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de conférer, comme nous conférons par ces présentes, à notre bien-aimée épouse l'impératrice et reine, le titre de régente, pour en exercer les fonctions en conformité de nos intentions et de nos ordres, tels que nous les aurons fait transcrire sur le livre de l'état; entendant qu'il soit donné connaissance aux princes grands dignitaires et à nos ministres desdits ordres et instructions, et qu'en aucun cas l'impératrice ne puisse s'écarter de leur teneur dans l'exercice des fonctions de régente. Voulons que l'impératrice-régente préside, en notre nom, le sénat, le conseil d'état, le conseil des ministres et le conseil privé, notam-. ment pour l'examen des recours en grâce, sur lesquels nous l'autorisons à prononcer, après avoir entendu les membres dudit conseil privé. Toutefois notre intention n'est point que, par suite de la présidence conférée à l'impératrice-régente, elle puisse autoriser par sa signature la présentation d'aucun sénatus-consulte, ou proclamer aucune loi de l'état, nous référant, à cet égard, au contenu des ordres et instructions mentionués ci-dessus.

Mandons à notre cousin le prince archi-chancelier de l'empire, de donner communication des présentes lettres-patentes au sénat, qui les fera transcrire sur ses registres, et à notre grand-juge ministre de la justice de les faire publier au bulletin des lois, et de les adresser à nos cours impériales, pour y être lues, publiées et transcrites sur les registres d'icelles.

Donné en notre palais des Thuileries, le vingt-troisième jour du mois de Janvier de l'an mil-huit-cent-quatorze, et de notre règne le dixième.

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Le 28 Janvier dernier, ces lettres-patentes ont été commu. uiquées au sénat par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire, et le grand-juge ministre de la justice les a fait insérer au bulletin des lois, le 31 du même mois.

6 Février, 1814.

Paris, le 5 Février.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation des armées au 3 Février.

L'empereur est arrivé à Vitry le 26 Janvier.

Le général Blucher avec l'armée de Silésie avait passé la Marne et marchait sur Troyes. Le 27, l'ennemi entra à Brienne

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et continua sa marche; mais il dut perdre du tems pour rétablir les pont de Lesmont sur l'Aube.

Le 27, il'empereur fit attaquer Saint-Dizier. Le duc de Bellune se présenta devant cette ville; le général Duhesme culbuta l'arrière-garde ennemie qui y était encore et fit quelques centaines de prisonniers. A huit heures du matin, l'empereur arriva à Saint-Dizier; il est difficile de se peindre l'ivresse et la joie des habitans dans ce moment. Les vexations de toutes espèces que commettent les ennemis, surtout les Cosaques, sont au-dessus de tout ce que l'on peut dire.

Le 28, l'empereur. se porta sur Montierender.

Le

Le 29, à 8 heures du matin, le général Grouchy qui commande la cavalerie, fit prévenir que le général Milhaud avec le 5e corps de cavalerie était en présence, entre Maizières et Brienne, de l'armée ennemie commandée par le général Blucher et qu'on évaluait à 40,000 Russes et Prussiens; les Russes commaudés par le général Sacken. A 4 heures, la petite ville de Brienne fut attaquée. Le général Lefebre Desnouettes, commandant une division de cavalerie de la garde, et les généraux Grouchy et Milhaud exécutèrent plusieurs belles charges sur la droite de la route et s'emparèrent de la hauteur de Perthe. prince de la Moskowa se mit à la tête de 6 bataillons en colonne serrée et se porta sur la ville par le chemin de Maizières. Le général Château, chef d'état-major du duc de Bellune, à la tête de deux bataillons, tourna par la droite et s'introduisit dans le château de Brienne par le pare. Dans ce moment, l'empereur dirigea une colonne sur la route de Bar-sur-Aube, qui paraissait être la retraite de l'ennemi; l'attaque fut vive et la résistance opiniâtre. L'ennemi ne s'attendait pas à une attaque aussi brusque et n'avait eu que le tems de faire revenir ses parcs du pont de Lesmont, où il comptait passer l'Aube pour marcher en avant. Cette contre-marche l'avait fort encombré.

