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Vers les trois heures de l'après-midi, f'ennemi sachant que l'armée avait filé, revint sur ses pas, espérant avoir quelqu'avantage sur le corps du général Bertrand. Les divisions Morand

et Guilleminot lui faissèrent faire ses préparatifs, pour le passage de la Kintzig; et, quand il l'eut passée, marchèrent à lui à la bayonnette, et le culbutèrent dans la rivière, où la plus grande partie de ses gens se noyèrent. L'ennemi a perdu 3000 hommes dans cette circonstance.

Le général bavarois de Wrede, commandant en chef decette armée, a été mortellement blessé ; et on a remarqué que tous les parens qu'il avait dans l'armée ont péri dans la bataille de Hauau, entr'autres son gendre, le prince d'Oettingen.

Une division bavaroise-autrichienne est entrée le 30 à midi à Francfort; mais à l'approche des coureurs de l'armée française, elle s'est retirée sur la rive gauche du Mein, après avoir coupé le pont.

Le 2 Novembre, l'arrière-garde française a évacué Francfort et s'est portée sur la Nidda.

Le même jour, à cinq heures du matin, l'empereur est entré à Mayence.

On suppose, dans le public, que le général de Wrede a été l'auteur et l'agent principal de la défection de la Bavière. Ce général avait été comblé des bienfaits de l'empereur.

10 Novembre, 1813.

Paris, le 9 Novembre.

S. M. l'impératrice reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation de l'armée au 7 Novembre:

Le duc de Tarente était à Cologne, où il organise une armée pour la défense du Bas-Rhin.

Le duc de Raguse était à Mayence.

Le duc de Bellune était à Strasbourg.

Le duc de Valmy était allé prendre à Metz le commandement de toutes les réserves.

Le comte Bertrand, avec le 4e corps composé de quatre divisions d'infanterie et d'une division de cavalerie et fort de 40,000 hommes, occupait la rive droite en avant de Cassel. Son quartier-général était à Hocheim. Depuis quatre jours on travaillait à un camp retranché sur les hauteurs à une lieue en avant de Cassel. Plusieurs ouvrages étaient tracés et fort avancés.

Tout le reste de l'armée avait passé le Rhin.

S. M. avait signé, le 7, la réorganisation de l'armée et la nomination à toutes les places vacantes.

L'avant-garde, commandée par le comte Bertrand, n'avait pas encore vu d'infanterie ennemie, mais seulement quelques troupes de cavalerie légère.

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Toutes les places du Rhin s'armaient et s'approvisionnaient avec la plus grande activité.

Les gardes nationales récemment levées se rendaient de tous côtés dans les places pour en former la garnison et laisser l'armée disponible.

Le général Dulauloy avait réorganisé les 200 bouches à feu de la garde. Le général Sorbier était occupé à réorganiser 100 batteries à pied et à cheval, et à réparer la perte de chevaux qu'avait éprouvée l'artillerie de l'armée.

On croyait que Sa Majesté ne tarderait pas à se rendre à

Paris.

Du 10 Novembre.

S. M. l'empereur est arrivé hier, Q, à cinq heures après-midi, à Saint-Cloud.

S. M. avait quitté Mayence le 8, à une heure du matin.

11 Novembre, 1813.

Paris, le 10 Novembre.

Saint-Cloud, le 10 Novembre, 1813. S. M. l'empereur a tenu aujourd'hui, à onze heures, un conseil des finances auquel ont assisté M. le duc de Gaëte, ministre des finances, M. le comte Mollien, ministre du trésor impérial; et M. le comte de Sussi, ministre des manufactures et du commerce, et auquel plusieurs conseillers d'état ont été appelés.

A deux heures, S. M. a présidé le conseil des ministres.

Vingt drapeaux, pris aux batailles de Wachau, de Leipsick et de Hanau, sont arrivés le 7 de ce mois au ministère de la guerre. Ils ont été portés par M. le Couteulx, aide-de-camp de S. A. S. le prince de Neuchâtel.

