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mains-d'œuvre 'mammopere ',, corvées tada *), travail dans les bois caplim. Toutes ces charges sont indifféremment imposées aux esclaves, aux colons et même aux hommes libres qui tiennent quelque précaire ou quelque benéfice à charge de redevance, in beneficium et censum. Il y a seulement cette différence, qu'à l'égard de l'esclave, ces charges sont arbitraires, tandis qu'à l'égard du colon et de l'homme libre, ces corvées sont ordinairement plus légères et définies par la loi de la concession 3, sans que cepen

' Polypt., p. 6, 22, 24 el 149, no 105. Solianus et Amungus inter utrosque prosolvunt mansum 1 servilem de manibus suis; et de uno quoque carra quando carropera non faciunt, exeunt solidos III.

* Polypt., p. 228. Facit in unaquaque el doinada curvadam I cum quantis animalibus habuerit, quantum ad unam carrucam pertinet, arat ad hibernaticum perticas III, ad tramisum pert.cas III, et facit ad unamquamque sationem curvadas III, abbatilem, præpositilem, et judicialem (le judex est le chef du domaine, le villicus, le major). Quelquefois on les nourrit quand ils font la corvée, Polypt. p. 97. In unaquaque satione facit curvadam I et alteram cum pane et potu. Polypt. de Saint-Maur, no 10. Cuni fecerint corbadas in mense martio debent habere panem et ligumen et siceram, mense maio panem et caseum, mense octobrio panem et vinum si esse potest. Sur le détail de ces corvées voyez le Polypt., p. 384 (affranchissement des serfs de VilleneuveSaint-Georges), et p. 389 (affranchissement de serfs de Thiais), Goldast, form. 59, 61, 76.

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Guérard, V. CAPLIM.

Baluze, II, 1452.

Polypt., p. 132. Le colon a ordinairement trois jours à lui, même dans la condition la plus dure: Arant ad hibernaticum

dant on puisse affirmer rien de positif à cet égard.

CHAPITRE XI.

Conclusion.

Si j'ai nettement exposé l'impression reçue à la lecture des chroniques et des monumens de cette triste époque, on a dû voir comment l'abaissement général des petits propriétaires et l'amélioration progressive dans la position des serfs tendirent à confondre les deux conditions.

La terre commandant la condition des person

perticas IV et ad tramisum IV, ad proscendendum IV et per unamquamque sationem curvadas III et quartam et quintam, cum pane et potu. Et quando curvadas non faciunt, in unaquaque ebdomada III dies operantur cum manu; et quando curvadas faciunt, nullum diem operantur ad opus dominicum, nisi summa necessitas evenerit. Et claudunt de tunini perticam Iin curte dominica, et claudunt ad messes perticas VIII. Faciunt carropera propter vinum in Andegavo cum duobus animalibus de manso et ducunt illud usque ad Sonane villam. Et in madium mense facit carropera Parisius cum asciculos, similiter cum duobus animalibus. Ibid. p., 57, p. 60, p. 62, p. 63, p. 67, p. 151, 179, 183, 185, 208. La loi des Bavarois détermine les services et les redevances des colons de l'Église aussi exactement que le ferait une charte du moyen âge, tit. 1, c. 14. (Canciani, II, 362.) Lex Alam. tit. 22.

nes,

la tenure de l'homme recommandé souffrant les mêmes charges que celle du litus, la position des petits bénéficiaires s'assimila facilement à celle des colons'. Libres on non libres, ces cultivateurs se ressemblaient en plus d'un point ils n'avaient ni les uns ni les autres la pleine propriété du sol; ils payaient un cens en signe de la dépendance de leur possession ; ils n'avaient point cette liberté politique qui n'appartenait qu'aux propriétaires d'alleux, membres à ce titre de l'assemblée du canton. Des services aux corvées, du cens à des redevances plus lourdes, la violence faisait facilement la transition. Le nombre des colons s'accrut donc considérablement.

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Mais cet accroissement même prépara dans la propriété une révolution nouvelle qui renversa le régime féodal. Tandis que l'association germaine, l'union des hommes libres dans le canton, s'affaiblissait et disparaissait de jour en jour, il se formait, à l'ombre des couvens ou de la tourelle seigneuriale, des sociétés nouvelles, qui se multipliaient silencieusement sur le sol fécondé de leurs mains et qui tiraient leur force de l'anéantissement même des classes libres qu'elles recrutaient à leur profit.

'Chantereau-Lefebvre, Traité des fiefs, p. 152 et ss. Goldast, form, 78.

Comme colons, ces hommes acquirent de génération en génération des droits sacrés sur le sol qu'ils cultivaient au profit de maîtres pillards et indolens. A mesure que s'apaisa la tourmente sociale, ces droits prirent plus de consistance; il fallut respecter l'union et l'héritage de ces vilains, qui par leurs sueurs avaient vraiment prescrit le sol à leur profit. Il fallut à ces associations puissantes par le nombre, cette garantie des lois sans laquelle il n'y a point de sécurité possible. L'Église la première, toute bienveil lante pour ces fidèles qui la défendaient contre la rapacité des seigneurs, organisa puissamment ses domaines et donna à chaque colon, jugé par ses pairs et libre de disposer de ses biens entre les compagnons de la métairie, des droits moins grands sans doute que ceux de l'homme libre, mais mieux garantis.

Les coutumes sanctionnées par Burchard, évêque de Worms, les plus anciennes parmi celles connues', nous montrent les colons de SaintPierre dans cette position favorable, position

' Burchardi episcopi, leges et statuta familiæ Sancti-Petri præscripta. Je donne ces curieuses coutumes à l'appendice; elles sont peu connues en France, n'ayant été publiées que deux fois dans deux ouvrages peu répandus, l'Histoire de l'Évêché de Worms, par Schannat, et le Spicilegium ecclesiasticum, do Lunig; je donnerai dans le prochain volume les premières cou¬ tumes de Strasbourg, aussi anciennes et non moins curieuses.

qu'il faut connaître si l'on veut comprendre la révolution des communes du onzième siècle, révolution qui ne fut point subite, mais le résultat et la consécration d'un mouvement sourdement commencé et continué avec une infatigable persévérance dans les deux siècles précédens.

Le travail reconquit ce qu'avait usurpé la violence. Les petits propriétaires s'étaient vus forcés de se réduire à la condition des colons; les colons devinrent propriétaires, et une fois maitres du sol réclamèrent ces garanties politiques sans lesquelles la propriété n'est qu'un précaire à la merci de ceux qui tiennent en leurs mains le pouvoir.

C'est cette révolution, œuvre lente de la patience et du temps, que nous allons tout à l'heure étudier.

FIN.

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