La nuit ne mit pas fin au combat. La division Decouz de la jeune garde, et une brigade de la division Meusnier, furent engagées. La grande quantité des forces de l'ennemi et la belle situation de Brienne lui donnaient bien des avantages; mais la prise du château qu'il avait négligé de garder en force, les lui fit perdre. Vers 8 heures, voyant qu'il ne pouvait plus se maintenir, il mit le feu à la ville et l'incendie se propagea avec rapidité, toutes les maisons étant de bois. Profitant de cet événement, il chercha à reprendre le château que le brave chef de bataillon, du 56e, défendit avec intrépidité. Il joncha de morts toutes les approches du château, et spécialement les escaliers du côté du parc. Ce dernier échec décida la retraite de l'ennemi que favorisait l'incendie de la ville.

Le 30, à onze heures du matin, le général Grouchy et le duc de Bellune le poursuivirent jusqu'au-delà du village de la Rothière où ils prirent position.

La journée du 31 fut employée par nous à. réparer le pont de Lesmont-sur-Aube, l'empereur voulant se porter de Troyes pour opérer sur les colonnes qui se dirigeaient, par Bar-sur-Aube et par la route d'Auxerre, sur Sens.

Le pont de Lesmont ne peut être rétabli que le 1er Février au matin. On fit filer sur-le-champ une partie des troupes.

A trois heures après midi, l'ennemi ayant été renforcé de toute son armée, déboucha sur la Rothière et Dienville que nous occu pions encore. Notre arrière-garde fit bonne contenance. Le général Duhesme s'est fait remarquer en conservant la Rothière, et le général Gérard en conservant Dienville. Le corps au trichien du général Giulay, qui voulait passer de la rive gauche sur la droite et forcer le pont, a eu plusieurs de ses bataillons détruits. Le duc de Bellune tint toute la journée au hameau dé la Giberie, malgré l'énorme disproportion de son corps avec. les forces qui l'attaquaient.

Cette journée, où, notre arrière-garde tint dans une vaste plaine contre toute l'armée ennemie et des forces quintuples, est un des beaux faits d'arme de l'armée française.

Au milieu de l'obscurité de la nuit, une batterie d'artillerie de la garde suivant le mouvement d'une colonne de cavalerie qui se portait en avant pour repousser une charge de l'ennemi, s'égara et fut prise. Lorsque les canonniers s'apperçurent de l'embuscade dans laquelle ils étaient tombés, et virent qu'ils n'avaient pas le tems de se mettre en batterie, ils se formèrent aussitôt en escadron, attaquèrent l'ennemi et sauvèrent leurs chevaux et leurs attelages. Hs ont perdu 15 hommes tués ou faits prison

niers.

A dix heures du soir, le prince de Neuchâtel visitant les postes, trouva les deux armées si près l'une de l'autre, qu'il prit plusieurs fois les postes de l'ennemi pour les nôtres. Un de ses aides-decamp se trouvant à dix pas d'une vedette, fut fait prisonnier. Le même accident est arrivé à plusieurs officiers russes qui portaient le mot d'ordre et qui se jetèrent dans nos postes croyant arriver sur les leurs.

Il y a eu peu de prisonniers de part et d'autre. Nous en avons fait 250.

Le 2 Février, à la pointe du jour, toute l'arrière-garde de l'armée était en bataille devant Brienne. Elle prit successivement des positions pour achever de passer le pont de Lesmont et de rejoindre le reste de l'armée.

Le duc de Raguse, qui était en position sur le pont de Rosnay, fut attaqué par un corps autrichien qui avait passé derrière les bois. Il le repoussa, fit 300 prisonniers et chassa l'ennemi au-delà de la petite rivière de Voire.

Le 3, à midi, l'empereur est entré dans Troyes.

Nous avons perdu au combat de Brienne le brave général Baste. Le général Lefebre-Desnouettes a été blessé d'un coup

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de bayonnette. Le général Forestier a été grièvement blessé, Notre perte dans ces deux journées peut s'évaluer de 2 à 3000 hommes tués ou blessés. Celle de l'ennemi est au moins du double.

Une division tirée du corps d'armée ennemie qui observe Metz, Thiouville et Luxembourg et forte de 12 bataillons, s'est portée sur Vitry. L'ennemi a voulu entrer dans cette ville que le général Montmarie et les habitans ont défendue. Il a jeté en vain des obus pour intimider les habitans; il a été reçu à coups de canon et repoussé à une lieue et demie. Le duc de Tarente arrivait à Châlons et marchait sur cette division.

