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sur cette ressource que l'on compte pour faire face aux frais de la guerre.

Dans les articles séparés, l'Angleterre garantit le tiers de ce papier, de sorte qu'en réalité c'est une nouvelle dette ajoutée à la dette anglaise. Il reste à savoir dans quel pays on émettra ce nouveau papier. Lorsque cette idée lumineuse a été conçue, ou espérait probablement que cette émission aurait lieu aux dépens de la Confédération du Rhin et même de la France, Botamment dans la Hollande, dans la Belgique et dans les départemens du Rhin. Cependant le traité n'en a pas moins été ratifié depuis l'armistice. La Russie fait la dépense de son armée avec du papier que les habitans de la Prusse sont obligés de recevoir; la Prusse elle-même fait son service avec du papier; l'Angleterre aussi a son papier: il paraît que chacun de ces papiers isolé n'a plus le crédit suffisant, puisque ces puissauces prennent le parti d'en créer un en commun. C'est aux négocians et aux banquiers à nous faire connaître s'il faut multiplier le crédit du nouveau papier par le crédit des trois puissances, ou bien si ce crédit doit être le quotient.

La Suède seule paraît avoir reçu de l'argent de l'Angleterre : à peu près 5 à 600 mille liv. sterl.

La garnison de Modlin est en bon état. Les fortifications sont augmentées. On déchiffrait au quartier-général les rapports des gouverneurs de Modlin et de Zamosc. Les garnisons de ces deux places sont restées maîtresses du pays à une liene autour d'elles, les troupes qui les bloquaient n'étant que des milices mal armées et mal équipées.

L'empereur a pris à sa solde l'armée du prince Poniatowski, et lui a donné une nouvelle organisation. Des ateliers sont établis pour fournir à ses besoins. Avant vingt jours elle sera équipée à neuf et remise en bon état,

Quelque brillante que soit cette situation, et quoique S. M. ait réellement plus de puissance militaire que jamais, elle n'en désire la paix qu'avec plus d'ardeur.

L'administration a fait acheter une grande quantité de riz, afin que pendant toute la grande chaleur, cette denrée entre pour un quart dans les rations du soldat.

4 Juillet, 1813.

Paris, le 3 Juillet.

Nous avons reçu les gazettes de Dantzick depuis le 26 Janvier jusqu'au 29 Avril inclusivement.

Nous y trouvons les proclamatious russes dont il est question dans les rapports de M. le général comte Rapp, et les diverses notes par lesquelles ce général, aux termes de son rapport du

29 Janvier, a cru devoir y répondre. Nous avons pensé que ces actes et ces divers extraits seraient lus avec intérêt.

Extrait de la gazette de Dantzick.

Dantzick, le 26 Janvier.-Le sénat de Dantzick, allié fidèle de l'empereur, s'est empressé de transmettre au gouverneur la lettre et la proclamation suivante qui ont été apportées en ville par un habitaut de la campagne.

Quoique ces pièces soient signées Joseph comte Platow, le gouverneur se refuse à croire qu'elles soient de l'hettmann des Cosaques, il les attribue à quelque commandant des avantpostes, qui se sera permis de compromettre le nom de son général.

Un officier aussi distingué que M. le comte Platow, à la tête d'armées aussi belles et aussi nombreuses, ne voudra devoir la conquête de Dantzick qu'à la sagesse de ses dispositions et à la valeur de ses soldats.

Employer l'intrigue et la corruption dénotent la faiblesse et l'impuissance.

Si quelques habitans doutaient de la beauté de cette armée, on leur offre des passeports pour aller la voir: ils verront des escadrons de 20 à 30 chevaux, des bataillons de 150 et 200 hommes, et ils pourront faire la comparaison de cette belle armée avec les débris qui se cachent derrière les murs de Dantzick.

Le général de cavalerie, hettmann des Cosaques, comte Platow, aux dignes magistrats de Dantzick.

Les magistrats de Dantzick ne savent pas, sans doute, qu'outre mon propre corps, l'armée du général de cavalerie comte Wittgenstein, que je commande en sa place, et en même tems les corps de MM. les généraux Steinheil, Kutusow et Lewis sont dans l'intention d'assiéger Dantzick dans les formes, et que l'équipage de siége est arrivé ici avec l'infanterie pour l'exécution de cette mesure.

