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LE RENARD.

BUFFON.

(374) n'employer qu'à propos. Il veille de près à sa conservation; quoique aussi infatigable, et même plus léger que le loup, il ne se fie pas entièrement à la vitesse de sa course; il sait se mettre en sûreté en se pratiquant un asile où il se retire dans les dangers pressants, où il s'établit, où il élève ses petits.

Le renard est doué d'un sentiment supérieur, et tourne tout à son profit; il se loge au bord des bois, à portée des hameaux; il écoute le chant des coqs et le cri des volailles; il les savoure de loin; il prend habilement son temps, cache son dessein et sa marche, se glisse, se traine, arrive, et fait (400) rarement des tentatives inutiles. S'il peut (372) franchir les clôtures ou passer par-dessous, il ne perd pas un instant, il ravage la basse-cour, il y (404) met tout à mort, se retire ensuite lestement, en emportant sa proie, qu'il cache sous la mousse, ou porte à son terrier; il revient quelques moments après en chercher une autre, qu'il emporte et cache de même, mais dans un autre endroit; ensuite une troisième, une quatrième, etc., jusqu'à ce que le jour ou le mouvement dans la maison l'avertisse qu'il faut se retirer et ne plus revenir. Il fait la même manœuvre dans les pipées1 et dans les taillis où l'on prend les grives et les bécasses au lacet; il devance le pipeur; va (347) de très grand matin, et souvent plus d'une fois par jour, visiter les lacets, les gluaux, et emporte successivement les oiseaux qui se sont empêtrés. Il chasse les levrauts en plaine, saisit quelquefois les lièvres au gîte, ne les manque jamais lorsqu'ils sont blessés, déterre les lapereaux dans les garennes, découvre les nids de perdrix, de cailles, prend la mère sur les œufs, et détruit (344) une quantité prodigieuse de gibier. BUFFON, Histoire naturelle.

PERMUTATION. Lisez cette leçon au pluriel : LES RENARDS. Les renards sont fameux par leurs ruses, etc.

Georges-Louis LECLERC, comte DE Buffon (1707-1788), un des plus

1. Pipee, sorte de chasse dans laquelle on contrefait le cri de la chouette, pour attirer les oiscaux sur des branches enduites de glu.

LES TROIS COMPARATIFS.

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célèbres naturalistes de l'Europe et l'un des quatre grands prosateurs français du dix-huitième siècle, passa quarante ans de sa vie à écrire son Histoire naturelle, qui est un des plus beaux monuments de la langue française. Le style de Buffon est noble, quoique sonvent un peu trop solennel. C'est ce grand style qui assurera à jamais sa réputation.

EXERCICE DE GRAMMAIRE.

L'élève pourra détacher les adverbes

qui se trouvent dans ce morceau.

BUFFON.

CONVERSATION.

1. Buffon occupe-t-il un rang élevé dans la littérature française? 2. Quel est le principal ouvrage de Buffon? 3. Consacrat-il beaucoup de temps à écrire ce grand ouvrage? 4. Que peut-on dire du style de Buffon ?

TRENTE ET UNIÈME LEÇON

Les trois comparatifs. Emploi de ne dans les comparaisons. Ne

185. I. On forme le COMPARATIF de supérioritéÉ en mettant plus deyant l'adjectif ou le participe:

1. Le mouton est utile, mais le renne est plus utile (que le mouton). 2. Ce jeune homme est plus riche que sage. 3. Marie est admirée, mais Marguerite est plus admirée (que Marie).

(Les mots en parenthèse ne sont pas absolument nécessaires au sens de la phrase.)

186. On forme souvent le comparatif de supériorité en mettant devant le participe mieux, comparatif de bien (180) :

Le premier volume est bien relié, mais le second volume est mieux relié (que le premier). ·

187. II. On forme le COMPARATIF D'INFÉRIORITÉ en mettant avant l'adjectif moins, comparatif de peu (180) :

1. L'avenue Marceau est moins longue que l'avenue Kléber (à Paris). 2. Les Lapons sont moins civilisés que les autres Européens. 3. Le lait de vache est moins substantiel et moins nourrissant que le lait de renne.

188. Moins bien forme le comparatif d'infériorité, exprimé par un participe passé qui est modifié par bien au positif : Votre portrait est bien peint (346); celui de votre frère est moins bien peint (que le vôtre).

1. Les trois autres sont VOLTAIRE (p. 75), MONTESQUIEU (p. 140) et JeanJacques ROUSSEAU (p. 103).

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LES TROIS COMPARATIFS.

189. III. On forme le COMPARATIF D'ÉGALITÉ en mettant aussi devant l'adjectif :

Léon est aussi riche que Frédéric.

190. Aussi bien remplace aussi quand la comparaison d'égalité est exprimée par un participe passé :

Ce volume est bien relié, mais celui-là est au moins aussi bien relié.

Si peut remplacer aussi quand la comparaison est négative:

1. Charles n'est pas si riche que Frédéric. 2. Le premier volume n'est pas si bien relié que le second.

On emploie fréquemment l'adverbe si d'une manière absolue :
Polichinelle est si amusant !

