipare; au bout de quinze à vingt jours en effet, d'après Briand et Chaudé, il n'est plus possible d'indiquer non seulement l'époque de l'accouchement, mais encore d'affirmer que la femme est récemment accouchée. Lorsqu'il s'agit d'une femme multipare, on peut encore moins fixer cette date, mais on peut affirmer, question qu'on pose très souvent, qu'il y a eu des grossesses antérieures et multiples, les signes sur lesquelles on appuiera son diagnostic sont la disparition de l'hymen et surtout l'existence des caroncules myrtiformes, dont M. Budin a démontré l'importance au point de vue du diagnostic de l'accouchement. L'aspect caractéristique de l'orifice lui a permis d'affirmer l'existence d'accouchements antérieurs chez des femmes qui niaient avoir jamais été enla laxité des grandes ceintes et qui finirent par avouer; lèvres, l'ampleur de la vulve et du vagin, la disparition de la fourchette, quelquefois des cicatrices au périnée, les modifications du col qui présente des déchirures plus ou moins nombreuses; - l'aréole brunȧtre autour des mamelons, la

ligne brune sous-ombilicale, enfin les sugillations abdominales. Stolz insiste particulièrement sur ces dernières et la déchirure de la commissure gauche du cercle de l'orifice de la matrice. Suivant lui, ces signes peuvent disparaître chez les primipares, ils persistent chez les multipares. D'après Strohl (Valeur de quelques-uns des signes reconnus comm caractéristiques d'un accouchement ancien) : « 1° les dimensions considérables de la fente du col se rencontrent avec ou sans grossesse antérieure; 2o l'accouchement a pu se faire à terme sans déterminer la déchirure du col; — 3o la grossesse a pu arriver à terme sans causer de vergetures abdominales; - 4° les vergetures des cuisses peuvent exister sans grossesse antérieure. »

Ajoutons enfin qu'il est impossible à l'expert de dire combien de fois une femme est accouchée; le nombre des déchirures du col n'a pas de valeur absolue, il peut permettre seulement d'affirmer plusieurs grossesses sans préciser le nombre.

Suivant M. Leblond, les déchirures du col utérin ne prouvent pas toujours un accouchement antérieur; la syphilis peut en effet laisser des déchirures qu'on pourrait confondre avec des cicatrices produites par l'expulsion du fœtus à terme. Enfin, suivant M. Gallard, à la suite d'affections inflammatoires, comme la métrite chronique, le col peut s'élargir et s'évaser au point de ressembler à un col multipare. C. Signes de l'accouchement après la mort. — Si l'accouchement est très récent, outre les signes fournis par l'examen des organes génitaux externes, des seins et de l'abdomen, on trouvera du côté de la matrice des modifications caractéristiques: l'utérus est volumineux, il a environ 29 centimètres de long sur 16 de large (Legrand de Saulle, il pèse de 500 grammes a 1 kilogramme; la muqueuse utérine est rouge, tuméfiée, épaissie; ses vaisseaux sont dilatés au point d'insertion du placenta; elle est ramollie, quelquefois recouverte de débris placentaires et présente les orifices béants des vaisseaux qui vont de la matrice au délivre. La tunique musculaire est également hypertrophiée: ses fibres contractiles qui normalement ont 0 millim. 03 à 0 millim. 07 de long sur 0 millim. 05 de large, atteignent

une longueur de 0 millim. 02 à 0 millim. 05, sur 0 millim. 01 de largeur (Legrand du Saulle). Ajoutons enfin que les symphyses du bassin présentent une certaine mobilité.

Si l'accouchement est un peu plus ancien, la face utérine est mamelonnée et recouverte, au point d'insertion du placenta, d'une couche albumineuse irrégulière qui va en diminuant et disparait vers la fin du deuxième mois.

Enfin, lorsque l'accouchement est très ancien, les ovaires. sont ridés et toujours plus volumineux que chez la femme qui n'a pas eu d'enfants. Les dimensions de l'utérus varient également dans le même sens; ainsi voici les chiffres que donne Legrand du Saulle :

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La forme de l'utérus a subi une modification qui persiste jusqu'à un àge avancé après l'accouchement; même quand l'organe a repris à peu près son volume normal, le fond, rectiligne chez une femme qui n'a pas eu d'enfants, est devenu bombé et curviligne.

