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L'AISANCE ET LE BONHEUR.

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(362) pas les personnes indiscrètes? 4. Préférez-vous la bière douce à la bière amère? 5. Avez-vous acheté une édition complète des œuvres de Molière (p. 232)? 6. Pourriez-vous vivre avec des gens querelleurs?

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DANS LA MÉDiocrité.

L'ordre, l'économie, le travail, un petit commerce et surtout la frugalité, nous entretenaient (339) dans l'aisance. Le petit jardin produisait (344) presque assez de légumes pour les besoins de la maison, l'enclos nous donnait des fruits, et nos coings1, nos pommes, nos poires, confits au miel de nos abeilles, étaient, durant l'hiver, les déjeuners les plus exquis. Le troupeau de la bergerie de Saint-Thomas habillait de sa laine tantôt les femmes et tantôt les enfants; mes tantes la filaient; elles filaient aussi le chanvre du champ qui nous donnait du linge; et les soirées, où, à la lueur d'une lampe qu'alimentait l'huile de nos noyers, la jeunesse du voisinage venait teiller avec nous ce beau chanvre, formaient un tableau ravissant. La récolte des grains de la petite métairie assurait notre subsistance; la cire et le miel des abeilles, que l'une de mes tantes cultivait avec soin, étaient un revenu qui coûtait peu de frais; l'huile exprimée de nos noix encore fraîches (167) avait une saveur, une odeur que nous préférions au goût et au parfum de celle de l'olive, Nos galettes de sarrasin 7, humectées, toutes 10 (298) brûlantes, de ce bon beurre. du mont Dores, étaient pour nous le plus friand régal. Je ne sais pas quel mets nous eût paru (341) meilleur

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1. Le coing (koin) est une espèce de grosse poire, jaune, dure, qui se mange cuite.-2. Confire (396). 3. Une lampe que l'huile de nos noyers alimentait. Inversion (105). 4. Ou tiller, détacher avec la main le filament du

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chanvre. 5. Charmant.

6. Une métairie est un domaine dont le produit est partagé entre le propriétaire du sol et le laboureur (métayer) qui le cultive. 7. Blé noir. 8. Le mont Dore est une montagne d'Auvergne, entre le Puyde-Dôme et le Cantal. 9. Aurait. Au lieu de tout, par euphonie.

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L'AISANCE ET LE BONHEUR.

MARMONTEL.

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que nos raves et nos châtaignes; et en hiver, lorsque ces belles raves grillaient le soir autour du foyer, ou que nous entendions bouillonner l'eau du vase où cuisaient (344) ces châtaignes si savoureuses et si douces, le cœur nous palpitait de joie. Je me souviens aussi du parfum qu'exhalait un beau coing 2 rôti sous la cendre, et du plaisir qu'avait notre grand'mère à le partager entre nous. Ainsi, dans un ménage où rien n'était perdu, de petits objets réunis entretenaient une sorte d'aisance, et laissaient peu de dépense à faire pour suffire à tous nos besoins. Le bois mort dans les forêts voisines était en abondance; il était permis (404) à mon père d'en tirer sa provision. L'excellent beurre de la montagne et les fromages les plus délicats étaient communs et coûtaient peu; le vin n'était pas cher, et mon père luimême en usait sobrement. MARMONTEL, Mémoires.

PERMUTATION.Lisez ainsi : L'ordre, l'économie, le travail, etc., les entretenaient dans l'aisance, etc.

Marmontel (1723–1799), né à Bord, dans le Limousin, d'une famille pauvre, se distingua comme littérateur et devint membre de l'Académie française. Ses principaux ouvrages sont : Bélisaire et les Incas, romans qu'on ne lit plus; des Contes moraux, écrits avec facilité; des Éléments de littérature, encore estimés aujourd'hui ; des Mémoires sur sa vie, composés pour l'instruction de ses enfants.

CONVERSATION.

1. Qu'est-ce qui vous entretenait dans l'aisance? 2. Que vous fournissait votre jardin? 3. Que vous donnait votre enclos (verger)? 4. De quoi se composaient vos déjeuners? 5. D'où tiriez-vous vos vêtements de laine? 6. Qui est-ce qui filait la laine et le chanvre que vous récoltiez? 7. Qu'est-ce qui formait un tableau ravissant? 8. Qu'est-ce qui assurait votre subsistance? 9. Que devenaient la cire et le miel de vos abeilles? 10. Quelle huile préfériez-vous à l'huile d'olive?

11. Quel était votre régal favori? 12. N'étiez-vous pas tous très friands de vos raves et de vos châtaignes? 13. Quand le cœur vous palpitait-il de joie? 14. Ne mangiez-vous pas des coings délicieux ? 15. Étiez-vous obligés d'acheter beaucoup de denrées ? 16. Achetiez

1. Savoureux vient de saveur, comme douloureux vient de douleur. Voy. page 77, no 117. - 2. Prononcez koin. Voy. page 32, n° 25.

FEMININ DES ADJECTIFS. EXCEPTIONS.

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vous votre bois de chauffage? 17. Le beurre et le fromage étaientils rares? 18. Quelle était votre boisson?

MARMONTEL. 1. Marmontel était-il Auvergnat? 2. Ses parents étaient-ils riches? 3. Comment se distingua-t-il? 4. Quels sont ses principaux ouvrages? 5. Dans quel but écrivit-il ses Mémoires?

VINGT-SEPTIÈME LEÇON

Féminin des adjectifs.

Exceptions et particularités.

(Suite.)

