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les marauds; et vous serez traités comme vous le méritez.

M. OR. Ah! ah! nous vous tenons, fourbes.

M. ORG. (à La Branche.) Dis-nous, méchant, qui est cet autre fripon que tu fais passer pour Damis? VAL. C'est mon valet.

MAD. OR. Un valet, juste ciel! un valet!

M. ORG. (à La Branche.) Coquin, voilà donc comme tu fais les commissions que je te donne?

LA BRAN. Allons, monsieur, allons, s'il vous plaît ; ne condamnons point les gens sans les entendre.

M. ORG. Quoi! tu voudrais soutenir que tu n'es pas un maître fripon ?

LA BRAN. (d'un ton pleureur.) Je suis un fripon! fort bien. Voyez les douceurs qu'on s'attire en servant avec affection.

VAL. (à Crispin.) Tu ne demeureras pas d'accord non plus, toi, que tu es un fourbe, un scélérat?

CRISP. (d'un ton emporté.) Scélérat! fourbe! Vous me prodiguez des épithètes qui ne me conviennent point du tout.

VAL. Nous aurons encore tort de soupçonner votre fidélité, traîtres!

M. ÓR. Que direz-vous pour vous justifier, misérables?

LA BRAN. Tenez, voilà Crispin qui va vous tirer d'erreur.

CRISP. La Branche vous expliquera la chose en deux

mots.

LA BRAN. Parle, Crispin; fais-leur voir notre inno

cence.

CRISP. Parle toi-même, La Branche; tu les auras bientôt désabusés.

LA BRAN. Non, non; tu débrouilleras mieux le fait.

CRISP. Eh bien! messieurs, je vais vous dire la chose tout naturellement. J'ai pris le nom de Damis pour dégoûter, par mon air ridicule, monsieur et ma

dame Oronte de l'alliance de M. Orgon, et les mettre par-là dans une disposition favorable pour mon maître; mais, au lieu de les rebuter par mes manières impertinentes, j'ai eu le malheur de leur plaire: ce n'est pas ma faute.

M. OR. Cependant, si on t'avait laissé faire, tu aurais poussé la feinte jusqu'à épouser ma fille.

CRISP. Non, monsieur, demandez à La Branche, nous venions ici vous découvrir tout.

VAL. Vous ne sauriez donner à votre perfidie des couleurs qui puissent nous éblouir.

CRISP. Eh bien ! messieurs, puisque vous ne voulez pas nous absoudre comme innocens, faites-nous donc grâce comme à des coupables. Nous implorons votre bonté.

(Il se met à genoux devant M. Oronte.)

LA BRAN. (se mettant aussi à genoux.) Oui, nous avons recours à votre clémence.

CRISP. Franchement, la dot nous a tentés. Nous sommes accoutumés à faire des fourberies; pardonneznous celle-ci à cause de l'habitude.

M. OR. Non, non, votre audace ne demeurera point impunie.

LA BRAN. Eh! monsieur, laissez-vous toucher, nous vous en conjurons par les beaux yeux de madame Oronte.

CRISP. Par la tendresse que vous devez avoir pour une femme si charmante.

MAD. OR. Ces pauvres garçons me font pitié, je demande grâce pour eux.

M. ORG. Vous êtes bienheureux, pendards, que ma. dame Oronte intercède pour vous.

M. OR. J'avais grande envie de vous faire punir; mais puisque ma femme le veut, oublions le passé; aussi-bien je donne aujourd'hui ma fille à Valère, il ne faut songer qu'à se réjouir. (aux valets.) On vous pardonne donc, mais promettez que vous vous corrigerez.

CRISP. (se relevant.) Oh! monsieur, nous vous le promettons.

LA BRAN. (se relevant.) Oui, monsieur; nous sommes si mortifiés de n'avoir pas réussi dans notre entreprise, que nous renonçons à toutes nos fourberies.

M. OR. Vous avez de l'esprit ; mais il faut en faire un meilleur usage.

NOTES SUR CRISPIN RIVAL DE SON MAITRE,

LE SAGE, auteur de Gil-Blas, du Diable Boiteux, etc., né en 1677; mort en 1747.

On appelle Revendeuses à la toilette, Des femmes qui portent dans les maisons des hardes, des bijoux, qu'elles sont chargées de vendre.

SCÈNE DE L'ÉCOLE DES FEMMES,
COMÉDIE DE MOLIÈRE.

ARNOLPHE; ALAIN, jeune paysan, valet d'Arnolphe ;
GEORGETTE, jeune paysanne, servante d'Arnolphe.
ARNOLPHE; ALAIN et GEORGETTE dans la maison.
ALAIN.

Qui heurte?

ARNOLPHE.

Ouvrez. (à part.) On aura, que je pense, Grande joie à me voir après dix jours d'absence.

ALAIN.

Qui va là?

ARNOLPHE.

Moi.

ALAIN.

Georgette!

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ARNOLPHE.

Belle cérémonie.

Pour me laisser dehors! Holà ho! je vous prie.

GEORGETTE.

Qui frappe?

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ALAIN.

J'empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte.

ARNOLPHE.

Quiconque de vous deux n'ouvrira pas la porte
N'aura point à manger de plus de quatre jours.
Ah!

GEORGETTE (à Alain.)

Par quelle raison y venir, quand j'y cours?

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Il faut que j'aie ici l'âme bien patiente!

ALAIN (en entrant.)

Au moins, c'est moi, monsieur.

C'est moi.

GEORGETTE (en entrant.)

Je suis votre servante;

ALAIN.

Sans le respect de monsieur que voilà,

ARNOLPHE (recevant un coup d'Alain.)

Je te....

Peste !

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Songez à me répondre, et laissons la fadaise.
Hé bien! Alain, comment se porte-t-on ici?

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