Suivant M. Guyon, le corps de l'utérus présente chez les multipares des différences qui permettent d'affirmer dans une certaine mesure si une femme a eu des enfants ou n'en a jamais eu chez la multipare, la cavité utérine a une longueur moyenne de 50 millimètres, le diamètre supérieur

:

ou intertubulaire est de 20 millimètres, et le diamètre de l'orifice interne 10 millimètres. Chez les femmes multipares, la cavité du corps a une forme nettement triangulaire, limitée par des lignes courbes à convexité dirigée en dedans; la caractéristique de cet utérus, c'est l'élargissement de ses cornes aux dépens de la cavité intermédiaire et l'accroissement du segment supérieur du col. Cette disposition peut avoir une certaine valeur en médecine légale.

Questions médico-légales. — En dehors du diagnostic de l'accouchement, l'expert peut être appelé à se prononcer sur les questions suivante :

1° Une femme peut-elle accoucher sans le savoir? Oui, si l'on a employé des anesthésiques dont l'usage s'est très répandu dans ces dernières années, ou bien si l'expulsion du foetus a eu lieu pendant une attaque d'éclampsie, d'épilepsie, d'apoplexie ou pendant une syncope (Legrand du Saulle).

En dehors de ces deux circonstances, il est difficile d'admettre qu'une femme accouche sans le savoir, en allant à la garde-robe, parce qu'en raison de sa position même, des douleurs qui l'empêchent de s'asseoir, des changements que présentent le périnée et les organes génitaux externes, il est impossible que l'enfant puisse tomber dans la lunette dans ces conditions en effet, <<< la tête de l'enfant, refoulée de haut en bas par les contractions de l'utérus, pousse devant elle et fait proéminer la vulve et le périnée, qui porteraient sur la circonférence antérieure de la lunette; alors aussi l'accouchement venant à s'effectuer, l'enfant seruit projeté en avant, si l'on admettait que cette position fùt possible, sur la tablette antérieure de la lunette. ou devant cette lunette, et si l'enfant tombait dans la fosse, ce ne pourrait être que par la volonté de la mère, qui le refoulerait en arrière dans la direction de l'ouverture de la lunette » (Briand et Chaudé). Le fait n'est pas plus possible lorsque la femme prétend être montée sur la lunette; Briand et Chaudé pensent qu'il est impossible que, pendant les douleurs de l'enfantement, la femme puisse prendre cette position et accoucher ainsi, surtout pour les primipares. Legrand du Saulle ajoute qu'une femme qui n'est pas complé

tement idiote ne peut confondre les douleurs de l'enfantement avec les efforts de la défécation.

20 L'accouchement peut-il se faire assez rapidement pour que l'enfant tombe des parties de la mére? - Oui, l'accouchement est possible dans ces conditions, et, dans certains cas d'infanticide, les femmes ne manquent pas de les invoquer pour expliquer les fractures du crâne observées sur un enfant. En réalité la chute du foetus, même en supposant qu'il tombe à terre au moment de son expulsion, a rarement des conséquences aussi graves. Klein n'en a observé qu'un seul cas sur deux cent quatre-vingt-trois accouchements; cette rareté tient suivant lui aux frottements du corps contre les parois vaginales et les cuisses, à l'élasticité et à la résistance des os du crane. Dans quelques cas très rares, avec des fosses d'aisances dont l'ouverture ne présente pas les dispositions ordinaires, il peut se faire que, par suite d'un travail très rapide, l'enfant tombe réellement au fond de la fosse, mais le fait s'observe si peu souvent que l'expert, devant les allégations de la partie intéressée, devra examiner avec soin la disposition des lieux et l'attitude prise par la mère au moment de l'accident (dimensions du siége, de l'orifice, distance du mur, taches de sang, etc.).

3o L'accouchement peut-il provoquer un accés de folie subite, qui explique l'infanticide ou un manque de soins ayant eu pour conséquence la mort de l'enfant? Nous verrons cette question au chapitre de l'Infanticide.

4o La femme, en se délivrant, a-t-elle pu tuer son enfant? - Le fait n'est guère possible, car en supposant même qu'elle ait pris l'enfant par le cou, elle n'a pu l'étrangler, «< parce que, dit Legrand du Saulle, tant que le cordon ombilical est intact, l'enfant n'a nul besoin de respirer. »

5o L'accouchement peut-il produire des lésions sur le fœtus? Evidemment, nous renvoyons au chapitre de l'Infanticide pour ces différentes questions.

6o L'accouchement est-il possible après la mort? — Oui, l'expulsion spontanée du foetus peut se faire après la mort. Suivant M. Pénard, il peut arriver que, chez une femme enceinte qui est à terme, mais ne présente aucun signe de tra

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