Le ministre de la guerre les présentera Dimanche prochain à S. M. l'impératrice.

Ces drapeaux avaient été annoncés à S. M. l'impératrice, par une lettre de S. M. l'empereur, datée de Francfort, le 1er Novembre, 1813, et ainsi conçue :

"Madame et très-chère épouse, je vous envoie vingt drapeaux pris par mes armées aux batailles de Wachau, de Leipsick et de Hanau; c'est un hommage que j'aime à vous rendre. Je désire que vous y voyez une marque de ma grande satisfaction de votre conduite pendant la régence que je vous ai confiée." (Signé) NAPOLÉON.

15 Novembre, 1813.

Paris, le 14 Novembre.

Aujourd'hui, Dimanche, 14 Novembre, 1813, à midi, S. M.

l'empereur et roi étant sur son trône, entouré des princes grands dignitaires, des ministres, des grand officiers, des grands aigles de la légion d'honneur et des officiers de service près S. M. a reçu le sénat qui a été conduit à cette audience par un maître et un aide des cérémonies, introduit par S. Ex. le grand-maître, et présenté par S. A. S. le prince vice-grand- électeur; S. Ex. M. le comte de Lacépède, président, a porté la parole en ces terine : "" Sire,

"La pensée du sénat a constamment accompagné V. M. au milieu des mémorables événemens de cette campagne. Il a frémi des dangers que V. M. a courus.

"Les efforts des ennemis de la France ont en vain été secondés par la défection de ses alliés, par des trahisons sans exemple, par des événemens extraordinaires et des accidens funestes. V. M. a tout surmonté; elle a combattu pour la paix.

"Avant la reprise des hostilités, V. M. a offert la réunion d'un congrès où toutes les puissances, même les plus petites, seraient appelées, pour concilier tous les différends, et pour proposer les bases d'une paix honorable à toutes les nations.

"Vos ennemis, Sire, se sont opposés à la réunion de ce congrès. C'est sur eux que doit retomber tout le blâme de la guerre.

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"Votre Majesté qui connaît mieux que personne les besoins et les sentimens de ses sujets, sait que nous désirons la paix. Cependant tous les peuples du Continent en ont un plus grand besoin que nous, et si malgré le vœu et l'intérêt de plus de cent cinquante millions d'âmes, nos ennemis refusant de traiter vouJaient, en nous imposant des conditions, nous prescrire une sorte de capitulation, leurs espérances fallacieuses seraient déjouées; les Français montrent par leur dévouement, et par leurs sacrifices, qu'aucune nation n'a jamais mieux connu ses devoirs envers la patrie, l'honneur et son souverain."

S. M. a répondu;

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"Sénateurs,

J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.

"Toute l'Europe marchait avec nous il y a un an; toute l'Europe marche aujourd'hui contre nous: c'est que l'opinion du monde est faite par la France ou par l'Angleterre. Nous aurions donc tout à redouter sans l'énergie et la puissance de la nation.

"La postérité dira que si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n'étaient pas au-dessus de la France et de moi."

Le même jour, M. Crawford, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire des Etats-Unis d'Amérique, a eu l'honneur d'être admis à l'audience de l'empereur, et a présenté à S. M. ses lettres de créance. Il a été conduit à cette audience par un maître et un aide des cérémonies, introduit dans le cabinet par

S. Ex. le grand-maître des cérémonies, et présenté à S. M. par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire, faisant les fonctions d'archi-chancelier d'état.

Après l'audience, S. M. a tenu un conseil de commerce.

LL. MM. sont ensuite allées faire une visite à S. A. I. Madame, qui se trouve légèrement incommodée, et de là se sont rendues au palais de Saint-Cloud.

16 Novembre, 1813.

Paris, le 15 Novembre.

