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OCT 11 191

PRÉFACE

Après l'Introduction à l'étude du droit international de M. L. Renault, aussi lucide dans l'idée que facile dans la forme, après l'Introduction au droit des gens de MM. F. de Holtzendorff et A. Rivier, précieuse par la richesse des aperçus et la profondeur de l'analyse, il était peut-être inutile de faire paraître sur le droit des gens une nouvelle introduction. Voici pourtant quelques motifs propres à expliquer l'entreprise : le livre de F. de Holtzendorff se présente sous une forme trop abstraite pour être d'une pratique commode aux esprits encore peu familiarisés avec les idées juridiques et les principes du droit international public; j'ai pensé qu'il pouvait être bon de mettre les idées si judicieuses de l'auteur allemand à la portée d'un plus grand nombre de personnes et j'ai cherché à les exposer avec toute la clarté possible dans ce sujet; sans multiplier outre mesure les exemples, je me suis efforcé d'en donner au moins un, à l'appui de toute notion un peu flottante ou trop abstraite. L'étude de M. Renault se recommande au contraire par la nette simplicité de ses formules; malheureusement, comme introduction générale, elle offre des

lacunes, volontaires sans doute, mais nécessaires à combler; elle manque notamment d'une esquisse historique sur le droit des gens. Enfin, malgré l'autorité de MM. Renault et Holtzendorff, j'ai cru devoir, sur quelques points, me séparer de ces auteurs, pour exprimer, non sans hésitation, certaines idées personnelles; on en trouvera surtout la preuve dans les paragraphes consacrés aux modes de formation du droit des gens et aux instruments servant à la connaissance de ce droit (§§ 9 et 10).

J'ai puisé de préférence dans les deux ouvrages ci-dessus indiqués de MM. Renault et Holtzendorff; des références nombreuses, mentionnées en notes, montreront jusqu'à quel point je leur suis redevable. Les autres introductions au droit des gens,-elles sont nombreuses, presque chaque auteur ayant la sienne, n'ont pas été autant utilisées; elles sont en général moins heureuses, et ce qu'elles pouvaient offrir de meilleur a tout naturellement passé dans les deux études mises à contribution. Cependant il était impossible, sans négligence, de se dispenser de consulter les Introductions placées en tête des ouvrages de Heffter, Bluntschli, Calvo, Pradier-Fodéré... ; je leur ai du reste emprunté quelques renseignements utiles.

Paris, septembre 1891.

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1. Le droit des gens ou droit international public est une science jeune encore et pour ainsi dire dans l'enfance, en voie de formation, née après une longue gestation, mais appelée à un progrès certain et d'un intérêt incontestable, si l'on songe au but même qu'elle se propose. Une science, à son début, a surtout besoin de notions précises sur son caractère, son principe, son objet et ses limites exactes; et l'on peut affirmer que du jour où l'on aura fixé, avec une rigueur suffisante, ces notions premières, on aura rendu service à la cause du droit international public, puisque l'on pourra marcher désormais d'un pas assuré, sans s'égarer en des spéculations inutiles, sans crainte d'étendre démesurément la recherche ou de la restreindre par trop. C'est pourquoi il était intéressant d'examiner avec soin et de résoudre, autant que possible, ces

questions de principe; il importait en outre, afin de présenter une introduction plus complète à l'étude du droit international public, de retracer, dans une esquisse historique, la formation et les progrès du droit des gens, et d'indiquer enfin une méthode rationnelle pour le classement des matières et l'exposition de cette partie de la science juridique.

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