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qu'il a été privé des ressources ordinaires, la banque a da redoubler de prudence en mettant plus de sévérité dans le choix du papier qu'elle a pris à l'escompte; en réduisant à 60 jours son terme le plus long, et en donnant la préférence au papier courant, il fallait tendre à réduire le passif exigible au niveau de la réserve en argent, et s'assurer de promptes rentrées. Dans ce même but, les emplois en effets du trésor furent successivement réduits a 54 millions, et ils l'auraient été davantage si 14 millions en obligations des droits réunis étaient rentrés en Novembre, comme il y avait lieu de l'espérer.

Le remboursement de ce prêt doit s'effectuer à des époques fixes du mois de Mars prochain au 10 Août suivant. Plus vous connaîtrez, Messieurs, tout ce qu'a fait l'administration de la banque, mieux vous serez convaincus qu'elle n'a jamais manqué de vigilance dans l'exercice de ses devoirs, et que, si elle a été conduite à prendre momentanément des mesures qui lui sont pénibles, la seule cause en est dans la fatalité des événemens qui out surpris, dérangé les meilleures dispositions, et rendu vains les plus sages calculs.

C'est aussi dans ces événemens inattendus, qui se sont rapidement pressés les uns sur les autres, qu'il faut voir la cause des craintes exagérées auxquelles se sont livrés des gens, hors du cercle du commerce, qui connaissent peu les moyens de la banque; porteurs de ses billets et n'ayant pas d'idées exactes des garanties sur lesquelles leur valeur repose, ils se sont précipités aux caisses pour en recevoir le remboursement, sans que la rapidité avec laquelle on s'empressait de les satisfaire ait calmé leur inquiétude. Certainement ils n'auraient pas tardé à reconnaître leur erreur, si elle n'avait été entretenue par d'avides calculs soutenus de tous les moyens propres à les servir.

En peu de jours, plus de 20 millions en billets furent remboursés en argent, et réduisirent la réserve de la banque à 14, 354,000 fr. en numéraire, et les billets en circulation à 38,326,000 fr.

La majeure partie de ces billets étant encore utile aux`trausactions du commerce, malgré son état de stagnation, le conseilgénéral estima que, sous plusieurs rapports, il serait sage de limiter à 500,000 fr. la somme qui serait donnée chaque jour en échauge des billets, et d'adopter pour la répartition de cette somme une mesure qui la distribuât à ceux qui seraient présumés en avoir besoin.

De cette mesure, on se promit les bons effets de conserver à la circulation l'argent qui s'était distribué et de modérer le prix auquel il se vendait. D'ailleurs, il restait dans les caisses de la banque plusieurs millions en or. Si les échanges avaient été continués sans être limités, l'or obtenant sur la place une prime importante, il aurait été recherché avec un nouvel empressement, et la banque en aurait été privée avant que les échéances

des effets qu'elle a en portefeuille lui eussent procuré des rentrées suffisantes pour acquitter tous ses billets à présentation, et si elle avait dû suspendre un seul jour ses échanges, le crédit des billets aurait été altéré; les gens honnêtes et trop crédules, qui n'auraient pas su en apprécier la cause et prévoir les résultats, en auraient éprouvé des préjudices qu'il était juste de leur éviter. Ces motifs déterminèrent le conseil-général de la banque à prendre, le 18 de ce mois, une délibération qui est connue ; mais avant de la faire exécuter, le conseil convoqua cent des principales maisons de commerce de Paris, pour leur faire connaître les motifs qui le portaient à cette résolution, et les consulta sur ses effets présumables. Cette réunion n'ayant pu avoir lieu que le 19 Janvier au soir, on échangea encore ce jour-là, comme les précédens, à tons les présentateurs de billets; quatre millions et demi échangés dans cette seule journée donnèrent la preuve de l'indispensable nécessité de la délibération projettée la veille. L'assemblée en reconnut l'utilité. Dès le lendemain la délibération et le procès-verbal de l'assemblée furent imprimés, distribués, et la mesure mise à exécution; nous n'avons qu'à nous en féliciter; l'argent qui coûtait alors 3 pour cent d'agio, était hier à 1 pour cent.

Cependant, Messieurs, nous ne nous le dissimulons point; ce ne sont pas là des mesures qui méritent d'être érigées en principes; nous conviendrons, au contraire, qu'elles sont des exceptions aux principes qui doivent régir la banque de France; mais vous reconnaîtrez aussi que ces mesures sont adoptées dans des circonstances tout-à-fait extraordinaires, qui exigent des moyens extraordinaires : les effets sont relatifs aux causes.

