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M. DE POURC. Quel marchand flamand? Quels créanciers? Quelle sentence obtenue contre moi ? ORON. Vous savez bien ce que je veux dire.

PRÉCIS DU REste de la PIÈCE.

Deux femmes de différentes provinces viennent ensuite s'opposer au mariage de M. de Pourceaugnac, comme étant mariées à lui. Elles sont accompagnées de plusieurs enfans, qui crient après lui, papa, papa. M. de Pourceaugnac craignant d'être arrêté et pendu comme bigame, se résout à se déguiser et à quitter la ville en habit de femme. Éraste amène ensuite Julie à son père, et lui fait accroire qu'elle voulait s'enfuir avec M. de Pourceaugnac. Le père touché du procédé d'Éraste, lui donne sa fille en mariage, et augmente sa dot de dix mille écus. Un trait de plaisanterie qu'il ne faut pas omettre, c'est que M. de Pourceaugnac, après avoir été raillé et joué de toutes les manières par les intrigues de Sbrigani, dit de lui, en le quittant, Voilà le seul honnête homme que j'aie trouvé dans cette ville.

NOTES SUR M. DE POURCEAUGNAC.

1 Cette pièce est traduite en anglais, sous le titre de Squire Lubberly.

2 Nigaud, a silly fool.

Badaud. Celui qui s'arrête de surprise ou par curiosité devant tout ce qu'il voit, comme s'il n'avait jamais rien vu. (A nickname for Parisians, as Cockney for Londoners.)

4 Quand mon cousin fit tenir son enfant à monsieur notre gouverneur, when our governor was godfather to my cousin's child.

5 Pistole.

Monnaie d'or d'Italie, d'Espagne, etc.

En France monnaie de compte qui valait dix francs. • Dont il s'agit, in question.

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Vous ne m'abuserez pas là-dessus, you shall not impose upon me in this matter.

LE SOURD.

OU

L'AUBERGE PLEINE.

COMÉDIE DE DESFORGES.

PERSONNAGES.

DORNE, capitaine de dragons, amant de Joséphine. DANIÈRES, promis à Joséphine.

DOLIBAN, bon bourgeois.

JOSEPHINE DOLIBAN, amante.

ISIDORE, Sœur de Dorbe, amie de Joséphine.
MAD. LEGRAS, maîtresse de l'auberge.

PÉTRONILLE, servante de l'auberge.

(La scène se passe dans une auberge à Avignon.)
DOLIBAN, DANIÈRES.

DOL. Savez-vous bien, mon gendre, que vous avez de l'esprit ?

DAN. De l'esprit ? oui vraiment; cependant personne ne veut le croire, et cela par jalousie de mon voyage à Paris, qui m'a formé prodigieusement; car, si vous m'aviez vu avant, j'étais bête à faire plaisir.'

DOL. Mais, à présent, vous êtes bien changé.

DAN. Changé du tout au tout, au point que je ne me reconnais pas moi-même. En société je vous décoche un joli petit canembourge.

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DOL. Calembourg, vous voulez dire?

DAN. Calem...ah, ah! calem...oh! calembourg ou canembourge; on entend toujours bien ce que l'on veut dire.

D

DOL. Cela veut dire que cela ne dit rien. Enfin, c'est à Paris que vous avez gagné tout cet esprit-là ?

DAN. Oui, beau-père. Mon voyage de Paris me coûte cher ; je suis sûr que pour trois mois il me revient...oh! oui, je suis sûr qu'il me revient à plus de mille écus. Aussi, quand j'ai vu que je gagnais de l'esprit d'un côté, et que je perdais mon argent de l'autre, j'ai dit, voilà assez d'esprit maintenant, mais on n'a jamais assez d'argent; disposons le papa Doliban à me donner sa fille en mariage, et je dis, allons faire la noce dans mon pays. Ce qui est dit est fait ; vous êtes venu voir le local; joli, n'est-ce pas ? non, je vous le demande, est-il joli ?

DOL. Il faut bien que je l'aie trouvé tel, puisque j'ai écrit à ma fille de partir sur-le-champ, avec sa bonne amie, pour venir voir la nouvelle terre que je viens d'acquérir dans votre voisinage, près de la fontaine de Vaucluse.

DAN. Comment ? vous ne lui avez donc pas dit qu'il s'agissait de son mariage avec moi ?

DOL. Non.

DAN. Pourquoi donc ça, monsieur? il fallait le lui dire.