Le Dimanche, 14 Novembre, après la messe, S. M. l'impéra trice étant dans ses appartemens, au palais des Thuileries, entourée des dames et officiers de son service, a donné audience au minis tre de la guerre, qui lui a présenté vingt drapeaux pris sur l'ennemi aux batailles de Wachau, de Leipsick et de Hanau. Chaque drapeau était porté par un officier. Le ministre et ces offeiers ont été conduits à cette audience par un maître des cérémo nies, et présentés à l'impératrice par Mde. la duchesse de Montebello, dame d'honneur de S. M.

En présentant les drapeaux à S. M., S. Ex. le ministre de la guerre a dit:

"Madame,

"Je présente à V. M. les drapeaux enlevés aux batailles de Wachau, de Leipsick et de Hanau, que S. M. l'empereur m'a envoyés du champ de bataille et m'a ordonne de présenter à V. M. avec la lettre ci-jointe. Ces drapeaux attesteront à la postérité la vaillance des armées françaises.

"Des trahisons sans exemple out procuré à nos ennemis de grands avantages, ils sont pour eux sans gloire: ils ne peuvent les appuyer par de pareils trophées.

"Qu'il me soit permis, Madame, de me féliciter de cette honorable mission."

S. M. a répondu:

"Monsieur le ministre de la guerre.

"Je suis émae de cette nouvelle preuve du souvenir et des sentimens de mon auguste époux.

"Tout ce qu'il peut faire pour moi, je le mérite par mon at, tachement sans bornes pour lui et pour la France.

"Deposez de ma part ces trophées dans l'église des Invalides: que ces braves soldats y voient une preuve de l'intérêt que je leur porte; je connais tous les droits qu'ils ont à ma protection,"

17 Novembre, 1813.

Paris, le 16 Novembre.

SÉNAT CONSERVATEUR.

Séance du 12 Novembre, 1813.

Le sénat s'est réuni à 2 heures après midi sous la présidence de S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire.

S. Ex. M. le comte Regnaud de Saint-Jean-d'Angely, ministre d'état conseiller d'état, et M. le comte Molé, conseiller d'état sont introduits. Ils présentent trois projets de sénatus-consultes. (Voir ci-après la séance du 15 Novembre.)

M. le comte Regnaud de Saint-Jean-d'Angely expose les motifs du premier de la manière suivante :

Motifs du sénatus-consulte qui met 300,000 hommes à la dispo sition du ministre de la guerre.

"Monseigneur, Sénateurs,

"Elle vous est présente encore cette séance mémorable où, remplissant à la fois les devoirs augustes de régente, d'épouse, de mère et de Française, l'impératrice est venue vous exposer les besoins de la France.

"Les sentimens qu'elle a excités dans cette enceinte, se sont communiqués rapidement aux extrémités de l'empire, et vivent encore dans tous les cœurs.

"Tout ce qui est Français a senti que dans la situation actuelle de l'Europe, la nation ne pouvait espérer de conserver son rang, de maintenir sa dignité, de pourvoir à sa sûreté, de défen dre son territoire, qu'en proportionnant ses efforts pour vaincre, aux efforts tentés pour l'asservir; qu'en élevant la puissance de ses armées, l'étendue de ses ressources au-dessus de la puissance, au-dessus des ressources des états coalisés coutre elle.

"Mais à cette époques, Messieurs, la défection de la Bavière n'était pas consommée; la loyauté française s'honorait en refusant d'y ajouter foi.

"Alors encore, vous ignoriez comment les Saxons avaient, au milieu du combat, déserté leurs rangs dans nos armées, pour occuper ceux qui leur étaient réservés d'avance dans les armées de nos ennemis; comment l'artillerie fournie, pourvue par nos arsenaux, avait été tournée contre nos bataillons, inopinément foudroyés par les batteries destinées à les proteger.

"Ces événemens, dont on ne retrouve des exemples que dans l'antique histoire des rois de l'Asie barbare, ces évenemeus, dont l'Europe civilisée n'avait pas eu encore à rougir pour ses cabinets, à s'affliger pour ses peuples, ont eu des consequences qui ne pouvaient, il y a quelques semaines, se présenter à votre pensée.

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Cependant, Messieurs, et nos ennemis eux-mêmes l'avouent,

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