Malgré tant d'événemens qui, depuis long-tems, contrarient la marche régulière que la banque voudrait suivre toujours, et qui l'ont détournée de sa direction naturelle, en occupant péniblement ses administrateurs, ç'a été pour eux une véritable satisfaction de présenter, l'année dernière, un dividende de 75f. 50 c. par action, et 7 f. 75 c. de réserve. Les années précédentes n'avaient pas produit d'aussi beaux dividenes, parce qu'il n'avait pas autant été escompté.

Pendant le 1er semestre de 1813,
Il a été escompté à Paris.....
Aux comptoirs en effets sur Paris....

$35,367,401 f. 73c 9,556,737

78

Pendant le 2e semestre:

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qui ont produit 5,191,635f. 01c. déduit les escompes des termes qui, le 24 Décembre dernier, restaient à courir sur les effets en portefeuille.

Le premier semestre a produit 427 mille fr. de plus que le dernier. Les causes, Messieurs, vous en sont connues.

Grâces à l'active surveillance de l'administration de la banque, l'ordre le plus exact et la plus sage économie existent dans toutes les parties de ce grand établissement; les dépenses ne sont pas plus considérables dans ce palais, malgré sa vaste étendue, qu'elles ne l'étaient à l'hôtel de la place des Victoires.

Des motifs que vous apprécierez sans doute, Messieurs, ont déterminé le conseil-général à arrêter qu'il ne sera provisoirement laissé en émission que pour 45 millions de billets, encore utiles à la circulation commerciale, au service des escomptes et des comptes courans, et que le surplus serait détruit. Cet arrêté a eu aussitôt son exécution, et cette opération sera continuée à mesure de la rentrée des billets, jusqu'à ce qu'un ciel plus serein luise sur nous. Hier au soir, à la fermeture des caisses, les billets en circulation étaient réduits à la somme de 33,671,000 fr.

Le comité des livres et portefeuilles les a souvent vérifiés: constamment il a reconnu que le choix des papiers pris à l'escompte a été fait avec prudence et la plus sage impartialité; si par fois quelques réclamations ont été faites à ce sujet, les censeurs se sont assurés qu'elles n'auraient pas eu lieu, si ceux qui les faisaient avaient été aussi instruits que le conseil d'escompte.

Espérons que bientôt le génie qui dirige nos destinées parviendra à faire succéder aux inquiétudes du moment des jours paisibles, et à rendre au commerce cette activité bienfaisante qui répandra la prospérité sur toutes les parties de l'état.

30 Janvier, 1814.

Lyon, le 25 Janvier.

M. le maréchal d'empire, commandant en chef l'armée de Lyon, et les 7e et 19e divisions militaires, vient de publier la proclamation suivante :

"Habitans de Lyon !

"Un ennemi faible en moyens et incertain dans ses mouvemens, a osé menacer votre ville: appelé à votre défense, je vous ai trouvés désarmés; dès-lors je n'ai eu ni sommeil, ni repos, que je n'aie pu réunir des secours; de plus grands encore vont incessamment arriver; j'en ai l'assurance positive. En attendant, vous frémissez, braves Lyonnais, d'avoir été insultés jusque sous vos murs, par un ennemi fier d'un instant de surprise. Ces généreux sentimens ne m'ont point étonné de votre part. N'êtes-vous pas ce peuple qui, dans toutes les circonstances difficiles, déploya un grand courage? L'amour de votre cité fut toujours votre caractère distinctif; à ce noble motif se joint

encore l'honneur du nom français dont vous êtes si jaloux, et cette reconnaissance que vous devez à votre auguste souverain, dont le premier soin, à son avènement, fut de cicatriser vos plaies et de relever vos édifices. Vous futes toujours, vous le

savez, l'objet de sa sollicitude particulière. Vous lui devez donc, vous devez à la France qui vous contemple, de repousser loin de vos murs l'ennemi dout la présence seule est une insulte, paralyse votre industrie, et vous jette dans un état d'incertitude et d'alarme que votre honneur et votre intérêt vous commandent de faire cesser. Aux armes donc, braves Lyonnais, ralliez-vous autour de moi; marchons en avant, et ne laissons à l'armée qui accourt pour vous défendre, que le soin de poursuivre jusqu'aux frontières l'ennemi que vous aurez déjà mis en fuite.

