Et qui n'adore pas de vaines simagrées Vous les voulez traiter d'un semblable langage, Oui, vous êtes sans doute un docteur qu'on révère; Un oracle, un Caton dans le siècle où nous sommes, Je ne suis point, mon frère, un docteur révéré; Et comme je ne vois nul genre de héros L Et, laissant la fierté des paroles aux autres, Et ne veulent point prendre, avec un zèle extrême, ' ORGON. Monsieur mon cher beau-frère, avez-vous tout dit? CLÉANTE. ORGON (s'en allant.) Je suis votre valet. NOTES SUR LE TARTUFFE. Oui. "On a ignoré long-temps," dit M. Bret, " où Molière avait puisé ce nom de Tartuffe, qui a fait un synonyme de plus dans notre langue, aux mots hypocrites, faux dévots. Voici ce que la tradition nous apprend à cet égard: Plein de cet ouvrage qu'il méditait, Molière se trouva un jour chez le nonce du pape avec plusieurs personnes, dont un marchand de truffes vint par hasard animer les physionomies béates et contrites. "Tartufi, Signor Nunzio, tartufi!" s'écriaient les courtisans de l'envoyé de Rome, en lui présentant les plus belles. Attentif à ce tableau, qui peut-être lui fournit encore d'autres traits, il conçut alors le nom de son imposteur d'après le mot tartufi, qui avait fait une si vive impression sur tous les acteurs de la scène." 2 Tenir le dé dans la conversation, to engross all the conversation. 3 Choie du verbe Choyer, to fondle. 4 Fleur des saints, livre de dévotion. 5 Croi pour crois. "Les prosateurs ne doivent ja mais écrire, je croi; et ce n'est que très-rarement et seulement lorsque la rime l'exige, qu'il est permis aux poètes de supprimer le s." (La Grammaire des grammaires.) La même remarque s'applique à je sai, je voi, je doi, je prévoi, etc. SCÈNE DES FOURBERIES DE SCAPIN, COMÉDIE DE Molière. LÉANDRE ; SCAPIN, son valet. LÉ. Ah! ah! vous voilà! je suis ravi de vous trou ver, monsieur le coquin. SCAP. Monsieur, votre serviteur. C'est trop d'honneur que vous me faites. LÉ. (mettant l'épée à la main.) Vous faites le mé chant plaisant. Ah! je vous apprendrai... SCAP. (se mettant à genoux.) Monsieur, que vous aije fait ? LÉ. Ce que tu m'as fait, traître ! SCAP. Hé! monsieur. LÉ. Je veux que tu me confesses toi-même tout-àl'heure la perfidie que tu m'as faite. Oui, coquin, je sais le trait que tu m'as joué, on vient de me l'apprendre; et tu ne croyais pas peut-être que l'on dût me révéler ce secret: mais je veux en avoir la confession de ta propre bouche, ou je vais te passer cette épée au travers du corps. SCAP. Ah! monsieur, auriez-vous bien ce cœur-là ! LÉ. Parle donc. SCAP. Je vous ai fait quelque chose, monsieur ? LÉ Oui, coquin; et ta conscience ne te dit que trop ce que c'est. SCAP. Hé bien, monsieur, puisque vous le voulez, je vous confesse que j'ai bu avec mes amis ce petit quartaut de vin d'Espagne dont on vous fit présent il y a quelques jours, et que c'est moi qui fis une fente au tonneau, et répandis de l'eau autour, pour faire croire que le vin s'était échappé. LÉ. C'est toi, qui m'as bu mon vin d'Espagne, et qui as été cause que j'ai tant querellé la servante, croyant que c'était elle qui m'avait fait le tour? SCAP. Oui, monsieur. Je vous en demande pardon. LÉ. Je suis bien aise d'apprendre cela: mais ce n'est pas l'affaire dont il est question maintenant. SCAP. Ce n'est pas cela, monsieur ? LÉ. Non; c'est une autre affaire qui me touche bien plus, et je veux que tu me la dises. SCAP. Monsieur, je ne me souviens pas d'avoir fait autre chose. LE (voulant frapper Scapin.) Tu ne veux pas parler ? SCAP. Oui, monsieur. Vous savez qu'il y a trois semaines vous m'envoyâtes porter le soir une petite montre à la jeune Egyptienne que vous aimez; je revins au logis, mes habits tout couverts de boue, et le visage plein de sang, et vous dis que j'avais trouvé des voleurs qui m'avaient bien battu et m'avaient dérobé la montre. C'était moi, monsieur, qui l'avais retenue, afin de voir quelle heure il est. LÉ. Ah! ah! j'apprends ici de jolies choses, et j'ai un serviteur fort fidèle, vraiment! Mais ce n'est pas encore cela que je demande. SCAP. Ce n'est pas cela? LÉ. Non, infâme; c'est autre chose encore que je veux que tu me confesses. SCAP. Monsieur, voilà tout ce que j'ai fait. LÉ. (voulant frapper Scapin.) Voilà tout? SCAP. Hé bien, oui, monsieur; vous vous souvenez de ce loup-garou,' il y a six mois, qui vous donna tant de coups de bâton la nuit, et pensa vous faire rompre le cou dans une cave où vous tombâtes en fuyant. LÉ. Hé bien? SCAP. C'était moi, monsieur, qui faisais le loup-garou, seulement pour vous faire peur, et vous ôter l'envie de nous faire courir toutes les nuits comme vous aviez coutume. LÉ. Je saurai me souvenir en temps et lieu de tout ce que je viens d'apprendre. Mais je veux venit au fait, et que tu me confesses ce que tu as dit à mon père. SCAP. A votre père ? LÉ. Oui, fripon, à mon père. SCAP. Je ne l'ai pas seulement vu depuis son re tour. LÉ. C'est de sa bouche que je le tiens pourtant. SCAP. Avec votre permission, il n'a pas dit la vé Scapin s'est engagé à tirer deux cents pistoles d'Ar gante, père d'Octave, ami de Léandre. ARGANTE, SCAPIN. ARGANTE, de retour d'un long voyage, vient d'appren dre que son fils s'est marié pendant son absence; il raisonne ainsi, se croyant seul.-Avoir si peu de conduite et de considération! S'aller jeter dans un engagement comme celui-là! Ah! ah! jeunesse impertinente! SCAP. Monsieur, votre serviteur. ARG. Bonjour, Scapin! SCAP. Vous rêvez à l'affaire de votre fils. ARG. Je t'avoue que cela me donne un furieux chagrin. SCAP. Monsieur, la vie est mêlée de traverses; il est bon de s'y tenir sans cesse préparé; et j'ai ouï dire, il y a long-temps, une parole d'un ancien, que j'ai tou jours retenue. |