Le 4 au matin, le comte de Stadion, le comte Razumowski, lord Castlereagh et le baron de Humboldt sont arrivés à Châtillon-sur-Seine où était déjà le duc de Vicence. Les premières visites ont été faites de part et d'autre, et le soir du même jour la première conférence des plénipotentiaires devait avoir lieu.

9 Février, 1814.

Châtillon-sur-Seine, le 6 Février.

Hier, le duc de Vicence a donné à dîner au lord Castlereagh, ministre des affaires étrangères d'Angleterre ; à lord Cathcart, au lord Aberdeen, plénipotentiaires au congrès pour l'Angleterre; au comte de Stadion, plénipotentiaire pour l'Autriche ; au comte Rasumowski, plénipotentiaire pour la Russie, et au baron de Humboldt, plénipotentiaire pour la Prusse. Les négociations paraissent marcher avec activité.

Du 7 Février.

Hier, les membres du congrès ont dîné chez lord Castlereagh On a remarqué qu'il régnait les meilleures formes entre tous les ambassadeurs, et surtout entre ceux de France et d'Angleterre, qui sont pleins d'attentions l'un pour l'autre,

12 Février, 1814.

Paris, le 11 Février.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu aujourd'hui les nouvelles suivantes de l'armée:

L'empereur a attaqué, hier, à Champaubat, l'ennemi fort de 13 régimens et ayant 40 pièces de canon; le général en chef Ousouwieff a été pris avec tous ses généraux, tous ses colonels, officiers, canons, caissons et bagages. On avait fait 6000 prisonniers; le reste avait été jetté dans un étang ou tué sur le champ de bataille. L'empereur suit vivement le général Sacken, qui se trouve séparé d'avec le général Blucher.

Notre perte a été extrêmement légère; nous n'avons pas 200 hommes à regretter.

S. M. le roi Joseph passant en revue, aujourd'hui, les grenadiers de la garde nationale de Paris, a bien voulu leur donner communication de ces nouvelles.

13 Février, 1814.

Paris, le 12 Février.

M. Alfred de Montesquiou, aide-de-camp du prince de Neuchâtel, expédié par S. M. l'empereur, a apporté à S. M. l'impératrice-régente les nouvelles suivantes :

Le 11 Février, au point du jour, l'empereur, parti de ChampAubert après la journée du 10, a poussé un corps sur Châlons, pour contenir les colonnes ennemies qui s'étaient rejetées de ce côté. Avec le reste de son armée il a pris la route de Montmirail. A une lieue au-delà, il a rencontré le corps du général Blucher, et, après deux heures de combat, toute l'armée ennemie a été culbutée. Jamais nos troupes n'out montré plus d'ardeur. L'ennemi, enfoncé de toutes parts, est dans une déroute complète infanterie, artillerie, munitions, tout est en notre pouvoir ou culbuté. Les résultats seront immenses; l'armée russe est détruite. L'empereur se porte à merveille, et nous n'avons perdu personne de marque,

ÉTAT-MAJOR-GÉNÉRAL DE LA GARDE NATIONALE
SÉDENTAIRE DE PARIS.

Ordre du Jour.

11 Février, 1814.

Le roi, lieutenant-général de l'empereur, commandant en chef la garde nationale, charge le major-général de faire mettre à l'ordre du jour les heureuses nouvelles qu'il vient de recevoir. (Voyez le bulletin officiel inséré au Moniteur du 12 Février.)

Le roi s'est félicité d'avoir reçu ces nouvelles au milieu de la garde nationale, et d'avoir été le témoin de ses acclamations et de ses vœux pour que la victoire hâte les négociations et ramène bientôt dans nos murs l'empereur et la paix.

S. M. charge le major-général d'exprimer la satisfaction que lui a fait éprouver, dans la revue d'aujourd'hui, la tenue, la contenance et le patriotisme de la garde nationale.

Le major-général, par ordre du roi, annonce aux grenadiers de la garde nationale, qu'ils peuvent occuper de suite le poste d'honneur qui leur est destiné dans l'intérieur du château des Thuileries,

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