165. Beau, nouveau, jumeau, fou, mou et vieux font au féminin belle, nouvelle, jumelle, folle, molle et vieille, du vieux français bel, nouvel, jumel, fol, mol et vieil, formes qui s'emploient encore (sauf jumel) devant une voyelle ou devant une h

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Fou rire est le seul exemple où l'on trouve fou avant le nom.

166. On double la consonne finale et l'on ajoute un e muet pour former le féminin des quatorze adjectifs suivants :

bas,

74 basse; W

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Exercice XXVII. - Féminin de l'adjectif.

I. Beau, bel, belle; nouveau, nouvel, nouvelle; fou, fol, folle; mou, mol, molle. 1. Le château était-il beau? Non, mais l'avenue était belle. 2. Aviez-vous un bel étang? Non, mais une belle petite rivière arrosait la propriété. 3. Le vieux domestique avait-il son bel habit? Non, il avait gardé son vieil habit. 4. Le nouveau locataire n'est-il pas fou? Non, mais je pense que la nouvelle locataire est folle. 5. Le grand

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́élève a-t-il son nouvel uniforme? Non, il a conservé son ancien uniforme, parce que son nouvel habit est trop étroit. 6. Ce canard n'est-il pas beau et gras? — Si (145), et cette poule est encore plus belle et plus grasse

166.

II. On double la consonne finale et l'on ajoute c muet. 1. Votre fauteuil est-il bas? - Non, mais ma chaise est un peu basse. 2. Votre petit cousin a-t-il été gentil? Non, mais notre petite cousine a été bien gentille. 3. Ce velours n'est-il pas épais? — Si, et cette soie est aussi très épaisse. 4. Votre dindon était-il gras? Oui, et notre dinde était encore plus grasse. 5. Le nouveau concierge n'a-t-il pas l'air paysan? — mais la nouvelle concierge a la tournure paysanne. 6. Connaissez-vous le nouveau voisin? Oui, c'est un homme nul, mais sa femme est loin d'être nulle.

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Non,

DEVOIR. Écrivez les phrases au pluriel: Les châteaux étaientils beaux? etc.

Exercice d'invention.

1. Quand porte-t-on (141) son plus bel habit? 2. Êtes-vous las (ou lasse)? 3. Hahitez-vous une vieille maison? 4. Avez-vous la vue basse? 5. Ne portez-vous pas des chaussures épaisses pendant l'hiver? 6. Aimezvous les nouvelles connaissances (91)?

ÉTUDE DES VERBES.

Apprenez trad-uire, no 344, page 333.

ANTIOPE

Portrait.

Ce qui touche dans Antiope, c'est son silence, sa modestie, son travail assidu, son industrie pour les ouvrages de laine et de broderie, son application à conduire toute la maison de son père depuis que sa mère est morte (364), son mépris des vaines parures, l'oubli et l'ignorance qui paraît (341) en elle de sa beauté. Quand son père la mène (310) avec lui à la chasse, elle paraît majestueuse et adroite à tirer de l'arc, comme

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Diane' au milieu de ses nymphes; elle seule ne le sait? pas, et tout le monde l'admire.

Antiope est douce, simple et sage, elle prévoit (381) de loin, elle pourvoit (371) à tout; elle sait se taire ct. agir de suite sans empressement; elle est à toute heure occupée; elle ne s'embarrasse jamais, parce qu'elle fait chaque chose à propos; le bon ordre de la maison de son père est sa gloire; elle en est plus ornée que de sa beauté. Quoiqu'elle ait soin de tout, et qu'elle soit chargée de corriger, de refuser, d'épargner, choses qui font haïr presque toutes les femmes, elle s'est rendue (304) aimable à toute la maison; c'est qu'on ne trouve en elle ni passion, ni entêtement, ni légèreté, ni humeur; d'un seul regard elle se fait entendre, et on craint de lui déplaire; elle donne des ordres précis; elle n'ordonne que ce qu'on peut exécuter; elle reprend avec bonté, et, en reprenant", elle encourage. Le cœur de son père se repose sur elle, comme un voyageur abattu (388) par les ardeurs du soleil se repose  l'ombre sur l'herbe tendre. Antiope est un trésor digne d'être recherché dans les terres les plus éloignées. Son esprit, non plus que son corps, ne se parent jamais de vains ornements; son imagination, quoique vive, est retenue par sa discrétion; et, si elle ouvre la bouche, la douce persuasion et les grâces naïves coulent de ses lèvres. Dès qu'elle parle, tout le monde se tait (413), et elle en rougit; peu s'en faut qu'elle ne supprime' ce qu'elle a voulu 10 dire, quand elle aperçoit qu'on l'écoute si attentivement. A peine l'avons-nous entendue parler. - FENELON, Télémaque, liv. XVII. (Voy. p. 99.)

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EXERCICE DE GRAMMAIRE. - L'élève détachera tous les adjectifs qui se trouvent dans l'extrait pour en faire deux colonnes dans la première, il mettra le masculin; dans la seconde, le féminin.

1. Diane, déesse de la chasse. Les cheveux relevés derrière la tête, la taille svelte et souple, elle porte la tunique retroussée, un arc, un carquois, et a les pieds chaussés du cothurne; un cerf ou un daim est près d'elle. - 2. Savoir, page 346.- 3. Faire, page 353. 4. Craindre, page 334. 5. Pouvoir,

page 345.

6. Reprendre, page 358.

7. Retenir (339). 8. Ouvrir (338). 9. Elle ne supprime pas ce qu'elle a dit, mais peu s'en faut.

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10. Vouloir (382).

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