Elle est

DOL. J'ai voulu lui ménager* le plaisir de la surprise. DAN. Oh! le bon père, qui pense à tout. charmante au moins, et ce sera la perle du comtat, quoique nos fillettes ici elles ne sont pas mal. Mais je dis, beau père, voilà qu'il se fait tard, et ça n'arrive pas cette jeunesse.

DOL. Tenez, je commence comme vous à m'impas tienter; le jour tombe, allons au-devant de ces dames. SCÈNE SUIVANTE.

DOLIBAN, DANIÈRES, MAD. LEGRAS.

DOL. Madame Legras, dès que les deux personnes que j'ai désignées arriveront, vous voudrez bien les placer comme nous en sommes convenus,

Mad. LE. Monsieur, je n'ai plus que deux chambres,

et personne ne les aura qu'elles; leurs noms, afin de ne pas confondre ?

DOL. Joséphine Doliban, et Isidore Dorbe.

Mad. LE. Voilà qui est en règle. (Elle appelle.) Pétronille ?

(Pétronille entre.)

PETRO. Madame !

Mad. LE. Les numéros 19 et 20, pour ces deux dames qui vont arriver. (Pétronille sort.) Ces messieurs vont faire un tour?

DAN. Oui, madame, sur le pont d'Avignon.

Mad. LE. Il vous sera difficile d'aller jusqu'au bout. DAN. Bon! parce que le pont est cassé par-ci parlà? et à la nage, donc; moi, tel que vous me voyez, je nage comme le poisson dans l'eau ; c'est là mon fort. Ah! madame Legras, un fier souper au moins; nous serons quatre, six francs par tête. (Il se tourne du côté de Doliban.) Six francs par tête; le beau-père voit que je fais très-joliment les choses, parce qu'enfin, pour six francs, on peut bien...sûrement. Eh bien! papa, papa, allons nous promener. (Il sort.)

DOL. C'est un sot homme que monsieur mon gendre; j'ai été un peu vite, mais patience. (Il sort.)

AUTRE SCÈNE DU SOURD.

Mad. LEGRAS, PÉTRONILLE; DORBE, prétendu sourd. (Dorbe, prévenu que l'auberge est pleine et qu'il n'y a plus de lits, a parié vingt-cinq louis qu'il sera logé, lui et son cheval, qu'il soupera avec Joséphine et Isidore, et qu'il aura un lit.)

Mad. LE. Allons, déterminément, riche ou non, ce M. Danières est ce qui s'appelle un sot homme, et si l'une de ces dames est assez malheureuse pour...(Elle voit Dorbe.) Mais que veut ce monsieur, qui s'assied près de la cheminée, sans rien dire à personne? Monsieur, qu'y a-t-il pour votre service?

DOR. Jamais, madame, cela ne vaut rien; et puis d'ailleurs ne vous dérangez pas.

Mad. LE. Monsieur voudrait peut-être loger ici? DOR. Comment! il n'est pas encore ici. Je l'attends.

Mad. LE. Qui, monsieur?

DOR. Oui, madame, je suis bien aise de savoir qu'il sera dans une bonne auberge.

Mad. LE. Mais qu'est-ce qu'il me chante donc, ce monsieur-là; est-il fou?

PÉTRO. Non, madame, il n'est que sourd; mais il l'est que le tonnerre tomberait à ses côtés qu'il ne l'entendrait pas.

Mad. LE. Il est là comme chez lui; quel dommage, il a l'air d'un honnête homme: tâchons pourtant de lui faire entendre que je ne puis pas le loger. Monsieur, je suis bien mortifiée...

DOR. Pas tant, madame; il a fait fort beau aujourd'hui, je vous assure.

Mad. LE. Je ne puis pas vous loger.

DOR. Ah! oui, madame, j'ai trouvé le chemin superbe pour voyager.

Mad. Le. Quelle réponse! il me parle beau temps quand je lui parle pluie. Voyons encore une fois : Monsieur, je suis au désespoir...

DOR. Et moi aussi, madame, cela fait un magnifique coup-d'œil; j'ai été fort étonné en arrivant ici. Mad. LE. Il n'y a pas moyen d'y tenir; après tout, laissons-le là, près de cette cheminée; il n'y fait pas grand mal.

AUTRE SCÈNE DU SOURD.

JOSEPHINE, DANIÈRES, ISIDORE, DORBE, PÉTRONILLE, DOLIBAN, Mad. LEGRAS.

(Dorbe n'est connu ni de Doliban, ni de Danières, et il a écrit à Joséphine et à Isidore "de tout voir, de tout entendre, et de ne rien dire.")

DAN. Oui, mesdames, c'est ici la salle à manger; c'est là que nous allons manger.

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