"Au quartier-général, à Lyon, le 22 Janvier, 1814."

AUGEREAU, duc de CASTIGLIONE.

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Un ordre du jour de M. le maréchal Augereau, duc de Castiglione, défend toutes réquisitions en nature ou en argent, à moins qu'elles ne soient faites par l'ordonnateur de l'armée de Lyon, et par l'intermédiaire des autorités civiles.

MM. les maires des communes qui obtempéreront à des réquisitions illégales, perdront la valeur des objets fournis.

Paris, le 29 Janvier.

Saint-Dizier, le 28 Janvier, 1814. L'ennemi était ici depuis deux jours, y commettaut les plus affreuses vexations. Il ne respectait ni l'âge, ni le sexe. Les femmes et les vieillards étaient en butte à ses violences et à ses outrages. La femme du sieur Ganard, riche fermier, âgée de cinquante ans, est morte des mauvais traitemens qu'elle a éprouvés; son mari, plus que septuagénaire, est à la mort. Il serait trop douloureux de rapporter ici la liste des autres victimes. L'arrivée des troupes françaises entrées hier dans notre ville, a mis un terme à nos malheurs. L'ennemi, ayant voulu opposer quelque résistance, a été bientôt mis en déroute, avec une perte considérable. L'entrée de S. M. l'empereur a donné lieu aux scènes les plus touchantes. Toute la population se pressait autour de lui; tous les maux paraissaient oubliés, Il nous rendait la sécurité pour tout ce que nous avons de plus cher. Un vieux colonel, M. Boulaud, âgé de soixante-dix ans, s'est jeté à ses pieds, qu'il baignait de larmes de joie. Il exprimait toutà-la-fois la douleur qu'un brave soldat avait ressentie en voyant les ennemis souiller le sol natal, et le bonheur de les voir fuir devant les aigles impériales.

Nous apprenons que le même enthousiasme qui a éclaté ici s'est manifesté à Bar, à l'arrivée de nos troupes. L'ennemi avait déjà pris la fuite,

2 Février, 1814.

Paris, le 1er, Février.

Après la prise de Saint-Dizier, l'empereur s'est porté sur les derrières de l'ennemi à Brienne, l'a battu le 29, et s'est emparé de la ville et du château après une affaire d'arrière-garde assez vive.

3 Février, 1814.

Paris, le 2 Février.

Brienne, le 31 Janvier, 1814.

Ce n'est pas seulement une arrière-garde, c'est l'armée du général Blucher, forte de 40,000 hommes, qui était ici lorsqu'elle a été attaquée le 29 par notre armée. Le combat a été très-vif. L'ennemi a laissé la grande avenue qui mène au château, les rues, les places et les vergers encombrés de ses morts. Sa perte est au moins de 4,000 hommes non compris beaucoup de prisonniers. Le général Blucher ne savait pas que l'empereur était à l'armée. M. de Hardenberg, neveu du chancelier de Prusse et commandant du quartier-général, a été pris au bas de la montée du château. Le général Blucher descendait alors du château à pied avec son état-major. Il a été lui-même au moment d'être fait prisonnier. L'ennemi, pour embarasser la poursuite des Français, a mis le feu aux maisons de la Grande Rue qui étaient les plus belles de la ville. Il y a bien peu de nos citoyens qui n'aient éprouvé des violences personnelles pendant le court séjour de l'ennemi, et il n'en est aucun qui n'ait été dépouillé de tout ce qu'il possédait. Notre armée a poursuivi l'ennemi jusqu'à trois lieues de Bar-sur-Aube. Elle est belle, nombreuse et pleine d'ardeur. On est occupé à rétablir les différens ponts sur l'Aube.

Lettres-patentes signées au palais des Thuileries, le 23 Janvier, 1814, et par lesquelles l'empereur confère à S. M. l'impératrice et reine Marie-Louise le titre de régente.

Napoléon, par la grâce de Dieu et par les constitutions, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération Suisse, etc. etc. etc.

A tous ceux qui ces présentes verront, salut:

Voulant donner à notre bien-aimée épouse l'impératrice et reine Marie-Louise, des marques de la haute confiance que nous avons en elle, attendu que nous sommes dans l'intention d'aller incessamment nous mettre à la tête de nos armées, pour délivrer notre territoire de la présence de nos ennemis, nous avons résolu

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