Mais je counais le noble cœur de mon maître, qui ne désire rien tant que de procurer aux peuples allemands leur ancienne liberté et leur commerce illimité, et de rétablir ainsi la prospérité de cette bonne nation, sans leur faire éprouver les malheurs de la guerre, s'il est quelques moyens de l'éviter.

Dans cette vue, pour exécuter ponctuellement les vœux pleins d'humanité de l'empereur mon maître et souverain, j'invite tous les magistrats d'aviser aux moyens par lesquels il me serait possible d'occuper Dantzick en épargnant un siége ruineux.

M. le général gouverneur françois devrait voir lui-mème, qu'avec une garnison insignifiante, composée des débris de l'armée, et dans des circonstances où il ne peut compter sur aucun secours, pour nous opposer une longue résistance, ce serait à

pure perte exposer les personnes et les propriétés des habitans de Dantzick par le refus de la reddition de cette place.

Il est enjoint auxdits magistrats, pour l'amour de la bourgeoisie et pour l'intérêt des habitans qui ressentiraient tout le fardeau dé la guerre pendant ce siége, de presser ledit gouverneur de rendre la place, ou par la voie de persuasion, ou en l'y contraignant par les moyens qui seraient jugés convenables, afin d'éviter les malheurs qui résulteraient infailliblement de ce siége pour leurs concitoyens.

En présence de notre armée qui prend la bourgeoisie sous sa protection, les magistrats de Dantzick doivent saisir tous les moyens possibles pour éviter la perte des hommes et la destruction de cette ancienne ville, malheurs qui seraient les effets inévitables d'un siége.

C'est pourquoi je préviens par la présente lesdits magistrats, et je leur fais en même tems l'ouverture que si la ville de Dantzick ne n'est pas livrée par l'heureux moyen que je propose, dans trois jours au plus tard j'en commencerai le siége,

Le général russe de cavalerie et hettmann des Cosaques,

JOSEPH PLATOW.

Le général de cavalerie et hettmann des Cosaques, comte Platow, aux habitans de Dantzick.

Habitans de Dantzick,

Le tems du siége est arrivé; je suis devant vos murs avec mon corps, avec l'armée du comte Wittgenstein, et les corps des généraux Steinheil, Lewis et Kutusow. Les restes de l'armée française, qui se tiennent cachés derrière vos remparts, et qui ne peuvent attendre aucun secours, sont trop faibles pour me résister, ainsi qu'à vous, si vous le voulez.

Si vos enfans, si vos femmes vous sont chers, forcez l'ennemi commun à capituler avant que je me voye forcé à battre Dantzick et à l'emporter de vive force.

Le courage et la résolution peuvent vous délivrer d'une déplorable tyrannie, et ramener dans vos murs la liberté, le commerce et la prospérité.

(Même signature que dessus.)

Du 26 Février. Des officiers russes s'étant présentés aux avantpostes polonais, ont demandé à entrer en pourparler avec des officiers de cette nation; mais les soldats polonais ne connaissant d'autre entretien avec l'ennemi, que celui des coups de fusil, la tentative des Russes a été inutile. Ce moyen ne leur ayant pas réussi, ils ont jeté, en s'enfuyant, un paquet de proclamations, soi-disant des citoyens de Varsovie à leurs frères qui sont aux

armées.

Les citoyens de la ville de Varsovie à leurs frères qui sont aux

Soldats!

armées.

La bravoure des troupes polonaises et de toute la nation, ainsi que les nombreux sacrifices qu'elle a faits, n'ont pu arrêter les armées russes; elles sont dans notre pays, elles occupent la capitale mais grâces à Dieu tout-puissant, les Russes sout devenus nos amis; toutes les craintes ont disparu; les procla mations des généraux commandans assurent à nos concitoyens la protection du grand et du maguanime empereur Alexandre, et des cœurs déjà rapprochés par des rapports d'idiôme et de voisinage viennent encore de s'unir par un lien d'amitié plus étroit. Nous avons lieu d'ailleurs d'être convaincus depuis quelques années, que Napoléon ne se sert pas de la valeur de pos troupes pour le bonheur et l'indépendance de notre pays, mais qu'il répand notre sang pour établir sa toute-puissance.

La grande nation russe nous a montré ce qu'on peut faire, quand on sacrifie tout pour conserver sa liberté et son indépendance. Elle a vaincu, elle se lie avec nous et Alexandre, et les braves Russes ont fait plus encore que l'armée, car ils ont subjugué nos cœurs.