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191. Ne figure après le comparatif lorsque le second terme de la comparaison est un verbe :

1. Edmée est plus riche qu'elle ne le paraît (341). 2. Edmond écrit (398) mieux qu'il ne parle. 3. Comme tous ceux qui gagnent bien leur vie, il se croyait un peu plus riche qu'il ne l'était. Edmond ABOUT, romancier (1828-1885),

En intervertissant l'ordre de la phrase, on voit pourquoi il faut employer ne :

1. Edmée ne paraît pas si riche qu'elle l'est. 2. Edmond ne parle pas si bien qu'il écrit. 3. Il n'était pas si riche qu'il le croyait.

Autres exemples. 1. Étienne dépense plus qu'il ne gagne. 2. Stéphanie voyage moins que vous ne le pensez.

Explications. 1. Étienne ne gagne pas tant qu'il dépense. 2 .Stéphanie ne voyage pas tant que vous le pensez.

LES TROIS COMPARATIFS,

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Exercice XXXI. -Les trois comparatifs.

Plus... que. 1. Le lac est plus profond que la rivière. 2. Le lièvre de forêt est plus fort que celui de plaine. 3. Ce renne est plus gros que l'autre. 4. Lucien était plus grand, plus maigre, plus brun que Napoléon. Mieux... que. 1. Cet âne est mieux ferré que ce cheval. 2. Cette pièce est mieux tapissée que l'autre, 3. Ce jeune homme est mieux mis (404) que l'autre. Moins... que. 1. Ce traîneau est moins léger que l'autre, 2. Paris est-il moins grand que Londres?

Moins bien... que.

1. Ce château est moins bien

bâti que l'autre. 2. Cette dame est moins bien mise (404) que cette demoiselle.

Aussi... que. 1. Leur parc est aussi grand que notre bois. 2. Edmée est aussi brune que Méta. 3. La Laponie est-elle aussi froide que la Suède?

Si... que.-1. Ce velours n'est pas si cher que l'autre. 2. Le salon n'est pas si humide que la salle à manger

DEVOIR. Changez 1° les comparatifs de supériorité en comparatifs d'égalité; 2° les comparatifs d'infériorité en comparatifs de supériorité; 3° les comparatifs d'égalité en comparatifs d'infériorité. Donnez la forme affirmative du dernier alinéa.

Exercice d'invention.

1. Votre livre est-il plus grand que le mien? 2. Votre dernier devoir est-il mieux écrit que celui que vous avez apporté aujourd'hui ? 3. Les vacances de Noël sontelles moins longues que les vacances de Pâques? 4. Trouvez-vous le café aussi rafraîchissant que le thé? 5. La bière est-elle aussi chère que le vin? 6. Berlin n'est-il pas moins peuplé que Paris?

Paris a environ deux millions et demi d'habitants; Berlin en avait un million trois cent mille en 1886.

ÉTUDE DES VERBES. Apprenez la première moitié des temps simples du verbe passif être craint (ou crainte), page 317.

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LE PRINTEMPS EN BRETAGNE.

LE PRINTEMPS EN BRETAGNE

(La Bretagne s'appelait anciennement Armorique; elle reçut son nom actuel des Bretons qui, fuyant le joug des Angles et des Saxons, quittèrent l'Angleterre au v⚫ et au vi° siècle, pour s'établir dans l'Armorique occidentale.)

Vous craignez (346), dites-vous, les rigueurs du climat breton; mais le printemps en Bretagne est plus doux qu'aux environs de Paris, et y fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l'annoncent, l'hirondelle, le coucou, le loriot, la caille et le rossignol, y arrivent avec les brises qui caressent les golfes de la péninsule armoricaine. La terre s'y couvre de marguerites, de pensées, de jonquilles, de narcisses, de jacinthes, de renoncules. Les clairières s'y panachent d'élégantes et hautes fougères; les champs de genêts et d'ajoncs y resplendissent de leurs fleurs, qu'on prendrait pour des papillons. Les haies, le long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette, y sont décorées d'aubépine, de chèvrefeuille. Tout y fourmille d'abeilles et d'oiseaux; les nids et les essaims y arrêtent les enfants à chaque pas. Dans certains abris, le myrte et le laurierrose y croissent en pleine terre comme en Grèce; la figue y mûrit comme en Provence; chaque pommier, avec ses fleurs carminées, y ressemble à un gros bouquet de fiancée de village.

L'aspect du pays est celui d'une continuelle forêt, et rappelle l'Angleterre. Des vallons étroits et profonds, où coulent de petites rivières non navigables, présentent des perspectives riantes et solitaires. Sur les côtes on voit se succéder des tours à fanaux1, des clochers de la Renaissance (p. 175), des vigies, des ouvrages romains, des monuments druidiques, des ruines de châteaux : la mer borne le tout. - CHATEAUBRIAND. (Voy. p. 114).

PERMUTATION.

Employez l'interrogation négative: Vous crai

1. Un fanal est un feu allumé la nuit sur la côte et à l'entrée d'un port. 2. Une vigie est un matelot qui est en sentinelle au haut d'un mât. Les vigies dont parle Châteaubriand sont des tours du haut desquelles on fait le guet.

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