Braves soldats qui servez encore sous les drapeaux de Napoléon, qui combattez contre vos concitoyens, contre les intérêts de toute l'Europe, quittez les drapeaux ennemis, retournez à vos frères, et devenez dignes de rester avec nous, qui, connaissant par expérience la bienveillance d'Alexandre, attendons ses bienfaits.

Rendez-vous à l'invitation de vos frères, revenez au milieu d'eux, labourez vos champs pour aggrandir et nourrir vos fą milles.

Note du rédacteur.-J'ai tâché de traduire cette proclamation le plus littéralement possible; le mauvais style dans lequel elle a été rédigée, prouve qu'elle ne l'a pas été par un polonais; les fautes d'orthographe dont elle fourmille, prouvent également qu'elle n'a point été imprimée à Varsovie. J'ai été même obligé d'omettre les quatre dernières lignes de la proclamation, attendu que tous les Polonais à qui je les ai lues n'ont pu les comprendre.

Le commandant des avant-postes a adressé les proclamations à S. Ex. M. le général-gouverneur comte Rapp, qui a donné surle-champ l'ordre aux commandans des régimens d'en faire lecture à la tête de leurs corps, pour prouver à nos ennemis combien il est sûr de la fidélité des troupes polonaises.

Les officiers, sous-officiers et soldats polonais, indigués des moyens méprisables auxquels l'ennemi a recours pour les porter à détacher leur cause de celle du plus puissant, du plus géné

reux et du plus grand de tous les monarques, le grand Napoléon, répondent unanimement ce qui suit à tous ceux qui pourraient douter de la fidélité polonaise.

"Peuvent-ils être nos frères ceux qui nous envoient des écrits injurieux à l'armée et à la nation? Nous connaissons trop l'attachement des Polonais à la cause commune, leur amour pour la patrie, la haine implacable qu'ils portent aux Russes, et les liens qui, depuis des siècles, les attachent à la France. Pourrait-ce être Varsovie, fumante encore du sang répandu à Prague, qui nous invite à nous joindre aux artisans de nos malheurs? Existerait-il un seul citoyen de cette ville qui pourrait croire qu'il se trouve parmi nous un polonais assez dénaturé pour trabir sa patrie et aller se ranger sous les drapeaux russes? Noti, cette proclamation est l'ouvrage d'un Russe; ne sont-ce pas les misérables moyens qu'ils emploient ordinairement pour séduire ceux dont ils redoutent le courage. Ils nous offrent leur protection, comme si un Polonais pouvait oublier les époques malheureuses des partages de sa patrie. Ils chantent leurs victoires, comme si nous n'avions pas coopéré aux mémorables journées de Smolensk et de Mojaisk? Est-il vainqueur celui qui est forcé d'abandonner une capitale qui depuis tant de siècles était la résidence de ses czars russes! Nous vous permettrons de parler de vos victoires quand vous aurez planté vos drapeaux sur les Tuileries, palais de notre auguste allié, comme les aigles françaises et polonaises l'ont été sur le Kremlin.

"Ce n'est pas à vos victoires que vous devez votre apparition en Pologne et aux environs de Dantzick, c'est à votre climat et Parrivée prématurée d'un hiver rigoureux. Le retour du printems vous forcera à regagner vos frontières avec plus de prompfitade que vous ne les avez quittées. Apprenez donc à employer des moyens dignes d'une nation civilisée, et à tenir un langage que des gens d'honneur puissent comprendre. Vos promesses ne nous tromperont plus; rien au monde ne pourra nous faire séparer notre cause de celle du grand Napoléon; ses victoires ont posé les bases de l'existence politique de notre pays que votre perfidie avait détruite.

"Fidèles à l'acte de confédération de la nation polonaise, que nous avons passé en face du monde entier, nous déclarons que Tous ne poserons les armes que quand le bras invincible du grand Napoléon aura assuré l'existence politique de notre pays. Nous en renouvellons le serment.

"Vive l'empereur, notre roi, la patrie et nos alliés!"
(Signé) Les généraux et les officiers d'état-major.

Les commandans, les officiers, sous-officiers et
soldats du 5e, 10e et 11e régimens d'infanterie,
et du 9e régiment des lanciers polonais.
Le commandant, les officiers, sous-officiers et sol-
dats de Partillerie à pied polonaise.

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